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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il s'intéresse au retour de la contestation politique après une période de sidération liée à la crise sanitaire et au premier confinement. Les restrictions sanitaires ne sont plus le seul sujet de discorde puisque d'autres thèmes comme celui de la justice, de l'éducation ou de la sécurité globale sont contestés par l'opposition.

En s’adressant aux Français ce mardi soir, Emmanuel Macron a un objectif : mettre fin à "l’incertitude", donner "de la cohérence, de la clarté et un cap".

C’est vraiment ce qu’attendent les Français qui ont eu beaucoup de mal avec ce deuxième confinement. Ils ont eu du mal à avaler un certain nombre de mesures, à en comprendre la cohérence et à voir jusqu’à quand ça allait durer. Voir loin, le défi que doit relever le Président est de taille, puisque ce virus nous a à chaque fois tous surpris, et que l’efficacité de la période à venir dépendra en réalité de la discipline collective des Français. Respecterons-nous le plan de retour à la liberté et donnerons-nous ses chances à ce plan ?

Si oui, on en sortira plus vite ?

Exactement. C’est ce que le chef de l’État doit faire passer comme message, c’est comme ça qu’il pourra crédibiliser sa stratégie sanitaire. C’est d’autant plus important que sur les autres fronts, l’ambiance a changé du tout au tout par rapport à l’époque du premier confinement. La parole s’est libérée et la contestation est devenue la norme.
Lorsque l’épidémie a déferlé sur l’Europe et la France, nous avons tous eu un moment de sidération. Le confinement, la peur et l’ambiance de mort distillée chaque soir dans un décompte morbide, tout ça a rendu impossible la moindre critique. Le pays était en guerre, nuire à la solidarité était une diversion impossible. C’est terminé ! On a compris a posteriori l’échec sur les masques, la pénurie de gel et le chaos sur les tests. Aujourd’hui, c’est indulgence zéro. La stupéfaction a cédé la place à la récrimination et à la demande de rendre des comptes, y compris en justice. C’est exactement le même processus que dans la sinistre séquence des attentats. Le pays est d’abord suffoqué, puis incrédule lorsque survient une deuxième vague, puis finit par libérer sa parole et ses critiques ensuite. Voilà, aujourd’hui les Français doutent et leurs représentants politiques relaient leur mécontentement et se libèrent.

Ils attaquent la stratégie sanitaire d’Emmanuel Macron.

Oui, sur les libraires, le commerce non-essentiel ou le Black Friday. Mais, et c’est ça le plus nouveau, ils sortent désormais du strict sujet Covid. Gérald Darmanin a été sérieusement malmené par la gauche sur la loi dite de Sécurité globale ; il l’a été par la droite sur l’interdiction des cultes. Eric Dupond-Moretti fait face une nouvelle fois aux avocats, cette fois sur le recours à la vidéo pendant les procès d’assises. Jean-Michel Blanquer est attaqué pour ses liens avec un syndicat étudiant (ce qui ne manque pas de sel quand on connaît les liens historiques de la plupart des syndicats lycéens et étudiants avec les partis de gauche). Et puis la pression monte sur le dérapage des comptes publics et sur l’endettement de la France, sur la 5G et le suivi de la Convention citoyenne sur le climat. Pour un peu, on dirait que la vie politique normale a déjà repris son cours et qu’elle n’a pas attendu le déconfinement ou plutôt l’allègement des contraintes. Bienvenue dans le monde d’avant.