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Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.

Ordre et progrès : la nostalgie Pompidou

La presse célèbre ce matin les 50 ans de l’élection de George Pompidou. "50 ans après, la nostalgie des années Pompidou" se souvient le Figaro. "Les Républicains pomponne le style Pompidou", c’est la Une de Libération. "Pompidoumania à l’Elysée", peut-on encore lire dans le Parisien-Aujourd’hui en France. Et dans Les Échos, Cécile Cornudet s’amuse de cette nostalgie qui saisit autant la droite que le Président Macron. Il n’y a pas plus doux que le passé dit-elle, surtout en temps de crise. "Pompidou mariait l’ordre et le progrès" dit-elle en citant une préface d’Emmanuel Macron. Une forme de bonhomie, de décontraction et de tradition française que résume la photo qui fait la Une du Figaro. George Pompidou, clope au bec. Pompidou fumait des blondes y compris en public. Les temps ont changé et en Une de la Provence, de l’Obs et de Libération, on fume du cannabis. 70 élus, chercheurs et médecins lancent un appel en faveur de sa libéralisation thérapeutique et une proposition de loi (en vue de la légalisation de sa vente, de sa consommation et de sa production contrôlées) sera déposée aujourd’hui par 14 députés. On ne sait 50 ans après Pompidou s’il s’agit d’ordre ou de progrès.

Légaliser le cannabis : ordre ou progrès ?

Placé sous l’autorité du Premier Ministre, explique ce matin le Figaro.fr, cet organisme conseille ni plus ni moins de créer un monopole d’État chargé d’encadrer la production et la distribution du cannabis jusqu’à en fixer le prix du gramme. Dans un document de 12 pages, on peut ainsi lire que le temps est venu pour la France d’opter avec pragmatisme et fermeté pour une politique de régulation qui lui permettra de reprendre le contrôle d’une économie souterraine qui pourrait rapporter jusqu’à deux milliards d’euros de recettes fiscales. Ordre et progrès sur la question du cannabis également dans Libération où le Cannabis pourrait devenir une filière économique intégrée à part entière. Dans ce département où un habitant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, des médecins, des agriculteurs et des ingénieurs ont imaginé une filière de culture du chanvre prête à être expérimentée. Et ce jeune agriculteur de rappeler qu’historiquement le département cultivait le chanvre pour en faire du textile. Potentiellement, ce sont des centaines voire des milliers d’emplois induits, explique Béchir Bouderbala, un juriste qui a soutenu l’an dernier le projet auprès d’Emmanuel Macron. Légaliser ou pas, encadrer ou interdire, là encore on navigue entre ordre et progrès.

La France championne du monde du désordre en classe

C’est le bordel ! Voilà ce que nous dit en substance la Une du quotidien : Chahut les profs français bonnets d’âne selon une étude internationale menée par l’OCDE et baptisée Talis. En moyenne, les profs perdent 10 minutes à rétablir l’ordre au début de chaque cours : faire le silence, confisquer un smartphone, faire enlever une casquette. À cause de l’inexpérience des profs les plus jeunes, de l’indiscipline des élèves ce sont plus de sept jours qui sont perdus chaque année. Enseignant dans un lycée professionnel et auteur de "Au secours sauvons l’école", Sébastien Clerc préconise la création de binômes pour épauler les profs qui débutent, de ne confier aux plus jeunes enseignants que des classes de 6e et de lever le tabou des sanctions qui ne tombent pas avec suffisamment de fermeté. Le prof a aussi cette phrase dramatique "Autrefois on avait du mal à leur faire lire un livre, aujourd’hui on a du mal à leur faire regarder un film". La culture du zapping est passée par là.

Les cahiers de vacances au service du progrès scolaire

Alors pour rattraper le temps perdu par les profs à maintenir l’ordre, peut-être faudra-t-il en passer par des devoirs de vacances et ce malgré Télérama qui nous expliquait la semaine dernière qu’ils n’étaient pas recommandés par les psychologues. Pourtant c’est un carton international les devoirs de vacances. Les incollables (cahiers d’exercices lancés il y a 30 ans) se sont écoulé depuis 1989 à travers 50 pays, explique ce matin le site du Magazine Marketing LSA. La maison Playbac qui édite également Mon Petit Quotidien peut s’enorgueillir d’en avoir vendu plus de 60 millions dans le monde entier. Une autre façon de conjuguer les valeurs d’ordre et le progrès si chères aux nostalgiques des années Pompidou.