Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
C’est un bras de fer inédit qui s’engage aujourd’hui entre Bruxelles et Rome sur le budget italien. Les Européens pourraient retoquer le projet de budget.
Ça n’est jamais arrivé et là, on parle d’un pays fondateur de l’Europe qui pourrait être obligé de revoir son budget. Pourquoi ? Parce que l’Italie s’était engagée à réduire fortement son déficit. Mais la nouvelle coalition au pouvoir à Rome a mis ces engagements à la poubelle. D’où le bras de fer, avec en première ligne le commissaire européen Pierre Moscovici, chargé de faire respecter la discipline. Les Italiens auront beau jeu de rappeler que quand il officiait à Bercy, la France n’était pas non plus exemplaire.
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Mais c’est un Italien qui se montre le plus sévère à l’égard de son propre pays, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi ?
Draghi a demandé aux Italiens de se "calmer" et a essayé de les rappeler à la raison : on ne peut pas mener une politique budgétaire expansionniste, c’est-à-dire avec un déficit élevé, quand on a déjà une dette colossale de plus de 130% du PIB. Mais surtout Draghi sait, mieux que personne, ce qui risque d’arriver si l’Italie fait un bras d’honneur aux Européens. Ce sont les marchés financiers qui forceront le pays à plus de discipline. Et c’est là que le sujet nous concerne aussi directement. Je vous fais le film : les taux d’intérêt sur la dette de l’État italien ont doublé depuis le mois de mai. Les banques italiennes qui en ont plein leurs réserves sont fragilisées. La hausse du loyer de l’argent pénalise l’économie. Les créanciers s’en inquiètent et prêtent encore plus difficilement. Un pays majeur de la zone euro en difficulté, et c’est toute l’Europe qui est ébranlée. La spirale infernale peut encore être évitée. Tout va se jouer cette semaine entre Rome et Bruxelles.
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