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Selon le journal l'Opinion, le Modem de François Bayrou va lancer une offensive parlementaire début janvier pour tenter d'imposer une réforme promise par le candidat Emmanuel Macron en 2017 : la proportionnelle aux élections législatives.

Votre journal, l’Opinion, révèle ce matin que c’est début janvier, dans une quinzaine de jours, que le MoDem va lancer une offensive pour tenter d’imposer une réforme politique majeure : la proportionnelle… 

Oui, François Bayrou en est depuis toujours un ardent défenseur. Il en avait même fait en 2017 une condition pour se retirer de la course à l’Elysée, et pour se rallier à Emmanuel Macron. Ce qui avait permis au candidat venu de nulle part de l’emporter. Sauf que depuis, sur la proportionnelle, rien ne s’est produit. La réforme a toujours été repoussée, pas le temps, pas le bon moment, pas le bon projet. C’est devenu un véritable serpent de mer. 

Et qu’est-ce qui pousse François Bayrou et le MoDem à le ressortir ?

Plusieurs points. D’abord il ne reste que quelques mois pour agir. Il est en effet interdit de modifier un mode de scrutin dans l’année qui précède des élections : en mai-juin 2021, il sera donc trop tard pour les législatives de 2022. Ensuite parce que les partis comme le MoDem ou plus encore le Rassemblement national ont toujours trouvé que le scrutin majoritaire était d’une grande injustice : il minimise les petits partis et sur-avantage les grands en leur donnant une majorité absolue à l’Assemblée. C’est vrai que lorsque Marine Le Pen fait 35% des voix et que son parti n’a que 1% des députés, ça fait une drôle d’équation… 

Mais est-ce que ce que vous dites sur le Rassemblement national n’est pas justement une des raisons pour lesquelles ce projet de proportionnelle n’a jamais avancé ? 

Si, bien sûr. Mais à un moment où Emmanuel Macron cherche par tous les moyens à innover dans sa relation avec les Français (un Grand débat une année, une assemblée de vrais gens tirés au sort pour mener une Convention climat de l’autre…), difficile de balayer la proportionnelle d’un revers de la main.

Et puis, beaucoup, dans la majorité La République en Marche se rendent compte que, si Emmanuel Macron était réélu en 2022, il lui serait probablement impossible de rééditer l’exploit de son premier mandat : avoir à l’Assemblée nationale une majorité absolue de députés à lui tout seul. Beaucoup de parlementaires l’ont quitté, et un certain nombre ont clairement montré leurs limites. Ils ont peu de chances d’être réélus. L’idée d’instaurer une proportionnelle, c’est-à-dire un mode de scrutin qui est réputé favoriser les alliances, les grandes coalitions entre partis, évidemment, ça prend tout son sens… 

Ca prend tout son sens, comme vous dites, mais est-ce que ça ne fait pas justement un peu manœuvre électoraliste ? 

Si, vous avez raison : c’est le risque de tripatouillage. Et c’est ce qui explique pourquoi le Président ne sera pas en première ligne. Et puis, on ne peut pas dire que cette réforme soit la priorité des Français. On ne sort pas de l’actualité oppressante du Covid (et maintenant de sa mutation anglaise), les législatives sont très très loin de leurs préoccupations. Le plan est donc clair : au MoDem de François Bayrou, mais aussi à Richard Ferrand en tant que Président de l’Assemblée nationale, de pousser l’idée. Ca permettra de tester rapidement sa faisabilité