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Les groupes automobile PSA et Fiat Chrysler votent leur fusion ce lundi. C'est donc un énorme paquebot qui se lance à l'eau sous le nom de Stellantis et qui sera dirigé par Carlos Tavares, l'actuel patron de PSA. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

"L'union fait la force" c'est la conviction des groupes automobile PSA et Fiat Chrysler puisque c'est ce lundi qu'ils votent leur fusion.

Sur le papier, cela donne un géant de l'automobile, le numéro 4 mondial avec 400.000 salariés, huit millions de véhicules produits chaque année et pas moins de 14 marques : Peugeot, Citroën, DS, Opel, Vauxhall côté PSA et bien sûr Fiat, Chrysler mais aussi Alpha Romeo, Lancia, Maserati, Jeep, Dodge... C'est donc un énorme paquebot qui se lance à l'eau sous le nom de Stellantis, "briller d'étoiles" en latin, les étoiles étant toutes ces marques. Et cet ensemble sera piloté par Carlos Tavares, l'actuel patron de PSA. Un sacré défi.

Parce que justement, l'union ne fait pas toujours la force.

Il y a quelques préalables. Il faut notamment que tout ce monde accepte de travailler ensemble. Dans le groupe PSA, on a mis des années à y arriver entre les Peugeot et les Citroën. Alors imaginez avec 14 marques... Il s'agit d'une fusion 50-50 entre les deux groupes, c'est ce que votent les actionnaires tout à l'heure, mais il va falloir trouver les bons équilibres internes. Et puis vous le savez, l'industrie automobile traverse une double crise historique : les marchés se sont effondrés à cause du Covid et surtout l'industrie est en pleine mutation technologique. Un groupe comme Tesla, qui n'a vendu qu'un demi million de voitures l'an dernier, vaut 670 milliards de dollars en Bourse soit dix fois plus que ce nouvel ensemble. Ça montre bien où les investisseurs voient l'avenir. Dans l'auto, il y a la vieille industrie et la nouvelle.

Il va donc falloir convaincre que ce mariage de deux groupes centenaires est pertinent.

Et convaincre, ça passera par des décisions difficiles. Il y a peut-être trop de marques, certaines comme Alpha Romeo sont endormies depuis longtemps. Il y a sans doute trop d'usines, notamment côté Fiat: elles tournent à 60% de leur capacité. Il n'est pas question de fermetures pour le moment mais la gamme Fiat est vieillissante, ses parts de marché s'érodent, cette situation n'est pas durable. Et puis il va falloir investir pour ne pas se laisser distancer par les nouveaux acteurs de l'industrie automobile ou par des groupes qui ont davantage de moyens comme Volkswagen ou Toyota. C'est là que l'union doit faire la force. Carlos Tavares a réussi à redresser PSA de main de maître. C'est un atout clé pour réussir cet autre défi qui l'attend maintenant.