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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mercredi, il revient sur la décision d'Emmanuel Macron de faire la promotion du nucléaire français, ce qui hérisse les écolos purs et durs.

À trois jours du cinquième anniversaire des Accords de Paris sur le Climat, Emmanuel Macron a choisi de saluer le nucléaire made in France en se rendant dans un des hauts lieux de la filière française. Mais ça ne plaît pas à tout le monde.

Il en va des relations entre Emmanuel Macron et les écolos comme du 220V produit par une centrale nucléaire : c’est de l’alternatif. Un jour, le Président promet de tout concéder ou presque aux citoyens de la Convention Climat. Le lendemain, il se raidit, tape du poing sur la table et s’insurge contre ceux, moines soldats ou ayatollahs, qui en demandent toujours plus pour le climat. Résultat, le chef de l’État peine à faire mettre au crédit de sa politique son action environnementale.

Et ces jours-ci, on est sur quelle phase du courant alternatif ?

Plutôt en bas de phase. Les négociations ont repris entre le gouvernement et des membres de la Convention citoyenne qui, pour beaucoup, enragent de voir qu’une partie de leurs propositions du printemps ont subi à l’automne le destin d’une feuille morte. Pffft, envolée. Et de son côté, Emmanuel Macron fait la promotion du nucléaire français, ce qui hérisse les écolos purs et durs, ceux qui ont été biberonnés à l’anti-nucléaire de base. Résultat, pour l’instant, c’est du perdant-perdant.

Comment le chef de l’État peut-il faire pour se sortir de ce piège ?

Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a pas grand-chose à espérer côté des Verts d’EELV : leur programme est fondamentalement anti-nucléaire, alors que celui d’Emmanuel Macron a toujours été pour une part de 50% de nucléaire dans le mix énergétique français. C’est donc sur les citoyens de la Convention que le chef de l’État aurait dû pouvoir compter. Et là, ça bloque. Parce qu’il y a eu, dès le début de l’expérience, un gigantesque contresens. Ces 150 Français, tirés au sort mais volontaires (donc déjà un peu convaincus d’avance), ont reçu pendant des semaines les enseignements très orientés de quantité d’experts. Ils en ont ensuite tiré 149 propositions adoptées à 90% (aucune consultation démocratique ne peut dignement revendiquer de pareils scores). Et malgré tous les doutes, tous les soupçons qui auraient dû entourer la représentativité de leurs travaux, l’Élysée leur a accordé un statut de dépositaires de la volonté du peuple. Ils y ont cru sauf que plusieurs de leurs propositions, très jusqu’au-boutistes, sont heureusement en train d’être détricotées.

Ce qui explique leurs protestations.

Absolument. Mais ça veut dire au fond que cette opération Convention Citoyenne est un échec. Elle devait réinventer une forme de démocratie participative, une sorte d’Acte II après le Grand débat post-Gilets jaunes, on voit qu’on peut faire mieux dans le genre démocratique. Elle devait faire oublier les couacs de Nicolas Hulot ou la petite musique dissonante de Barbara Pompili, elle devait installer la réputation et le bilan d’Emmanuel Macron en tant que Président agissant pour la planète ; c’est raté, les membres les plus virulents de la Convention n’arrêtent pas de se plaindre que leurs propositions ont été trahies. C’est ce qu’on appelle un court-circuit.