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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

La Bourse ne cesse de grimper un peu partout dans le monde. Et pourtant, l’activité économique ralentit. En général, ce n’est pas bon signe.

Les marchés boursiers en Europe, aux États-Unis ou en Asie sont en hausse partout depuis le début de l’année. Des hausses à deux chiffres: +16,5% par exemple pour le CAC 40, +15% à Wall Street, +28% à Shanghai. Cela fait des années que l’on n’avait pas assisté à des hausses aussi rapides. Or dans le même temps, comme l’a dit encore le FMI ce week-end, la croissance ralentit dans le monde. Il y a donc là un décalage qui ne peut pas durer indéfiniment et qui inquiète. On se demande si les marchés boursiers n’ont pas perdu pied par rapport à la réalité économique. En clair, si on n’est pas dans une bulle.

Une bulle qui finit toujours par éclater. Le krach, c’est pour quand ?

Si on le savait ! Il y a un signe supplémentaire qui inquiète quand même. C’est un peu technique mais vous allez tout de suite comprendre. Dans un monde normal, les taux d’intérêt à court terme (quand vous empruntez à six mois par exemple) sont plus bas que les taux à long terme (quand vous empruntez à 10 ans). Quand c’est le contraire, quand ça s’inverse, c’est mauvais signe. À Wall Street, on estime que c’est un signe annonciateur de récession. Or cette inversion s’est produite brièvement vendredi et du coup tout le monde s’est dit: attention, alerte ! La même chose s’était produite en 2008 avant la crise des subprime. Certes, aujourd’hui, ça n’empêche pas (ou pas encore) la Bourse de poursuivre sur sa lancée. Mais on voit bien qu’il y a des fragilités dans le système.

En fait, il y a des alertes, mais la Bourse n’en tient pas compte ?

C’est ça. Alors ce n’est pas tout à fait irrationnel: la Bourse n’en tient pas compte parce que les investisseurs se disent que les banques centrales, qui pilotent les taux d’intérêt, surveillent tout ça comme le lait sur le feu et sont prêtes à intervenir pour empêcher la catastrophe. Il n’empêche qu’elles ne peuvent pas tout éviter. Et que le grand écart entre l’économie réelle et la Bourse ne peut pas durer indéfiniment. La route devient très glissante. Prudence !