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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il s'intéresse à la volonté des candidats déclarés de se relancer dans cette campagne présidentielle qui s'essoufle un peu.

Dans cinq mois, presque jour pour jour, nous saurons qui occupera l’Elysée pour les cinq prochaines années. Mais, curieusement, la campagne électorale semble déjà s’enliser.

C’est en tout cas ce que ressentent de nombreux candidats déjà déclarés, qui semblent avoir du mal à traverser la séquence. C’est par exemple très frappant à gauche, où Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo et Yannick Jadot cherchent tous les trois (et pour l’instant en vain) un nouveau souffle. Le leader de La France Insoumise a bien présenté son programme, la semaine dernière, mais sa radicalité n’a pas fait trembler les colonnes du temple. Il faut dire qu’avec ses 700 propositions sur le Smic, la retraite à 60 ans ou la désobéissance aux traités européens, le candidat Mélenchon donne un peu l’impression de se répéter. Ca fait 1 an déjà qu’il a annoncé sa candidature, et qu’il peine à retrouver la dynamique de sa campagne de 2017. C’est long.

Même grisaille au-dessus de la tête de la candidate officielle du Parti socialiste. Anne Hidalgo a démarré hier un nouveau tour de France, cette fois sur l’emploi et le pouvoir d’achat : elle essaye laborieusement de se faire connaître en province, mais pendant ce temps, comme elle reste scotchée aux alentours de 5% des intentions de vote, ses soutiens sont de plus en plus nombreux à douter d’elle.

Quant à Yannick Jadot, lui aussi semble avoir quelques difficultés à trouver un souffle qui le porterait au-delà de 8% dans les sondages. Il multiplie les appels à Anne Hidalgo pour qu’elle se range derrière lui, mais c’est dans son propre camp, chez les écolos, que Sandrine Rousseau n’est absolument pas rangée derrière lui. On l’a encore vu hier avec leurs déclarations totalement contradictoires sur la Guadeloupe.

Est-ce qu’il y a le même phénomène à droite ?

Oui, absolument. Alors, pas chez Les Républicains : ils n’ont pas encore choisi leur candidat. Ce sera fait dans une douzaine de jours, et il sera temps, alors de lancer la campagne. Mais à la droite de la droite, le faux-plat est rude. Marine Le Pen a beaucoup dit ces temps-ci qu’elle était rassurée face à la tournure de l’offensive d’Eric Zemmour ; il n’empêche : elle a changé ses affiches, son slogan de campagne, et elle élargit le cercle de ceux avec qui elle travaille sa candidature. Et de fait, le rapport de force semble insensiblement se modifier. Le presque candidat Zemmour traverse en effet une mauvaise passe. Son déplacement à Londres ne s’est pas bien passé (il n’a pas été accueilli comme il le rêvait, et il n’a, semble-t-il, pas réussi à lever autant d’argent qu’il l’imaginait auprès des Français vivant là-bas). Il doit se déclarer officiellement avant le 5 décembre prochain, et il espère que ça provoquera un sursaut, mais en attendant, la comète ralentit sérieusement. Parce qu’il est désormais obligé de sortir de ses seuls thèmes de prédilection sur l’immigration et la sécurité, il sort de sa zone de confort, et ses interventions radio-télés sont moins tranchantes. La dynamique s’affaiblit. Ça pourrait être un tournant dans cette pré-campagne.

Et du côté de l’Elysée ? Est-ce que le contexte change aussi pour Emmanuel Macron ?

Oui, à cause des Antilles. Si ça dérape, bien plus que le problème de la Guadeloupe ou des Antilles, c’est le sujet général du maintien de l’ordre et de la sécurité qui sera posé, grandeur nature. Un domaine dans lequel le bilan du Président est médiocre. Mais pour le reste, la 5ème vague de Covid va s’imposer. Le chef de l’Etat, qui était depuis des semaines en tournée quotidienne avec son chéquier, a changé de posture et se retrouve une nouvelle fois dans les habits du gestionnaire de crise sanitaire. Avantage pour lui, c’est un rôle que les Français lui reconnaissent, et qui lui permet de réoccuper le devant de la scène sans faire de politique. Inutile donc, de se relancer ou de se hâter de se déclarer.