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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

C’est un projet très discret mais révolutionnaire : Facebook travaille à la mise au point de sa propre monnaie, qui pourrait concurrencer nos euros.

C’est la nouvelle frontière des Gafa : la monnaie. Après tout, la monnaie est au cœur de ce qui fait les relations sociales et donc pour un réseau social comme Facebook, disposer de sa propre monnaie serait une étape de plus dans la consolidation de l’empire. Une cinquantaine de chercheurs travaillent au siège du réseau social à ce projet de Facebook Coin, une cryptomonnaie sur le modèle du Bitcoin qui pourrait devenir une sorte de devise transnationale, la première du genre, qui concurrencerait les monnaies classiques. Facebook compte 2,3 milliards d’utilisateurs : imaginez le potentiel si Facebook met à leur disposition sa propre monnaie !

Mais les États ne peuvent pas laisser faire ?

Les États ont le privilège de battre la monnaie, ils en ont le monopole. Mais rien n’empêche aujourd’hui Facebook de créer sa propre cryptomonnaie et d’ailleurs Amazon, Alibaba, Google ont aussi des projets de ce type dans leurs cartons. Selon la presse américaine, Facebook pourrait lancer sa monnaie dès cet été. En clair, ces firmes ont toutes pour projet de s’attribuer l’un des éléments clé de la souveraineté des Etats : la monnaie. Et là, il faut s’arrêter une seconde sur la montagne d’hypocrisie dont sont capables les Gafa. Mark Zuckerberg, dans une tribune publiée ce week-end dans plusieurs journaux du monde entier, explique la main sur le cœur, à qui veut bien le croire, qu’il est pour réguler davantage Internet. Et c’est le même Mark Zuckerberg qui, pendant ce temps-là, fait travailler ses meilleurs ingénieurs sur la création d’une monnaie qui viendrait concurrencer celle des États. Plus c’est gros, plus ça passe…

Mais ce projet a vraiment des chances d’aboutir ?

Oui parce que le rêve de Facebook, comme du chinois WeChat qui est d’ailleurs plus avancé en la matière, c’est que ses utilisateurs achètent des biens et des services entre eux et finalement ne sortent jamais de son écosystème. Et c’est possible d’y arriver : si une très grande partie de la population est sur Facebook, ce qui est le cas, le réseau social peut très bien devenir l’intermédiaire de tout un chacun pour les transactions qui se passent entre membres du réseau. Membres sur lesquels, au passage, le réseau possède une foule de données. En créant leur propre monnaie, les Gafa ont la capacité de devenir en quelque sorte des Etats parallèles. Attention, ça peut arriver très vite.