Anne-Laure Jumet et Isabelle Ory font le point sur l'actualité du jour.
>> L'économie avec Anne-Laure Jumet : le retour de la loi Travail
Au moment de ces bons chiffres du chômage on reparle de la loi travail car, hasard de calendrier, des mesures importantes du texte vont entrer en vigueur dans quelques jours, le 1er janvier. On l'avait un peu perdu de vue, mais la loi travail revient avec ses 187 pages et sa centaine de décrets d'application.Et au 1er janvier, le gros du texte va en effet entrer en vigueur. D'abord le volet "temps de travail", le plus contesté. Concrètement, dans les entreprises, on va donc pouvoir signer des accords qui priment sur l'accord de branche. Par exemple : les heures supplémentaires pourront être rémunérées moins que ce que prévoit la branche professionnelle.
Les entreprises vont aussi pouvoir signer des accords de "développement de l'emploi". Même si elles ne sont pas en difficulté, elles pourront allonger le temps de travail des salariés, sans augmenter en proportion les salaires. Et puis pour signer ces accords, elles vont pouvoir demander l'avis des salariés. Des syndicats minoritaires pourront ainsi organiser des référendums pour valider un accord sur le travail du dimanche par exemple.
Mais les entreprises ne devraient pas saisir ces possibilités dans l’immédiat. On le reconnait d'ailleurs au ministère du Travail : il faut du temps pour que les chefs d'entreprise s'approprient les nouvelles mesures. Ce n'est pas la première année qu'on verra les changements, il faut une période d'acclimatation.
Du côté du patronat, ce n'est d'ailleurs pas la priorité. A la CGPME, on me l'a dit, les changements incessants de législations incitent plutôt à l'attentisme, d'autant plus que la présidentielle peut rebattre les cartes, donc il est urgent d'attendre.
Les syndicats, eux, n’ont pas baissé les bras, je peux même vous dire que FO et la CGT sont en train de finaliser un recours commun auprès de l'OIT, l'organisation internationale du travail pour violation des conventions internationales. Ils estiment notamment ne pas avoir été vraiment consultés au moment de l’élaboration de la loi et jugent que le référendum d'entreprise contourne la liberté syndicale.
Un recours est également prêt à être dégainé devant le comité européen des droits sociaux, notamment sur les forfaits jours. Et puis les syndicats ont commencé à former leurs représentants du personnel pour qu'ils aient des clés pour s'opposer à la loi travail dans l'entreprise. Bref, la partie de bras de fer va se jouer sur le terrain judiciaire et dans l'entreprise. On l'a vu sur le travail du dimanche, le blocage de certains syndicats a amoindri la portée de la réforme, ce sera peut-être aussi le cas de la loi travail.
>> L'international avec Isabelle Ory : les derniers jours de Barack Obama à la Maison-Blanche
Ce sont les derniers jours de Barak Obama à la Maison blanche, mais le président sortant est encore très actif et les décisions qu’il prend ont un point commun : elles font enrager son successeur. La plus emblématique, c’est l’abstention des Etats-Unis vendredi aux Nations-Unies. Pour la première fois, ils ont laissé passer une résolution contre la colonisation israélienne. Les Israéliens sont furieux. Et Donald Trump aussi lui qui soutient à fond le gouvernement de Netanyahu ! Et ce n’est qu’une mesure parmi d’autres.
Parce qu’il y a aussi l’environnement. Obama vient d’interdire le forage pour trouver du pétrole ou du gaz au large de l’Alaska et dans l’Atlantique. Pas non plus du gout du climatosceptique Trump. Le président sortant a également débranché un fichier datant de l’après 11-septembre qui aurait permis de ficher les musulmans entrant aux Etats-Unis. Et enfin, Obama prépare une mesure de soutien au planning familial, là il s’agit plutôt de protéger le droit à l’avortement.
Donald Trump va-t-il immédiatement défaire ses mesures ? Barak Obama affirme qu’il faudra une loi pour revenir en arrière sur le forage, une loi qui pourra être bloquée par la minorité démocrate au congrès. Le futur des autres mesures lui parait effectivement plus incertain.
Pour Israël par exemple, Trump a déjà annoncé qu’à partir du 20 janvier à l’ONU ce sera différent... Certes il ne pourra pas défaire la résolution mais comme elle ne prévoit pas de sanction, elle ne change pas grand-chose sur le terrain.
Avec ces mesures, Obama pense à sa « legacy » comme on dit aux Etats-Unis, à la trace qu’il va laisser. Et on comprend qu’il soit préoccupé car ses huit ans au pouvoir se terminent en queue de poisson... Il restera comme celui qui a ouvert la voie à Trump et son héritage risque d’être anéanti rapidement. Donc il veut montrer qu’il a lutté jusqu’au bout. C’est presque un peu pathétique et on se demande pourquoi il n’a pas pris ces décisions avant ? Pourquoi lâcher Israël alors qu’il s’en va ?
Tout cela donne l’impression d’un président qui court contre le temps. On sent les regrets d’ailleurs. Lundi, il a dit qu’il aurait réélu pour un troisième mandant, s’il avait pu se représenter. «Aucune chance », lui a répondu cette nuit Donald Trump dans un message vengeur sur Twitter.