Didier François revient chaque matin sur un évènement international au micro d'Europe 1 Bonjour.
Réunion importante ce lundi matin à Paris pour les cinq pays du Sahel les plus touchés par le terrorisme.
Il s'agit de mettre sur pied une force militaire africaine pour combattre aux côtés des soldats français.
Cinq ministres africains de la Défense se réunissent, ce lundi matin à Paris au ministère des Armées, pour lancer la fameuse "force conjointe" du G5 Sahel, un projet de force militaire africaine anti-terroriste très fortement soutenu par la France mais dont on a l'impression qu'il a du mal à convaincre les autres pays européens.
Parce que faire manœuvrer ensemble cinq armées africaines de cinq pays différents, par-delà cinq frontières, honnêtement ce n'est pas facile. Seulement, il n'y a pas d'autre solution. Cela fait déjà quatre ans que les troupes françaises sont là-bas. Et si elles restent toujours toutes seules en première ligne, elles vont finir par passer pour une armée d'occupation ce qui ne sera bon pour personne, à part pour les terroristes. Il faut donc que les Africains s'impliquent beaucoup plus directement dans cette lutte au niveau militaire. C'est un combat qui les concerne et qu'ils doivent absolument prendre à leur compte. C'est pour cela que la France met autant d'efforts pour que ce projet de G5 Sahel voit concrètement le jour.
Que manque-t-il aujourd'hui à cette "force conjointe" pour pouvoir mener des opérations militaires ?
Il manque beaucoup de choses, il manque même pratiquement de tout : des hommes, des armes et du matériel. C'est pour cela qu'il y a des doutes sur sa viabilité. On voit bien la difficulté qu'ont les armées africaines à soutenir leurs forces armées avec des moyens et des budgets très faibles. C'est pour cela que, là encore, l'idée c'est d'avancer modestement pas à pas. Avec dans un premier temps, seulement cinq petits bataillons de 750 hommes chacun mais qui pourront s'appuyer en bonne partie sur l'expertise de l'opération française Barkhane. Ce qui permettra de les former, de les équiper et de les entraîner mais aussi de les appuyer dans des opérations militaires conjointes. Sachant qu'il y a quand même dans ce G5 Sahel, deux pays qui ont des forces militaires robustes : le Tchad bien sûr, très aguerri, et la Mauritanie. Le Niger a quelques unités très compétentes dans la guerre en milieu désertique. Avec effectivement un Burkina Faso et surtout un Mali beaucoup plus faibles. Il va donc falloir un peu de temps pour homogénéiser tout ça. Mais si on ne s'y prend pas maintenant, évidemment, ça ne progressera jamais.
Y a-t-il tout de même quelques raisons de se montrer raisonnablement optimistes ?
Oui quand même avec un signal fort des Nations Unies. Une résolution a été votée cet été à l'unanimité du Conseil de sécurité ce qui offre un cadre juridique et a permis de déployer un état-major au centre du Mali qui est opérationnel depuis le mois d'octobre. Le financement est également un enjeu important avec plusieurs engagements lourds de l'Arabie Saoudite, des États-Unis et de l'Allemagne, ce qui ont permis de lancer le projet. Et puis on va tester, ce lundi à Paris, la volonté politique des pays africains. Parce qu'à la fin des fins ce sera quand même bien leur détermination à prendre en compte leur propre sécurité qui sera la clé du succès ou de l'échec.