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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce lundi, il revient sur les enjeux politiques de cette rentrée scolaire que le gouvernement ne peut pas rater.

On est à J-1 avant la rentrée des classes. Ou plutôt, selon Nicolas Beytout, on est à J-1 du test le plus important de la rentrée.
Cette année, on ne dit pas "L’automne sera chaud" car même si on sait que le chômage va exploser, la crise économique ne laisse aucune place pour les revendications sociales. Cette année, on dit "L’automne sera scolaire ou ne sera pas". Car une bonne partie de l’avenir du pays et de notre façon de nous redresser (ou pas) va dépendre de la manière dont la rentrée scolaire se passe. Le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, a beaucoup préparé ce moment et beaucoup communiqué dessus. Place maintenant à l’épreuve des faits.
Pour l’instant, les sondages sont plutôt optimistes.

Les deux tiers des parents d’élèves semblent plutôt tranquillisés et la quasi-totalité d’entre eux veut remettre ses enfants en classe. La voilà, la donnée essentielle : il y a un désir d’école. C’est essentiel d’abord pour les enfants, mais aussi pour les parents. On l’a très peu dit après le confinement, il ne fallait heurter personne. Mais chaque fois que des parents n’ont pas pu remettre leur enfant à l’école, c’est l’économie du pays qui a été frappée. C’est simple, dans une société où beaucoup de familles vivent sur deux salaires, deux emplois, pas de classe, c’est pas de boulot pour au moins l’un des deux parents. Ce qui se joue, demain, c’est le premier test grandeur nature pour savoir si l’économie française peut vraiment se remettre au travail, si elle a une chance de se redresser. C’est même tellement important que ça conditionne en partie la faisabilité du plan de relance. Emmanuel Macron l’a d’ailleurs dit devant des journalistes, vendredi : "Il faut réussir à faire revenir tout le monde au travail. Sinon on ne pourra pas financer notre modèle".

Et du côté des enseignants ?

Un sondage commandité par un syndicat montre que 55% d’entre eux sont pessimistes. Est-ce que c’est très différent de la norme habituelle ? On ne sait pas. Dans une interview que Jean-Michel Blanquer a accordé au JDD ce dimanche, un mot a frappé Nicolas Beytout.

Le mot "constructif ". Il l’emploie deux fois, pour demander aux acteurs de l’école et à leurs représentants d’avoir en quelque sorte une "positive attitude". Une demande plus particulièrement adressée aux représentants syndicaux et associatifs des trois partenaires de l’Éducation : les profs, les parents et les élèves. C’est de leur état d’esprit que dépend une part de notre redressement.

Jean-Michel Blanquer veut les tranquilliser, il leur annonce un "Grenelle" des professeurs.

Une manière d’essayer d’enjamber la période actuelle et de penser à plus long terme. C’est son principal défi à lui : essayer de passer l’obstacle du Covid, pour ensuite reprendre le fil de ses réformes. Car le pire serait de croire que, si l’automne scolaire se passe à peu près bien, le boulot aura été fait. L’Éducation nationale était en petite forme avant le Covid, elle le sera encore après.