Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Après plus d’un mois de crise, Force ouvrière a élu son nouveau leader. Mais une question de fond se pose : à quoi sert FO ?
Ce à quoi nous avons assisté chez FO depuis quelques semaines est absolument surréaliste. On a eu l’impression d’assister à une bagarre de marins pour savoir qui sera capitaine alors que le bateau coule. Et la lutte finale s’est jouée entre un candidat trotskyste qui a perdu et un ex-trotskyste, Yves Veyrier, qui l’a emporté à quelques voix près. Or pendant ce temps-là, ce que ne voit pas FO, pas plus d’ailleurs que la CGT, engluée elle aussi dans ses luttes internes, c’est que ces syndicats dits contestataires sont en train de se faire ubériser. Eux qui sont censés être les spécialistes du paysage social sont dépassés par de nouvelles formes de contestation.
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C’est-à-dire ?
S’il y a une chose à retenir du mouvement des gilets jaune, c’est que les outils numériques permettent de contourner facilement et très puissamment les organisations syndicales. C’est la cyber-contestation sociale, avec la puissance des outils Facebook versus le tract papier à l’ancienne. Demain, un mouvement de contestation peut très facilement démarrer à partir d’une chef de rayon de supermarché, d’un employé au guichet d’une banque, peu importe du moment qu’il ou elle trouve le bon message. Et très vite, les organisations syndicales peuvent être court-circuitées. Ce risque d’ubérisation de la contestation sociale est d’autant plus fort que les outils numériques, les réseaux sociaux, sont puissants, et que les organisations syndicales ont perdu en légitimité, perte de légitimité qui date d’avant la naissance d’Internet. La CFDT est sans doute la seule à avoir compris le danger, sans avoir forcément trouvé les réponses. S’ils continuent sur leur lancée, en revanche, FO et la CGT vont finir par sortir de l’histoire.
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