En 1880, deux mois après la mort de la grande-duchesse Maria Alexandrovna, le Tsar Alexandre II épouse Katia Dolgorouki. Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire", produit par Europe 1 Studio, Jean des Cars revient sur une histoire d'amour interdite au dénouement tragique.Quelques jours après la Saint-Valentin , Jean des Cars vous raconte l'histoire d'un amour passionné, interdit et finalement tragique. Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire" , produit par Europe 1 Studio, découvrez le coup de foudre entre le tsar de Russie Alexandre II et la belle aristocrate Katia Dolgorouki. Le 18 juillet 1880, à 15h, dans le grand palais de Tsarskoïe Selo, Alexandre II, 62 ans, vêtu de l’uniforme bleu pâle des Hussards de la Garde, va chercher dans sa chambre Katherine Dolgorouki, sa maîtresse, âgée de 34 ans. Elle porte une robe de drap beige, aucune fleur, aucun diadème et pourtant, si le Tsar vient la chercher, c’est parce que l’on va célébrer leur mariage. Ils s’aiment depuis quatorze ans. Pour le Tsar, c’est le plus beau cadeau qu’il puisse lui offrir. Pour elle, c’est une sorte de triomphe. Tous deux traversent le palais jusqu’à un petit salon, isolé et sans meuble. Au milieu, une simple table qui va servir d’autel. L’archiprêtre du Palais d’Hiver y a disposé une croix, un Evangile, deux flambeaux, les couronnes indispensables au rite orthodoxe et deux alliances.Deux seuls témoins, des généraux proches de l’Empereur, feront office de garçons d’honneur et tiendront les couronnes au-dessus de la tête des fiancés. Derrière eux, un couple d’amis de Katia. Et c’est tout. Bien sûr, il s’agit d’un mariage morganatique. Ce qui veut dire que la mariée ne deviendra pas tsarine et les trois enfants qu’elle a eu du tsar ne seront pas héritiers. Néanmoins, le souverain va faire de sa nouvelle épouse la princesse Yourievski. Les enfants porteront le même titre avec le prédicat de altesses sérénissimes.Un scandale, un sacrilège ! Pour les enfants du premier mariage du tsar, qui ne sont même pas au courant, c’est une véritable provocation. Pour la Cour, c’est un scandale. Pour le clergé orthodoxe, c’est un sacrilège : la première épouse du tsar, Maria Alexandrovna, s’est éteinte il y a moins de deux mois, victime de la tuberculose. Si le deuil de Cour, de 40 jours, est effectivement terminé, il est, en principe, impossible de se remarier moins d’un an après le décès de la légitime épouse. Mais Katia compte tellement pour le tsar, il est tellement fou d’elle, il a été si malheureux de lui imposer une vie clandestine de quatorze ans qu’il est prêt à tout pour se racheter.Quant à Katia, certes amoureuse du souverain, mais aussi ambitieuse, elle accomplit le premier acte de son rêve : épouser le tsar ! Il ne lui reste plus qu’à se faire couronner impératrice.Mais qui sont réellement la belle Katia et cet homme de 62 ans ? Et comment est-il tombé amoureux de cette jeune princesse désargentée ?Coup de foudre à l’Institut SmolnyAlexandre II est monté sur le trône des Romanov en 1855. Son père, le tsar Nicolas 1er, ne lui laisse pas un héritage facile : une guerre de Crimée inachevée et qui tourne au désastre pour la Russie et un pays révolté par la poigne de fer de celui qui était surnommé "le gendarme de l’Europe". Pour ne rien arranger, le traité de Paris, en 1856, met fin à la guerre de Crimée dans des conditions désagréables pour la Russie. Elle se voit privée d’accès aux Détroits et donc d’un accès à la Méditerranée. Alexandre II se veut un tsar réformateur. Il va mettre six ans à imposer l’abolition du servage en Russie. C’est une idée généreuse et courageuse. Mais elle ne lui vaudra que des ennuis. L’aristocratie proteste, les paysans vont s’endetter pour acheter leurs terres. Beaucoup vont gagner les villes qui s’industrialisent, en particulier Saint-Pétersbourg. Ils constituent un prolétariat misérable qui sera le terreau des idées révolutionnaires. Un mouvement nihiliste est constitué. Et le tsar réformateur qui voulait faire le bonheur de son pays sera victime de huit attentats.En famille, le tsar a été très heureux avec sa ravissante et intelligente épouse. Elle lui a donné sept enfants, six garçons et une fille. Mais