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Depuis le lancement de l'Euro en 2002, il n'y avait pas eu d'aussi grand projet monétaire. La Banque centrale européenne pilote un nouveau chantier depuis mercredi : l'euro numérique. Une monnaie dématérialisée, qui n'aura plus d'existence physique. La BCE entend ainsi répondre à l'augmentation des achats en ligne et des paiements sans contact. 

C’est un nouveau projet immense qui s’ouvre en Europe. Le nouvel euro numérique est officiellement entré en chantier mercredi. Le coup d’envoi a été donné à Francfort par la Banque centrale européenne.

Oui, la BCE vient en effet de donner son feu vert à un projet pilote qui va durer deux ans. Si les essais de cette phase exploratoire sont concluants, le vrai coup d’envoi sera alors donné et le nouvel euro numérique devrait être opérationnel dès 2025, ou au plus tard 2026. En réalité, il n’y a pas beaucoup de suspense, tout simplement parce que l’Europe n’a pas le choix. Deux urgences la poussent à aller dans cette direction. La première, c’est la dématérialisation de la monnaie qui a commencé partout dans le monde. On l’a vu avec le Bitcoin ou le projet Libra de Facebook. Or, les Etats ne peuvent laisser aux mains d’intérêts privés un instrument de souveraineté aussi vital qu’une monnaie. Deuxième raison impérative d’avancer : la multiplication des paiements sans contacts pendant le Covid. Les consommateurs y ont pris gout et on ne pourra plus revenir en arrière.

Précisément, qu’est-ce que l’euro numérique va changer dans notre quotidien ?

Alors, la première manifestation évidente, c’est que cette nouvelle monnaie n’aura plus d’existence physique. Grâce à elle, on pourra tout payer en ligne via son smartphone ou son ordinateur avec des applications spécifiques. Le paiement hors ligne sera aussi possible pour des montants inférieurs à 100 euros. Autre hypothèse, celle de rendre la monnaie programmable, c’est-à-dire que le paiement ne se déclenche que si certaines conditions sont remplies. On peut aussi, pourquoi pas, cibler cette monnaie sur certains type d’achats comme les produits alimentaires. Bref, le champ des possibles est immense. Pour l’instant, la BCE assure que l’euro numérique cohabitera avec l’euro physique contrairement à ce qu’on entend ici où là. Il y aura donc toujours de l’argent liquide, mais beaucoup moins qu’aujourd’hui. 

Et quel sera le rôle des banques dans ce nouveau paysage ?

Eh bien c’est toute la difficulté de ce projet. Pas question de démanteler brutalement un système bancaire qui emploie beaucoup de salariés, il faut donc réinventer toute une architecture de gestion de la monnaie avec un outil informatique qui assure la circulation de l’euro virtuel entre tous les acteurs. C’est ce chantier qui démarre ces-jours-ci avec une exigence : faire en sorte que la nouvelle monnaie soit sûre à 100%. Maintenir la confiance des citoyens européens dans l’euro est évidemment un impératif absolu.