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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Que faire face au déclin de l’industrie européenne, concurrencée de plus en plus durement par la Chine et les États-Unis ? L’Europe se mobilise pour trouver des solutions ?

Le ton change. À l’approche des élections européennes, l’idée fait son chemin que l’on ne peut pas rester passif face au lent déclin de l’industrie. Les chiffres sont implacables : le poids de l’industrie européenne dans le PIB mondial a régressé de 26% en 2010 à 21,5% aujourd’hui. La part de l’industrie recule même en Allemagne, et c’est en train de provoquer une prise de conscience dans un pays qui, un peu comme le Japon, voue un culte à l’industrie. Ce déclin a surtout un nom : la Chine, qui prend des parts de marché aux vieilles puissances industrielles dans toutes les industries clés comme l’automobile, les télécoms ou l’électronique.

Quelles solutions peut-on adopter pour enrayer ce déclin ?

Un projet, vous le savez, est en train d’être lancé autour des batteries pour les véhicules électriques. On peut se demander si ce n’est pas déjà trop tard mais c’est une initiative rare, volontariste, sur laquelle on ne pourra pas accuser Bruxelles d’être passif : 1,2 milliard d’euros doivent être débloqués. On peut être sceptique sur ce genre d’initiative publique, pour que ça marche, il faut que le secteur privé s’en empare. Mais on doit aussi constater que, chacun à leur manière, les Chinois et les Américains développent aussi des industries critiques de manière volontariste. Aux États-Unis, la Darpa finance sur le budget fédéral des innovations de rupture. La France pousse en Europe pour que l’on s’inspire, au niveau européen, de ce que font les Américains. La nouveauté, c’est que des pays qui jusqu’ici traînaient les pieds comme l’Allemagne face à ce type d’initiative y regardent maintenant à deux fois.

L’autre grand domaine dans lequel l’Europe se fait distancer, c’est la tech ?

Notamment pour une raison, c’est qu’il n’existe pas vraiment de marché unique numérique européen, mais une succession de marchés nationaux fragmentés. Alors que nos concurrents Américains et Chinois ont un marché domestique beaucoup plus vaste. Mais là encore, l’Europe a des cartes à jouer. Emmanuel Macron a insisté hier sur ce point lors du salon Vivatech : "l’Europe est en train de créer la tech soutenable démocratiquement", c’est ce qu’il a expliqué car nous avons une culture démocratique et de protection de la vie privée qui nous distingue de nos concurrents. L’Europe industrielle n’est pas perdue. Mais il va falloir se mobiliser au niveau de tout le continent pour la défendre et la développer.