Maria Alexandrovna est de santé fragile. Elle est épuisée par ses maternités successives et sans doute déjà rongée par la phtisie, qui finira par l’emporter. Alexandre II est beau, séduisant, il aime les femmes. Il aura quelques aventures sans suite. C’est au moment où son épouse lui ferme sa chambre, car elle ne peut plus risquer d’être de nouveau enceinte, qu’Alexandre II choisit de s’en détourner complètement et rencontre celle qui sera le véritable amour de sa vie.Catherine Dolgorouki, Katia pour les intimes, appartient à une famille noble ruinée. Elle est pensionnaire à l’Institut Smolny. C’est une institution fondée par la fille de Pierre le Grand, Elisabeth 1ère, pour l’éducation des jeunes filles de l’aristocratie. L’équivalent russe du Saint-Cyr de Madame de Maintenon.La tsarine vient souvent visiter Smolny. Elle s’intéresse à ses pensionnaires. Alexandre II l’accompagne parfois et remarque le regard malicieux de la jeune Katia. Un jour de printemps, alors qu’il se promène au Jardin d'été, il la croise, la reconnaît et commence à lui parler. L’académicien Henri Troyat, d’origine russe, nous décrit la scène : "A la fois fière et effrayée d’avoir été distinguée par Sa Majesté, elle n’a qu’une hâte, c’est de s’échapper et disparaître. Alexandre, cependant, la dévore du regard. Elle a des traits fins, un teint d’ivoire, des tresses chatain, souples et soyeuses, des yeux fendus en amande et un sourire enjôleur. Tant de joliesse et de naïveté le transportent".Tout Saint-Pétersbourg est au courant de cette nouvelle liaisonElle a 17 ans. Il va la revoir souvent. Ils se promènent dans les parcs impériaux. Alexandre lui déclare son amour. Elle se refuse. Elle mettra deux ans à lui céder. C’est le 13 juillet 1866 que Katia devint la maîtresse du Tsar. Ils se sont retrouvés au belvédère de Babygone, un ravissant pavillon à colonnade dominant la Baltique dans le parc du palais de Peterhof. Il a 29 ans de plus qu’elle mais qu’importe ! C’est une révélation sensuelle réciproque que le temps n’émoussera jamais. Ils échangent une correspondance érotique. C’est le tsar qui s’exprime : "N’oublie pas que toute ma vie est à toi, ange de mon âme, et que le seul but de cette vie est de te voir heureuse, autant qu’on peut être heureux au monde... Je me sens tout imprégné de notre délicieuse soirée d’hier et de nos... (mot censuré) délirants qui nous ont fait jouir à crier. Et à nos ébats..."La réponse de Katia n’est pas moins inouïe puisqu’elle ose écrire : "Je t’aime à la folie, mon cher mari délirant, ma vie, mon tout, et cela déborde de moi. Je n’en reviens pas du bonheur de t’avoir vu hier et avoir tant joui vraiment de ces délices n’a pas de nom. Et certes, rien au monde ne peut y être comparé".Il faut noter que Katia appelle le tsar "mon cher mari". Lui a-t-il promis quelque chose ? Ou lui suggère-t-elle que cela pourrait arriver un jour ? Le tsar remet à Katia une clé. Ainsi, elle pourra s’introduire, par une petite porte du Palais d’Hiver, jusqu’à ses appartements privés. Ils ont des rendez-vous qu’ils croient discrets mais hélas, rien dans la vie du souverain ne peut-être complètement secret. Tout Saint-Pétersbourg est au courant de cette nouvelle liaison. C’est fâcheux car au même moment, la Monnaie de la capitale russe émet une pièce d’un rouble en or qui célèbre les 25 ans de mariage du couple impérial !La liaison s'organiseDepuis deux ans, Katia, qui a fini ses études, vit chez son frère et sa belle-sœur, le prince et la princesse Michel Dolgorouki. La princesse est inquiète des rumeurs circulant sur la liaison de Katia. Elle juge qu’il faut protéger la jeune fille. Elle l’emmène avec elle à Naples, dans sa famille. Alexandre II est désespéré. Il lui écrit tous les jours. Elle lui manque terriblement, au point qu’à l’occasion d’une visite d’Etat à Paris, à l’été 1867, il demande à Katia de le rejoindre. Napoléon III loge ses hôtes officiels à l’Elysée. Katia arrive de Naples et s’installe dans un hôtel du boulevard des Capucines. Elle retrouve son amant le soir à l’Elysée, par une porte secrète. Alexandre II a bien besoin d’être réconforté. Certes, il est ébloui par les fastes de la Fête Impériale pour l’Exposition Universelle. Mais il est