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Un sondage réalisé par Viavoice pour L’Exploratoire Sopra Steria Next révèle un monde de l’entreprise littéralement coupé en deux sur le sujet du maintien du télétravail après la crise sanitaire. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Le confinement a fait exploser la pratique du télétravail dans tous les pays. On a même parlé de révolution. Mais le télétravail va-t-il s’installer durablement dans le paysage ?

C’est ce que voudraient sans doute la majorité des salariés. Mais du côté des employeurs, c’est beaucoup moins évident. Il y a ceux qui ont sauté le pas et se sont très bien adaptés à cette nouvelle organisation du travail. Et il y a ceux, plus nombreux, qui restent très méfiants. Un sondage réalisé par Viavoice pour L’Exploratoire Sopra Steria Next révèle un monde de l’entreprise littéralement coupé en deux : 80% des patrons de grandes entreprises de plus de 1.000 salariés sont prêts à ce que le télétravail entre durablement dans les mœurs. Mais 77% des patrons de PME de 20 à 99 salariés ne veulent pas faire télétravailler leurs salariés.

Ce n’est pas un clivage, c’est un fossé !

Oui et c’est un peu inquiétant. Car en sortie de crise, dans quelques mois, coexisteront en quelque sorte un "monde d’après" et un "monde d’avant" et les écarts vont se creuser entre les entreprises mais aussi entre les salariés. Entre ceux qui appartiennent à un grand groupe, qui ont pu télétravailler pendant la crise, qui en ont pris l’habitude, qui disposent des infrastructures et des outils numériques pour le faire. Et ceux qui, peut-être, aimeraient bien bénéficier des mêmes souplesses mais ne pourront pas. On le sait, cette année de Covid a accéléré la digitalisation des entreprises, mais celle-ci est très inégale en fonction de leur taille. Il y aura des "gagnants" du Covid qui auront gagné un environnement de travail plus attractif et cela risque de creuser une ligne de fracture au sein du monde du travail.

L’organisation du travail sera aussi encore plus qu’avant un élément d’attractivité.

Bien sûr : les salariés sont très majoritairement demandeurs de télétravail donc ils iront plus facilement vers des entreprises qui ont mis en place des accords favorables, du type deux jours voire deux jours et demi par semaine. Ce sera aussi un élément de rétention des talents. Et cela va encore creuser l’écart avec les entreprises les plus frileuses sur le sujet. La révolution du télétravail dont on parle tant depuis un an est d’abord une affaire de grandes entreprises, elle mettra beaucoup de temps à se diffuser à l’ensemble du monde économique. Au fond pour beaucoup de salariés, le "monde d’après" ne sera pas très différent du monde d’avant.