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Chaque matin, Axel de Tarlé décrypte l'une des actualités économiques marquantes du jour.

Le "Ketchup" Heinz s'écroule en Bourse, victime des financiers.

La déroute du ketchup est réjouissante. Pourquoi ? Parce qu'on voit les effets redoutables d'une politique obsessionnelle de réductions des coûts.
Petit retour en arrière, en 2015. Un fond financier prend le contrôle du géant américain Kraft-heinz, numéro cinq mondial de l'agro-alimentaire avec la célèbre ketchup, mais aussi une ribambelle de marques américaines que l'on ne connait pas forcément en Europe.
Que vont faire les financiers ? Ils vont réduire les coûts, comme on a rarement vu avec notamment la fermeture de six usines, la suppression de milliers de postes avec des salariés virés par des petits jeunes en seulement 15 minutes.
Ensuite, ils ont imposé la méthode "Budget : base zéro". Qu’est-ce que c’est ? Chaque dépense et chaque centime doit être justifié. Par exemple, les managers du siège n’ont pas le droit à plus de 100 cartes de visite par an ou plus de 200 photocopies par mois.

Dans un premier temps (en 2016 et 2017), les profits explosent et la marge s'envole.
Mais ça n'aura qu'un temps car à force de tailler dans les coûts et de ne plus investir, les produits et les marques commencent à vieillir et apparaissent comme bas de gamme. Dans les rayons, les ventes s'écroulent.
Le retour de bâton est violent. On vient d'avoir les résultats pour l'année 2018, il y a une perte de 10 milliards de dollars avec, à la clé, un cours de Bourse qui dévisse de 27% en une journée.
Dépités, les financiers reconnaissent qu'ils y sont peut-être allés un peu fort dans la réduction des coûts.
Cette histoire kraft-Heinz est emblématique de ce qu'il ne faut pas faire, on pourrait presque parler de la "morale du Ketchup" !

Il faut donc se méfier de ces politiques financière de court terme ?

Exactement et c'est une excellente nouvelle pour l’Europe parce que cette approche à la serpe commençait à arriver notamment chez Danone ou Nestlé où l’on commençait à expliquer qu'il fallait faire comme aux États-Unis.
Tout couper dans les coûts, base zéro.
Heureusement, on voit aujourd'hui les dégâts et l’on peut donc se réjouir de cette déroute. Merci de nous avoir montré ce qu’il ne fallait surtout pas faire.
Donc, oui, il faut se réjouir de cette déroute.
Merci de nous avoir montré ce qu'il ne fallait surtout pas faire !