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Anicet Mbida nous livre chaque matin ce qui se fait de mieux en matière d'innovation. Ce lundi, il s'intéresse à un gros changement dans le domaine spatial. L'Europe a trois projets de fusées réutilisables : le projet Maïa d’ArianeGroup, la fusée Muria des Espagnols de PLD Space et la mini navette spatiale baptisée "Susie".

Voilà près de 10 ans que les Américains envoient des fusées réutilisables. Mais cette fois, ça y est ! L’Europe va refaire son retard. Et plutôt trois fois qu’une.

Car ce n’est pas un, mais trois projets qui sont en cours. D’ici 2030 sont prévus deux lanceurs réutilisables. C’est-à-dire qu’ils ne vont pas retomber s’abîmer en mer, mais revenir sur le pas de tir pour pouvoir être reconditionnés et renvoyés. Ce qui réduit considérablement les coûts. Il y aura d’un côté le projet Maïa d’ArianeGroup et la fusée Muria des Espagnols de PLD Space. De quoi commencer à revenir dans la course face à l’américain SpaceX avec ses fusées Falcon (déjà réutilisées 14 fois, un record).

Et puis, surprise… il y aura aussi une sorte de mini navette spatiale baptisée « Susie ». Il s’agit d’un module envoyé par une fusée traditionnelle, mais qui reviendra se poser tout seul, en douceur, sur une piste. Et lui, n’aura aucune concurrence. L’Europe sera la seule à proposer ce type de véhicule.

Et quel est l’intérêt d’avoir ce genre d’engin ?

Cela va enfin donner de l’indépendance à l’Europe. Aujourd’hui, si l’on veut envoyer des astronautes dans l’espace, on doit passer par des modules américains ou russes. Avec la navette Susie et son lanceur Ariane, ce ne sera plus nécessaire. Cette mini-navette aura, par ailleurs, une polyvalence inédite : elle pourra aussi bien ravitailler la station spatiale internationale que réparer des satellites ou même balader des touristes dans l’espace. Un démonstrateur devrait être opérationnel en 2025. Et les missions pourraient commencer dès 2030… si tout se passe bien.

Il y a déjà eu un projet de navette européenne (Hermès). Il a été abandonné. Est-ce que celui-ci a plus de chances ?

Tout dépendra de ce que vont voter les états membres. Une réunion est prévue en novembre. C’est elle qui donnera (ou pas) le véritable top départ. Mais cette fois, le projet a de grandes chances d’être mené à terme. On le rappelle : depuis la guerre en Ukraine, l’Europe a mis fin à sa collaboration avec Russie en matière de spatial. Ariane qui était la star des lanceurs se fait tailler des croupières par SpaceX. L’Europe a besoin d’un accès autonome à l’espace, c’est stratégique. Elle a les industriels et la technologie. Il est donc temps qu’elle rattrape son retard.