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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce vendredi, il s'intéresse aux réformes qui constitueront le bilan du quinquennat d'Emmanuel Macron. À 15 mois de la prochaine élection présidentielle, les ministres souhaitent laisser leur nom dans l'histoire et proposent de nombreux projets de loi.

Ce jeudi, Emmanuel Macron a donné le coup d’envoi de son Plan Cancer.

Un plan doté de 1,8 milliards d’euros de crédits, soit une hausse de 20% pour une baisse de 60.000 cas par an. Formidable objectif, et formidable cause perpétuée Président après Président. On se souvient que Jacques Chirac en avait fait une priorité nationale. Et pourtant, malgré ces chiffres et cette volonté présidentielle, pas sûr que ces annonces marquent beaucoup l’opinion publique.

Pourquoi ?

Parce qu’elles ne sont qu’une parmi d’autres, et qu’une annonce chasse l’autre. C’est un vrai problème, pour l’exécutif. Alors que l’activité gouvernementale a été entièrement focalisée sur la lutte contre le Covid depuis un an, la perspective de retrouver une vie un peu moins contrainte dans les mois qui viennent dope les ardeurs des ministres. Ils veulent tous ou presque avoir leur loi ou leur grand projet avant la fin du quinquennat. C’est l’embouteillage. Sauf qu’il faut d’abord écluser tous les textes qui sont déjà programmés au Parlement comme la loi sur le séparatisme qui est en cours actuellement, celle sur la sécurité globale, celle sur la bioéthique qui va revenir du Sénat profondément amendée, sur le bien-être animal ou encore sur le climat. Plusieurs textes compliqués, donc. Et plus une place avant cet été. Après, à l’automne, il deviendra très difficile de trouver un créneau pour adopter une réforme.

Parce qu’on se rapprochera de la fin du quinquennat ?

Exactement. Et donc, ça bagarre sec entre les ministres qui veulent donner leur nom à une loi ou qui veulent marquer leur passage dans leur ministère. Il faudra aussi compter avec les lois de circonstance, ces textes qui fleurissent au gré de l’actualité, qui sont censés répondre en urgence à un fait divers ou un quelconque dysfonctionnement. Et tout ce qui relève de la volonté présidentielle, et qui peut venir charger un peu plus le calendrier gouvernemental. Emmanuel Macron cherche par exemple à relancer son action pour l’égalité des chances, il veut en faire un marqueur de son mandat. Des propositions nouvelles vont fleurir, des annonces vont fleurir et chasser jour après jour les précédentes.

Est-ce que n’est pas habituel en fin de mandat ? Est-ce que ce n’est pas une façon pour le Président de la République de construire son bilan ?

Si, bien sûr. Mais la question qu’il faudrait se poser c’est : est-ce que cette accumulation de texte laissera une trace ? Est-ce qu’une réforme ressortira plus que les autres ? Au moment du bilan, ce n’est pas le nombre de lois qui pèsera lourd, mais le sens d’une ou deux grandes transformations (si possible réussies) du pays.