2:58
  • Copié

Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce jeudi, il s'intéresse à la décision des Républicains qui vont commander un vaste sondage auprès de l'électorat de droite, avec pour objectif de trouver le candidat qui arrivera à mettre tout le monde d'accord.

Les Républicains ont réuni ce mercredi leur Conseil stratégique pour évoquer un sujet qui divise le parti : le mode de désignation d’un candidat à la présidentielle.
La bonne nouvelle, c’est qu’il y a un Conseil stratégique chez les Républicains, ce qui laisse supposer qu’il y a donc une stratégie. La mauvaise nouvelle, c’est qu’en réalité il y a plusieurs stratégies concurrentes, de même qu’il y a plusieurs lignes idéologiques divergentes. Cela fait des mois que le parti se divise sur la manière de désigner son candidat à la prochaine élection présidentielle. Or, dans la vie d’un mouvement politique de cette importance, cette course à la magistrature suprême doit être un aboutissement.

La question, c’est donc : primaire ou pas primaire ?

Et si primaire il y a, alors à quel moment et avec quels votants ? Toutes ces questions sont légitimes, et selon la réponse qui y est donnée, c’est un candidat qui est avantagé plutôt qu’un autre. Entre Bruno Retailleau, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand et maintenant Laurent Wauquiez qui repointe le bout de son ambition, la lutte d’influence bat son plein, sous le regard en coin de François Baroin, qui n’est plus candidat mais pourrait peut-être le redevenir. Un vrai casse-tête.

Et comment on en sort ?

Au sein des Républicains, on fait un constat : les deux partis qui ont, à ce jour, les meilleures chances de l’emporter, ont déjà désigné leur candidat. Il s’agit d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen. Et ces deux-là sont déjà en campagne. Le risque existe donc que la droite républicaine se fasse rapidement distancer dans la course à l’Élysée. La logique aurait été d’accélérer. Eh bien non, sous l’impulsion de Christian Jacob, le Conseil stratégique a décidé de tout repousser à l’automne. Et de s’en remettre à un sondage auprès des militants auxquels il sera demandé si un candidat se détache naturellement du lot. Si oui, bingo, il sera celui qui portera les couleurs des Républicains dans la course à l’Élysée. La démocratie sondagière avait déjà envahi notre vie quotidienne, elle pesait en permanence sur la prise de décision des gouvernants ; cette fois c’est le choix d’un candidat qui pourrait être fait par sondage. C’est une petite victoire de la politique des apparences contre celle des idées, une victoire de l’image sur le débat. Alors, bien sûr, c’est une façon habile de contourner les divergences de lignes politiques qui traversent les Républicains, de les cacher sous le tapis : on s’occupe moins de trouver une ligne qu’une image.

Et si personne ne se détache ? Si aucun candidat ne sort nettement en tête du sondage ?

Alors les Républicains lanceront en octobre-novembre une primaire auprès de leurs militants. Ce sera tard, très tard, ça relancera une compétition interne et une bataille des idées à quelques mois seulement de l’élection. Un risque évident de discorde interne. Au fond, peut-être qu’à la place d’un Conseil stratégique, les Républicains auraient davantage besoin d’un Conseil tactique.