Une nouvelle technique pour dépolluer des sols : s’appuyer sur des champignons mangeurs de pollution

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Anicet Mbida nous livre chaque matin ce qui se fait de mieux en matière d'innovation.

L’innovation du jour, c’est une nouvelle technique pour dépolluer des sols : s’appuyer sur des champignons mangeurs de pollution. 

On pense, par exemple, aux friches industrielles que l’on aimerait réhabiliter, mais qui sont gorgées de produits toxiques ou d’hydrocarbures. Désormais, on va pouvoir les traiter avec des champignons spécialement entrainés pour manger les huiles, les graisses ou les métaux lourds et finir par retrouver un sol exploitable. Donc un processus écologique sans le moindre produit chimique.

C’est Yphen, une startup de Thonon-les-Bains en Haute-Savoie qui travaille sur ces champignons dépolluants. Elle en a développé une vingtaine de souches différentes, chacune taillée pour dégrader un produit chimique en particulier. Surtout, elle a réussi à les encapsuler à l’intérieur de toutes petites billes. Ce qui permet de très facilement asperger les sols pour ensuite laisser les champignons faire leur travail : ramener la biodiversité.

C’est encore de la recherche ou ça fonctionne déjà ? 

La société est toute jeune, mais la technique a déjà fait ses preuves. Elle a servi, par exemple, à dépolluer une parcelle de 500 tonnes de terre pleine d’hydrocarbures sur un site industriel du groupe Colas à Genève. C’était d’ailleurs le plus gros chantier de dépollution de ce type en Europe. En plus, c’était assez rapide : il a fallu à peine 4 mois pour traiter une surface d’un demi-hectare.

On parle de friches industrielles et d’hydrocarbures, mais il y a aussi beaucoup d’intérêt pour ces champignons dans le secteur agricole. Par exemple, pour nettoyer les sols des résidus de pesticides. Cela permettrait de basculer tout un ensemble de terrain sur des cultures bio, alors que c’est impossible actuellement.

J’imagine que ça doit coûter cher de traiter d’énormes parcelles de terre ?

Aujourd’hui oui ! Parce qu’on n’a pas vraiment le choix… à part retirer la terre sur toute l’épaisseur polluée, la transporter et la remplacer par une autre que l’on a ramenée d’ailleurs. Cela peut coûter des fortunes en transport et en main-d’œuvre. Et qu’est-ce qu’on fait de la terre contaminée ?

Pas étonnant que 70% des sols pollués terminent en décharge. Ils coûteraient trop cher à dépolluer. C’est donc une bonne chose d’avoir de nouvelles options. Et surtout, des options plus écologiques.