Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
En annonçant une taxe CO2 flottante, le président de la République a voulu répondre à la colère exprimée dans la rue. Mais cette piste peut vite se retourner contre lui.
Est-ce vraiment une bonne idée, cette taxe flottante ? La dernière tentative remonte à Lionel Jospin entre 2000 et 2002 et elle a laissé un très mauvais souvenir. A l’époque, le gouvernement avait baissé la taxe pour atténuer la flambée des prix du pétrole. Le piège s’est refermé quand les prix sont retombés : on était censé remonter la taxe, mais comme il y avait la présidentielle, le gouvernement a calé. Et fait une croix sur des milliards d’euros de recettes fiscales. Tout ça pour quelques centimes qui se voyaient à peine sur le prix à la pompe. Bref, la taxe flottante, ça a peu d’impact sur le prix de l’essence et un impact énorme sur les finances de l’État.
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Mais Emmanuel Macron a dit qu’il voulait rendre la taxe "plus intelligente".
Oui mais ça risque d’être le contraire. Il y avait au moins une chose intelligente dans la TIPP flottante à la Jospin, c’est que la formule de calcul était automatique en fonction des cours du pétrole. Ce n’est pas le cas avec la taxe CO2 flottante version Macron : il annonce un rendez-vous tous les trimestres pour "atténuer les effets en cas d’envolée des cours mondiaux". Autrement dit, ça devient un rendez-vous politique. Si les prix montent, la pression sera maximale sur le gouvernement pour qu’il renonce à une partie de la taxe. Or l’addition peut grimper très vite : la taxe carbone sur l’essence doit rapporter environ 12 milliards par an. Si on la supprime, ça fait un trou énorme dans le budget. En ressuscitant l’idée d’une taxe flottante, Emmanuel Macron a ouvert la boîte de Pandore. Et s’il doit renoncer aux milliards de cette taxe, on se demande bien comment il financera son autre promesse d’hier : l’accélération de la baisse des impôts.
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