sans cesse insulté et agressé par des Polonais en exil. Même les Français s’en mêlent ! Au passage du cortège du tsar, le républicain Charles Floquet lui lance : "Vive la Pologne, Monsieur !" Pire, un Polonais tire sur le tsar devant la grande cascade au Bois de Boulogne, le manquant de peu. Alexandre II est furieux et il faudra tout le charme et la persuasion de l’impératrice Eugénie pour qu’il n’abrège pas son séjour.A son retour de Paris, la liaison s’organise. Katia réside toujours chez son frère et sa belle-soeur dans un hôtel particulier du quai des Anglais, à Saint-Pétersbourg. Katia a ses propres domestiques et son équipage. Au Palais d’Hiver, le tsar met à sa disposition l’ancien Cabinet de travail de son père Nicolas 1er. Lors des séjours aussi bien Tsarskoïe Selo qu’à Peterhof ou en Crimée, à Livadia, elle dispose d’une villa à proximité de la résidence du tsar.Pour justifier sa présence à la Cour, Alexandre II la fait nommer demoiselle d’honneur de l’impératrice. Celle-ci avale, résignée, cette nouvelle couleuvre. Mais Katia profite peu de cette fonction. On ne la voit pas dans la voiture officielle de la tsarine. Elle tient, par-dessus tout, aux moments d’intimité qu’elle partage avec le tsar. Lors de ses voyages à l’étranger, elle l’accompagne. A Ems, en Rhénanie, en juin 1870, lors de la rencontre d’ Alexandre II avec le roi de Prusse Guillaume 1er, elle dispose d’une petite villa.La favorite s'installe au Palais d'HiverLe 3 avril 1872, au Palais d’Hiver, Katia accouche de son premier enfant avec Alexandre II, le petit Georges. Pour éviter un scandale, le bébé est placé dans une maison surveillée par la police secrète. Une nourrice russe et une gouvernante française prennent soin de lui. En 1873, c’est la naissance d’une fille, Olga. En 1876, un nouveau fils, Boris, vient au monde mais il meurt très vite. En 1877, le tsar engage une guerre contre l’Empire Ottoman. La campagne est rude mais victorieuse. La paix de San Stefano, en 1878, est très avantageuse pour la Russie. Mais le Congrès de Berlin réduit considérablement ces dispositions. Le tsar est déçu, amer, et comme toujours, c’est auprès de Katia qu’il trouve du réconfort. Il prend alors une décision provocante. : il installe sa seconde famille au deuxième étage du Palais d’Hiver... juste au-dessus de ses propres appartements ! La tsarine, épuisée et malade, subit l’affront. Elle se confie à son amie la comtesse Alexandrine Tolstoï : "Je pardonne les offenses qu’on fait à la souveraine ; je ne peux prendre sur moi de pardonner les tortures qu’on inflige à l’épouse".En imposant la présence de sa favorite au palais, Alexandre II satisfait, certes, son désir d’intimité avec Katia mais il dresse toute la Cour contre elle. Bien que Katia se montre discrète, elle est en contact avec la domesticité impériale, femmes de chambre, valets, cuisiniers, cochers, intendants et même avec quelques dignitaires.Certains courtisans s’adressent à elle pour qu’elle use de son influence auprès du tsar en leur faveur. On cherche son appui dans une entreprise commerciale. Mais même ceux qui la sollicitent la condamnent. Le tsar vieillit, il est fatigué, amaigri et voûté. Et pourtant, il est heureux. Katia, le 9 septembre 1878, donne naissance à leur quatrième enfant, une petite Catherine, qui le comble de bonheur. Joie intime d’un côté, désapprobation générale de l’autre : la double vie du tsar est très mal perçue, particulièrement par l’héritier, le tsarévitch, futur Alexandre III.Un attentat et la fin d'un amourCependant, les Nihilistes sont de plus en plus audacieux. En janvier 1878, une terroriste blesse grièvement, par balles, le chef de la police de Saint-Pétersbourg. Non seulement, cette femme est acquittée lors de son procès mais portée en triomphe comme une héroïne. Le 2 avril 1879, un homme tire à cinq reprises sur le tsar place de l’Etat-Major. Alexandre II ne doit son salut qu’à sa fuite en courant ! Il passe ses vacances avec Katia en Crimée. A leur retour à Moscou le 19 novembre, le train impérial échappe de peu à une bombe. Le 5 février 1880, c’est dans le Palais d’Hiver que les terroristes réussissent à faire exploser une bombe. Elle avait été placée dans la salle à manger