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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mercredi, il évoque le "courage" de l'éxécutif de refuser la distribution gratuite des masques aux élèves de plus de 11 ans. Pour lui, l'État providence a des limites dans un pays déjà surrendetté et dont les dépenses sociales sont les plus importantes de tous les pays développés.

Le gouvernement a tranché ce mardi et devrait officialiser sa décision en Conseil des ministres ce matin, le masque ne sera pas distribué gratuitement aux élèves de plus de 11 ans.

Une décision assez courageuse de la part du gouvernement parce que la pression est forte et qu’elle continue à monter. De partout, gauche, droite et y compris dans la majorité En Marche, on trouve des défenseurs de la gratuité à l’école. Nicolas Beytout n’est pas certain que le gouvernement pourra tenir sa position.

Pour l’instant, il rappelle que des dizaines de millions de masques ont été distribués, sous condition de ressources. Emmanuel Macron a lui-même expliqué que ça relevait des dépenses à caractère social. Et puis, beaucoup de communes ont fourni à tous leurs habitants des masques en tissu. Mais on est déjà au-delà du problème de l’école, puisque la demande de gratuité pour tous existe déjà. Elle est celle de Jean-Luc Mélenchon, par exemple, et de la CGT aussi. Et plus l’obligation de porter le masque s’étendra sur le territoire, plus cette pression montera.

Faut-il être contre la gratuité des masques ?

C’est très difficile de dire de but en blanc que chacun doit assumer et payer pour porter un masque que le gouvernement nous impose. C’est très difficile (ça l’est encore plus pour un homme politique) de dire que chacun doit se débrouiller et payer pour protéger sa vie. C’est bien le problème, avec ce mystérieux Coronavirus. Pour se prémunir contre l’inconnu et se protéger politiquement, le gouvernement a beaucoup joué sur la peur. Cette peur débouche mécaniquement sur toujours plus de contraintes, d’obligations et d’interdits. Chaque citoyen à qui on dit "Vous devrez faire ceci, et puis cela, et puis encore ceci et cela" peut légitimement répondre "OK, mais aidez-moi, ou indemnisez-moi pour ça".

D’où la demande de gratuité pour les écoles ?

Exactement. Une demande quasi-irrépressible. Beaucoup d’élus des départements et des régions n’ont pas résisté. En fait, la vraie question ne devrait pas être "Êtes-vous pour ou contre la gratuité des masques ?" mais "comment la France, pays déjà sur-sur-endetté, dont les dépenses sociales sont les plus importantes de tous les pays développés, comment la France peut-elle demander encore plus d’État-nounou, d’aides sociales, d’État Providence ?". Sans jamais s’inquiéter de savoir comment on paiera. Comment est-ce qu’elle peut encore croire, comme l’avait dit dans un autre contexte François Hollande, que "c’est pas cher, c’est l’État qui paye" ? Comment est-ce qu’elle n’a toujours pas compris que ce virus-là pouvait aussi être mortel pour une société ?