Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
La mort du président iranien dans le krach de son hélicoptère dimanche met en lumière la perte de repère des institutions internationales.
On a vu avec consternation les membres du Conseil de Sécurité observer lundi une minute de silence en hommage d’un homme surnommé le boucher de Teheran, pour avoir, en tant que procureur, livré à la mort des milliers de ses concitoyens en 1988.
Comme si cela ne suffisait pas, hier mardi, le drapeau de l'ONU a été mis en berne à New York. La première fois, on pouvait croire, en se forçant, à une contorsion diplomatique mal maîtrisée. La seconde, prouve qu’un pli alarmant est pris à l’ONU. Le fait de piétiner la Démocratie et les Droits de l’Homme n’est pas du tout rédhibitoire aux yeux du concert des Nations.
Il y avait des indices de cette dérive.
J’évoquais ici, hier, le fait qu’en en novembre dernier, un représentant de la république islamique d’Iran a-t-il été choisi pour présider le forum social de l’ONU, supposé promouvoir l’exercice de tous les droits de l’Homme par tous. En pleine répression, quelle horrible ironie. Le grand méchant loup s'est assis comme un prince à la table des agneaux et sous leurs applaudissements.
Et puis, en mars, L’Onu avait désigné le pays qui allait présider en 2025, la Commission de la condition de la femmes en 2025. Le choix avait laissé pantois.
Pour prendre la tête de cette commission censée œuvrer pour l’égalité des sexes dans le monde, pour l'autonomisation des femmes, l’ONU n’avait pas trouvé meilleur candidat que l’Arabie saoudite. Un des pires pays de la planète où être une femme. Il y a trois ans, les c'était l’Iran. Une prime à l’oppression.
Depuis les pogroms du 7 octobre, la perte de repères de l’ONU semble totale
Aussi fou que cela puisse paraître, aucune résolution adoptée par le Conseil ou l'Assemblée général de l'ONU depuis le 7 octobre n'a condamné spécifiquement le Hamas pour les exécutions, les tortures, les actes de barbarie qu’il a commises sur les civils israéliens. Et si le secrétaire général, Antonio Guterres,l'a fait, c’était pour ajouter aussitôt: « Il est aussi important de reconnaître que les attaques du Hamas ne se sont pas produites hors de tout contexte. Le peuple palestinien a été soumis à cinquante-six ans d'occupation étouffante. »
Comment cela est-il possible ? Comment les valeurs ont-elles pu à se point s’effondrer ?
Il y a deux choses : d’abord un équilibre des forces qui fait qu’au sein de l’ONU, la Démocratie libérale et la défense des droits de l’Homme sont quasiment des exceptions, des fantaisies. Le Conseil de sécurité fonctionne à l’unanimité et, clairement, il n’y a plus de consensus sur ce modèle. Comment pourrait-il en être autrement quand la Chine et la Russie en sont membres ? C’est un cénacle où nos standards de liberté, d’égalité sont ridiculisés. Mais ce n'est possible que grâce au silence de l’Occident. L’Union européenne ne s’est opposée ni à la promotion de l’Iran, ni à celle de l’Arabie saoudite dans les instances de défenses des droits. Ce sont ses valeurs qu’elle a renoncé à défendre, pour surtout, ne se fâcher avec personne, ne pas mettre de l’huile sur le feu. Pendant ce temps, à l’ONU, on laisse les dictature jouer en riant avec les allumettes.