où devait avoir lieu un dîner d’apparat en l’honneur du grand-duc Alexandre de Hesse et de son fils, Ferdinand de Bulgarie. Le train qui les amenait ayant pris du retard, le tsar et sa suite attendaient dans un salon. A quelques minutes près, ils auraient tous péri. L’attentat fait quand même 11 morts et 56 blessés ! L’explosif, dissimulé dans les soubassements, a détruit tout le corps de garde sous la salle à manger. C’est d’une incroyable violence !Katia était dans ses appartements au deuxième étage, avec ses enfants. Elle ne pouvait être invitée au dîner officiel. Elle est terrorisée : les ennemis du tsar prennent de plus en plus de risques. Ils veulent le tuer... Au printemps suivant, l’impératrice meurt et moins de deux mois plus tard, le tsar épouse Katia. Elle n’est qu’une épouse morganatique mais c’est quand même la femme du tsar.La situation de Katia n’est acceptée ni par sa famille ni par la Cour. Elle doit céder le pas à tous les grands-ducs et à toutes les grandes-duchesses. Pour elle, le protocole est une humiliation permanente. Le tsar songe alors à la faire couronner impératrice. Ce serait une première en Russie, la tsarine étant toujours couronnée en même temps que son époux. Ce serait aussi le dernier cadeau du souverain à Katia. Très las, il abdiquerait et irait vivre ensuite avec Katia et leurs trois enfants en France, sur la Côte d’Azur. Il s’est fait communiquer une liste de propriétés à vendre dans la région. Mais le destin en décide autrement...Le dimanche 1er mars 1881, comme chaque semaine, Alexandre II se rend à une parade au Manège Michel, non loin du Palais d’Hiver. En début d’après-midi, le tsar revient du manège. Il fait froid mais il fait beau. Alors que le cortège longe le canal Catherine, perpendiculaire à la perspective Nevski, quelqu’un jette une bombe qui tue deux cosaques de l’escorte et un jeune pâtissier qui allait livrer des gâteaux. Indemne, le tsar sort de son coupé. Le lanceur de bombe a été interpellé. Quelques secondes plus tard, un complice jette une seconde bombe. Cette-fois ci en direction du tsar debout. C’est un carnage. Son pied gauche a été arraché par l’explosion. Il est atteint au visage et gît dans un bain de sang. On le ramène rapidement au Palais d’ Hiver. Katia se jette sur son corps déchiqueté, le couvre de baisers en criant : "Sacha ! Sacha !"A 15 h 35, Alexandre II expire, entouré de toute sa famille. Son successeur, Alexandre III, est accompagné du nouvel héritier, le futur Nicolas II est horrifié par la vision de son grand-père martyrisé. Il n’oubliera jamais. Son père non plus : voilà où conduisent les réformes. Les deux prochains tsars refuseront d’en faire. Quant à Katia, son rêve est brisé. Alexandre II l’a financièrement mise à l’abri. Elle part seule, avec ses trois enfants, s’installer à Nice. Elle y mourra en 1922, âgée de 75 ans. A ce moment-là, l’Empire des Romanov n’existe plus et il n’y a plus de tsar en Russie. "Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 StudioAuteur et présentation : Jean des Cars Cheffe de projet : Adèle PonticelliRéalisation : Guillaume VasseauDiffusion et édition : Clémence OlivierGraphisme : Europe 1 StudioDirection Europe 1 Studio : Claire Hazan Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ?>> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr et sur Apple Podcasts , SoundCloud , Dailymotion et YouTube , ou vos plateformes habituelles d’écoute.>> Retrouvez ici le mode d'emploi pour écouter tous les podcasts d'Europe 1
En savoir plusVirginie Girod raconte l'étrange expérience vécue par deux touristes anglaises dans les jardins du Petit-Trianon, dans un épisode inédit d'Au coeur de l'Histoire.<br /> <br /> Le 10 août 1901, Annie Moberly et Eleanor Jourdain, visitent les jardins du Petit Trianon, à Versailles, quand elles sont prises de malaise. Au détour d'un sentier, elles croisent un homme vêtu d'un curieux accoutrement, appartenant au passé. Plus loin, elles tombent sur un pavillon chinois qui n'apparait pas sur leur guide. Au gré de leur promenade, d'autres personnages croisent leur chemin, tous plus étranges les uns que les autres. A leur retour, les Anglaises en sont persuadées : elles ont croisé des fantômes.
