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Chaque matin, Nicolas Barré décrypte l'une des actualités économiques marquantes du jour.

L’Allemagne redoute une récession après l’été. En cause : l’industrie, le moteur de l’économie allemande, s’essouffle dangereusement.

L’Allemagne concentre un tiers de la production industrielle européenne. C’est le cœur de son économie. Or dans l’industrie allemande, les clignotants sont au rouge. Les commandes ont chuté de 2,2% en mai et surtout, cela représente un décrochage de 8,6% sur un an. C’est la plus forte baisse des commandes industrielles depuis dix ans: vu le poids de l’industrie dans l’économie allemande, vous comprenez que nos voisins s’inquiètent. Les économistes anticipent une croissance zéro pour le deuxième trimestre qui vient de s’achever et se demandent au fond si on ne vit pas la fin d’un cycle. Une fin de cycle qui pourrait être marquée par une récession à l’automne.

Qu’est-ce qui explique ce scénario ?

L’Allemagne est une économie très ouverte, elle a un excédent courant, c’est à dire de l’ensemble de ses échanges y compris financiers, qui est le plus élevé du monde. Mais du coup son économie est plus sensible que les autres aux trois vents contraires qui soufflent en ce moment: le protectionnisme de Trump, le ralentissement économique de la Chine et le Brexit. Ces trois pays sont trois débouchés majeurs pour l’industrie allemande qui subit donc de plein fouet la baisse de leurs commandes. La morosité est particulièrement forte dans l’automobile, de loin le premier secteur industriel.

Conséquence concrète : les entreprises industrielles allemandes réactivent quelque chose qui avait très bien marché lors de la crise de 2008 : le travail à temps partiel. Au lieu de licencier et de perdre des compétences, les entreprises réduisent le temps de présence des salariés. Le temps partiel dans l’industrie avait pratiquement disparu des 5 dernières années. Or là, il grimpe en flèche depuis quelques mois : 150.000 salariés sont passés à ce mode là au moment où nous parlons.

Si l’Allemagne entre en récession, ce n’est pas une bonne nouvelle pour nous.

Non mais elle peut encore l’éviter en faisant ce que les Français et d’autres pays européens demandent depuis bien longtemps : qu’elle dépense plus puisqu’elle a des excédents faramineux, qu’elle investisse, bref qu’elle utilise son épargne et ses excédents pour faire de la relance. Non seulement cela permettrait d’éviter la récession mais cela profiterait à tous les pays européens. A l’Italie qui est en croissance zéro en ce moment. Et bien sûr à la France. Il va donc falloir surveiller de très près les orientations de la politique économique allemande dans les mois qui viennent, car cela aura un impact direct sur notre économie.