Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Emmanuel Macron a frappé fort hier avec des mesures de soutien au pouvoir d’achat: faut-il y voir un tournant dans sa politique économique ?
C’est un tournant social, mais c’est le prix à payer pour maintenir son cap économique. Tournant social avec ses trois annonces fortes sur le pouvoir d’achat: les heures sup défiscalisées, la baisse de la CSG des retraités et les 100 euros de plus pour les salariés au Smic. Mesures qui s’ajoutent à celles annoncées par le Premier ministre il y a quelques jours comme l’annulation de la taxe sur le carburant. Un tournant social, ça coûte de l’argent : en l’occurrence autour de 10 milliards d’euros, ce n’est pas rien et Bercy est déjà en train de chercher comment financer la facture.
Tournant social aussi dans la méthode. Emmanuel Macron a voulu renouer avec les partenaires sociaux. Il les a écoutés longuement. Et il en a tiré un enseignement qui marque une rupture au bout de 18 mois de présidence : aucune réforme ne peut se faire sans eux. Cela veut dire que sur les retraites ou sur l’assurance chômage par exemple, l’option d’un État qui impose sa vision d’en haut est désormais exclue. C’est un changement majeur. Donc double changement sur le plan social.
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Tournant social donc, mais pas de changement de cap économique, pourquoi ?
Emmanuel Macron ne revient pas sur les acquis libéraux de son quinquennat. La réforme du droit du travail ou celle de la SNCF, par exemple, sont acquises. Elles sont très importantes. Elles ont un caractère structurant et on peut en attendre des bénéfices de long terme. Il ne revient pas non plus sur un autre marqueur du quinquennat : la réforme de l’ISF. Il annonce un débat sur l’équilibre de la fiscalité dans notre pays mais pas de détricotage de cette réforme. Enfin, il ne revient pas non plus, c’est très important, sur les baisses de charges des entreprises. Donc vous le voyez, il conserve le cap d’une politique économique dont l’axe majeur est l’amélioration de la compétitivité de l’économie française. Mais cette politique ayant des effets lents, en attendant, oui, il opère un tournant social coûteux, certes, mais c’est le prix à payer pour sauver les réformes à venir de son quinquennat.
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