20 janvier 2025 - 13 min
Esprit es-tu là ? Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la fièvre spirite s’empare de l’Europe. Dans les salons, on fait tourner les tables, et l’on cherche à communiquer avec l’au-delà. Victor Hugo lui-même reçoit de célèbres fantômes dans sa maison de Jersey, dans les îles anglo-normandes !<br /> <br /> La semaine prochaine, dans Au cœur de l’Histoire, découvrez l’étonnante histoire du spiritisme dans un entretien inédit, rencontrez Allan Kardec, grande figure française de la communication avec les morts, et arpentez les allées hantées du Petit-Trianon, à Versailles…
19 janvier 2025 - 01 min
ENTRETIEN - Qui étaient la Pythie et les prêtresses de la Grèce antique ?
Dans la Grèce antique, certaines femmes sont choisies pour tenir le rôle d’intermédiaire entre la cité et les dieux. Ces prêtresses sont associées à des sanctuaires, assurent le culte d’une divinité, et se voient confier de multiples fonctions. Mais sont-elles considérées comme les égales des prêtres ? Dans une société où les femmes ne participent qu’indirectement à la vie civique, les prêtresses ont-elles un statut à part ? <br /> <br /> Pour en parler, Virginie Girod reçoit l’historienne Aurélie Damet. Maîtresse de conférences en histoire grecque à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, elle est notamment l’auteure du livre "Les Grecques, destins de femmes en Grèce antique" aux éditions Tallandier.
18 janvier 2025 - 21 min
Louise de la Vallière, la douce favorite de Louis XIV
Virginie Girod raconte la relation qui unit le Roi-Soleil à Louise de la Vallière (1644-1710), favorite royale ayant quitté la Cour pour intégrer un couvent.<br /> <br /> Première favorite officielle de Louis XIV, Louise de la Vallière vit une passion sincère avec le roi, donnant naissance à plusieurs enfants illégitimes. Détrônée par Madame de Montespan, elle endure humiliation et isolement avant de se tourner définitivement vers Dieu. Louise de la Vallière meurt en 1710, laissant l’image d’une amante sincère et d’une âme pieuse.
17 janvier 2025 - 17 min
Les recluses du Moyen-Âge, des femmes emmurées en centre-ville
Virginie Girod raconte le quotidien des femmes recluses au Moyen-Âge, dans un épisodes inédit d'Au coeur de l'Histoire. <br /> <br /> Au XIVe siècle, les reclusoirs se développent dans les centres urbains en Europe. Ces maisonnettes sont adossées aux fortifications des villes ou à certains édifices religieux. Les recluses, qui y sont volontairement enfermées, s'y consacrent à la prière et à la pénitence dans des conditions particulièrement spartiates.
16 janvier 2025 - 16 min
ENTRETIEN - La ville de Nantes est-elle en Bretagne ?
La ville de Nantes est le chef-lieu de la région des Pays de la Loire. Mais en son coeur se dresse le majestueux château des ducs de Bretagne, gardé par la statue de celle qui en est sans doute la figure la plus emblématique : la duchesse Anne de Bretagne (1477-1514), devant laquelle passent parfois des défenseurs de l’identité bretonne arborant un drapeau blanc et noir… Et oui, Nantes n’a-t-elle pas été bretonne des siècles durant ? <br /> <br /> Pour évoquer l'identité bretonne de Nantes, Virginie Girod l’historien Joël Cornette. Professeur émérite à l’Université Paris VIII, il est spécialiste de la monarchie d’Ancien régime et de la Bretagne et l’auteur, notamment, du livre "Une brève histoire de l’identité bretonne", publié en poche dans la collection Texto des éditions Tallandier.
15 janvier 2025 - 15 min
[2/2] Anne de Bretagne, duchesse et reine de France
Virginie Girod raconte Anne de Bretagne (1477-1514), duchesse, deux fois reine de France, devenue le symbole de la lutte pour l'indépendance de la Bretagne.
