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La France veut changer les règles européennes sur le déficit sur le long terme, et donc pas seulement en temps de Covid. Elle souhaite en finir définitivement avec les fameuses règles de Maastricht et les 3% de déficit. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Va-t-on en finir définitivement avec les fameuses règles de Maastricht et les 3% de déficit ? C’est le nouveau combat de la France à Bruxelles.

Ces règles, vous le savez, ont été mises entre parenthèses par la crise du Covid. L’Union européenne a très officiellement suspendu ce que l’on appelle le Pacte de stabilité et de croissance. C’était au mois de mars. Toute l’Europe entrait en confinement, les fameuses règles de Maastricht avec. Ce carcan ayant sauté, on pouvait donc ouvrir les vannes et déverser des dizaines de milliards d’euros d’argent public pour sauver l’économie. Mais les règles budgétaires étaient censées n’être que "suspendues", avant le retour à la normale.

Cette suspension, Paris voudrait qu’elle soit permanente.

Paris, Rome et d’autres capitales jugent en effet que ces règles, que nous ne respections déjà pas avant le Covid, doivent être entièrement revues. Mais il y a une différence entre le penser et le dire. Clément Beaune, le secrétaire d’État aux Affaires européennes, un très proche d’Emmanuel Macron, a donc mis les pieds dans le plat hier en disant à l’AFP qu’il n’était pas imaginable de revenir en arrière. Le sujet est donc ouvertement sur la table. Et une fois de plus, l’Europe se divise. Entre ceux pour qui la règle est la règle et ceux qui veulent en changer parce qu’ils savent qu’ils ne la respecteront jamais. Prenez le cas de la France : cette année, nous aurons un déficit public de 10,2%, l’an prochain de 6,7%. Nous ne sommes pas près de revenir à 3%. Quant à notre dette, elle va frôler 120% du PIB soit le double du seuil limite qui est donc pulvérisé.

Changer ces règles, c’est aussi changer fondamentalement la manière dont fonctionne l’Europe.

La crise du Covid a montré que ce qui était impensable peut arriver. Jamais on n’aurait imaginé possible que l’Allemagne et les pays du Nord acceptent le principe d’un endettement collectif pour financer la relance dans les pays qui en ont le plus besoin. Avec la révision des règles de déficit, la France, appuyée par d’autres pays, veut aller un cran plus loin. La logique est la même. Plus de solidarité financière entre les pays du continent. Plus de tolérance et de compréhension vis-à-vis de ceux qui sont moins performants. Réviser les règles, c’est aussi retirer un argument à ceux qui dénoncent les carcans de Bruxelles. Soit. Mais ça ne doit pas signifier qu’il faut abandonner toute discipline budgétaire : cette tentation française n’est certainement pas un exemple à suivre…