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Les agences bancaires ne sont plus rentables mais des milliers d’employés y travaillent toujours. Des restructurations en cascade sont à attendre. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Les agences bancaires au coin de la rue sont-elles condamnées à se faire plus rares ? L’annonce hier d’une fusion entre les réseaux de la Société Générale et du Crédit du Nord signale peut-être le début d’un big bang.

Cette annonce résonne fort dans le monde bancaire qui emploie en France 360.000 personnes, dont la grande majorité dans les réseaux d’agences. Pour situer les idées, c’est presque le double de l’industrie automobile et ses 200.000 employés. Or depuis des années, toutes les banques expliquent qu’entretenir un réseau d’agences coûte cher et que beaucoup d’entre elles ne sont plus rentables : les gens viennent moins, ils font presque toutes leurs opérations par Internet, plusieurs banques nouvelles n’existent même qu’en ligne et n’ont pas de réseau en dur. Bref, l’agence bancaire au coin de la rue a un côté "ancien monde".

Pourtant, les banques ferment rarement des agences.

Elles en ferment de temps en temps, si, mais à bas bruit, ça ne se voit pas trop, et les réductions d’effectifs se font en douceur, via des départs à la retraite. Là, clairement, une grande banque, la Société Générale, donne pour la première fois le signal d’un mouvement beaucoup plus vaste de restructuration des réseaux bancaires. Ses dirigeants le disent : "il faut faire évoluer le modèle de banque de détail pour l’adapter aux défis des dix prochaines années". Ce sont donc tous ces métiers de chargé de clientèle, conseillers commerciaux, directeurs et directrices d’agences, conseillers en gestion de patrimoine qui sont sous pression. La Société Générale possède 1749 agences sur tout le territoire, le Crédit du Nord, sa filiale, en dispose de 679 et dans les deux réseaux, on redoute les conséquences sociales de la fusion.

On imagine que les autres grands réseaux bancaires vont regarder ça avec attention.

Oui mais n’oubliez pas que les plus gros réseaux, en France, sont des mutualistes : Crédit Agricole, BPCE et Crédit Mutuel. Leur approche est différente. Ils veulent absolument conserver un réseau dense, proche des gens. Ce sont des banques régionales, avec un ancrage territorial fort. Ils ont aussi des traditions sociales protectrices. Il reste que le numérique et la baisse des taux d’intérêt pèse aussi sur leurs marges. Entretenir un réseau d’agences en dur au coin des rues devient de plus en plus coûteux.