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Chaque samedi, François Clemenceau, rédacteur en chef au "Journal du dimanche", revient sur un événement international.

Ce matin François, vous voulez nous parler de la Corée du Nord qui célèbre aujourd’hui le 77ème anniversaire de la naissance de Kim Jong-il, le père de l’actuel dictateur Kim Jong-un. Il va donner lieu à des festivités dans tout le pays alors que le président nord-coréen se prépare à revoir dans une dizaine de jours et pour la deuxième fois Donald Trump.

Ce jour anniversaire est appelé en Corée du Nord le jour de l’étoile brillante. A ne pas confondre avec le jour anniversaire de la naissance de Kim Il-sung, le fondateur du régime communiste nord-coréen qu’on surnomme tout simplement le jour du Soleil. Kim Jong-il est né, selon sa biographie officielle dans les montagnes du Ryang Gang près de la frontière chinoise et comme il est né en hiver, c’est tout naturellement que le peuple nord-coréen lui rend hommage chaque année avec des manifestations sportives et artistiques : championnat de patinage artistique à Pyong Yang, la capitale ce week-end et festival de sculpture sur glace dans le comté montagnard de Kim Jong-il. Le journal du Parti communiste rapporte qu’on a fait apporter sur place 1.000 tonnes de glace et 4.000 tonnes de neige pour servir aux 2.000 sculptures qui seront créées pour l’occasion.

Mais pourquoi vous nous racontez tout cela ?

Pour vous montrer à quel point le régime reste bien solide sur ses deux jambes : une répression sans bornes pour toute dissidence et un culte de la personnalité hors norme. Kim Jong-un, comme son père et son grand-père, n’a en rien renoncé à bâtir un pays qui consacre son énergie à l’avènement d’une société communiste qui assure à tous paix et prospérité. La vérité est qu’ils n’ont obtenu ni l’une ni l’autre. La pauvreté s’est accentuée avec la perte de trois points de croissance depuis 2017 et en 2018 par une baisse de 88% des exportations vers la Chine, son principal allié et client. Quant à la paix, elle reste menacée puisqu’il n’y a toujours pas d’accord avec les Etats-Unis.

Les deux leaders vont se retrouver le 27 février à Hanoï au Vietnam, qu’ont-ils obtenu depuis leur premier sommet spectaculaire à Singapour l’an dernier ?

Du côté américain, rien ou presque. Certes, la Corée du Nord a mis entre parenthèses ses tests de missiles et ses tests atomiques, mais n’a démantelé aucun arsenal, aucune infrastructure. Une étude très sérieuse publiée récemment par l’université de Standford indique même que la Corée du Nord a continué d’enrichir de l’uranium pour constituer des stocks de plutonium et permettre, avec les matières fissiles déjà existantes, de charger jusqu’à 35 têtes nucléaires.

Les Etats-Unis, de leur côté ont concédé une diminution de leurs exercices militaires avec leur allié sud-coréen mais ont été surpris d’entendre récemment les autorités de Corée du Nord exiger de l’Amérique de mettre fin à la menace nucléaire qu’elle fait peser sur son régime avant de dénucléariser quoi que ce soit. Bref, pas de quoi triompher, les egos de Trump et Kim ne doivent pas masquer cette montagne glacée du suspense nucléaire en Asie.