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Malgré la pire récession de la France et de l'Europe depuis pratiquement un siècle, les faillites d’entreprises n’ont jamais été aussi peu nombreuses depuis 30 ans. Les plans de soutien aux entreprises ont été remarquablement efficaces grâce à leur mise en place rapide. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

La crise économique que nous traversons est décidément hors norme, les faillites d’entreprises n’ont jamais été aussi peu nombreuses depuis 30 ans.

C’est une situation qui peut surprendre. La France et l’Europe ont connu leur pire récession depuis pratiquement un siècle, avec une économie qui a plongé de 10% l’an dernier. Pourtant, le nombre de faillites d’entreprises a été remarquablement faible avec seulement 32.000 faillites alors que depuis une douzaine d’années, la moyenne se situait entre 50 et 60.000 faillites par an.

C’est évidemment l’effet direct des plans de soutien à l’économie.

Ces plans, très coûteux, ont été remarquablement efficaces en effet car ils ont été mis en place très vite. Dans d’autres pays comme les États-Unis par exemple, on a fait un autre choix et il y a eu une vague plus importante de faillites. En France, on a fait le choix du "quoi qu’il en coûte" avec un chômage partiel massif, ce qui revient à nationaliser les salaires, un fonds de solidarité qui a épongé une partie des pertes de chiffre d’affaires, des moratoires. Des directives données aux Urssaf de ne pas assigner les entreprises qui ne paient plus au tribunal. Ces seules procédures sont responsables en temps normal d’un quart des faillites en France, or elles ont été complètement suspendues etc. Grâce à toutes ces mesures, la France, on le voit dans ces chiffres, a évité un tsunami de faillites.

Mais pour combien de temps ?

La grande question de l’année qui commence, et c’est assez inédit, va être de faire le tri, un peu comme doivent parfois le faire les soignants dans des hôpitaux submergés, entre les entreprises qui méritent d’être sauvées et celles dont la survie artificielle ne pourra pas être prolongées. Il y a aujourd’hui en France un grand nombre d’entreprises dites "zombies", qui auraient dû faire faillite l’an dernier. Elles sont aujourd’hui encore plus près du précipice. Le défi de 2021 va être d’éviter que leur défaillance n’en provoque d’autres dans la foulée, que le gel observé l’an dernier à coup d’aides publiques ne se traduise par un dégel brutal cette année. L’espoir, c’est le rebond de l’activité. Un rebond directement lié au rythme de montée en charge de la vaccination, laquelle est devenue le baromètre de notre économie.