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Anicet Mbida nous livre chaque matin ce qui se fait de mieux en matière d'innovation. Ce mardi, il s'intéresse à une voile de kite-surf capable de tirer un porte-container de plus de 100 mètres de long.

L’innovation du jour, c’est le premier cargo, non pas à voile, mais à cerf-volant. Il doit traverser l’Atlantique dans les jours qui viennent.

Il va traverser l’atlantique avec un type de cerf-volant que vous en avez certainement vu sur les plages. C’est ce qu’on appelle une voile de kite-surf (une planche de surf tirée par une aile volante). Sauf que là, il s’agit d’une voile capable de tirer un porte-container de plus de cent mètres de long. L’intérêt ? Lui permettre de couper ses moteurs de temps en temps et d’utiliser uniquement la force du vent pour économiser jusqu’à 20% de carburant.

Car on le rappelle : le transport maritime est responsable de 4 à 5 % des émissions mondiales de CO2. C’est-à-dire autant si ce n’est plus que le transport routier. En plus, on parle de fioul lourd, extrêmement polluant, qui émet énormément de gaz toxiques. Or depuis ce 1er janvier, la marine marchande s’est engagée à réduire ses émissions de 40%.

Comment ça va marcher ? Il va y avoir des pilotes de kite surf sur les cargos ?

Non ! Ça leur tirerait un peu trop sur les bras. L’aile fait quand même 500 m2, ce qui veut dire des dizaines de tonnes de traction. Donc ce sera un ordinateur qui se chargera complètement du pilotage : le décollage de l’aile, l’atterrissage et les fameux mouvements en huit pour se faire tirer.

L’année dernière, ce sont les Allemands de Skysails qui ont fait leurs premières expérimentations. Dans les prochains jours, les Toulousains de AirSeas vont équiper le « Ville de Bordeaux », un cargo de 154 mètres, de leur propre système. Il va prendre la mer pour transporter des pièces d’avion entre la France et les États-Unis. Le test devrait durer six mois. Et si tout se passe bien, le système sera étendu à d’autres lignes régulières.

Est-ce qu’on pourrait aussi l’utiliser pour autre chose que des cargos ?

Oui, car c’est une voile totalement autonome qui s’installe sur n’importe quel bateau à moteur. On peut donc très bien l’envisager comme système de traction complémentaire pour les bateaux de pêche, les ferrys ou les paquebots de croisière. On y pense aussi pour étendre l’autonomie des bateaux à hydrogène. C’est le grand retour de la voile dans le transport maritime. Une façon originale de réduire la pollution de tous ces vieux moteurs au fioul.