13 janvier 2025 - 12 min
[1/2] Anne de Bretagne, duchesse et reine de France
Virginie Girod raconte Anne de Bretagne (1477-1514), l'héritière d'un duché hautement stratégique devenue reine de France par deux fois.
13 janvier 2025 - 13 min
TEASER - Anne de Bretagne, symbole de la lutte pour l'indépendance bretonne
La semaine prochaine, dans Au coeur de l'Histoire, découvrez un récit inédit en deux épisodes dans lequel Virginie Girod vous plongera au coeur de la Bretagne historique, derrière les murs du château de Nantes, et sur les côtes de l’Armorique où la duchesse Anne de Bretagne demeure une figure tutélaire, plus de cinq siècles après sa mort.
12 janvier 2025 - 01 min
ENTRETIEN - L’archéologie de la piraterie.
Imaginez un pirate. Spontanément, vous penserez peut-être au Capitaine Crochet, à Jack Sparrow ou à Rackham le Rouge. Vous imaginerez un homme arborant un cache-oeil et une jambe de bois, un perroquet juché sur l’épaule. Le pirate vous évoquera de fabuleux trésors, un drapeau à tête de mort ou des bouteilles de rhum à foison. Et si l’archéologie venait à bout de ces clichés ? C’est ce que l’on va voir avec l’archéologue Jean Soulat, directeur du programme "Archéologie de la Piraterie" du laboratoire "Laboratoire LandArc", il a écrit plusieurs ouvrages de vulgarisation consacrés aux pirates dont le dernier "La grande histoire pop des pirates" est paru aux éditions Eyrolle.
11 janvier 2025 - 17 min
En 1880, deux mois après la mort de la grande-duchesse Maria Alexandrovna, le Tsar Alexandre II épouse Katia Dolgorouki. Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire", produit par Europe 1 Studio, Jean des Cars revient sur une histoire d'amour interdite au dénouement tragique.
Quelques jours après la Saint-Valentin , Jean des Cars vous raconte l'histoire d'un amour passionné, interdit et finalement tragique. Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire" , produit par Europe 1 Studio, découvrez le coup de foudre entre le tsar de Russie Alexandre II et la belle aristocrate Katia Dolgorouki.
Le 18 juillet 1880, à 15h, dans le grand palais de Tsarskoïe Selo, Alexandre II, 62 ans, vêtu de l’uniforme bleu pâle des Hussards de la Garde, va chercher dans sa chambre Katherine Dolgorouki, sa maîtresse, âgée de 34 ans. Elle porte une robe de drap beige, aucune fleur, aucun diadème et pourtant, si le Tsar vient la chercher, c’est parce que l’on va célébrer leur mariage. Ils s’aiment depuis quatorze ans. Pour le Tsar, c’est le plus beau cadeau qu’il puisse lui offrir. Pour elle, c’est une sorte de triomphe. Tous deux traversent le palais jusqu’à un petit salon, isolé et sans meuble. Au milieu, une simple table qui va servir d’autel. L’archiprêtre du Palais d’Hiver y a disposé une croix, un Evangile, deux flambeaux, les couronnes indispensables au rite orthodoxe et deux alliances.
Deux seuls témoins, des généraux proches de l’Empereur, feront office de garçons d’honneur et tiendront les couronnes au-dessus de la tête des fiancés. Derrière eux, un couple d’amis de Katia. Et c’est tout. Bien sûr, il s’agit d’un mariage morganatique. Ce qui veut dire que la mariée ne deviendra pas tsarine et les trois enfants qu’elle a eu du tsar ne seront pas héritiers. Néanmoins, le souverain va faire de sa nouvelle épouse la princesse Yourievski. Les enfants porteront le même titre avec le prédicat de altesses sérénissimes.
Un scandale, un sacrilège !
Pour les enfants du premier mariage du tsar, qui ne sont même pas au courant, c’est une véritable provocation. Pour la Cour, c’est un scandale. Pour le clergé orthodoxe, c’est un sacrilège : la première épouse du tsar, Maria Alexandrovna, s’est éteinte il y a moins de deux mois, victime de la tuberculose. Si le deuil de Cour, de 40 jours, est effectivement terminé, il est, en principe, impossible de se remarier moins d’un an après le décès de la légitime épouse. Mais Katia compte tellement pour le tsar, il est tellement fou d’elle, il a été si malheureux de lui imposer une vie clandestine de quatorze ans qu’il est prêt à tout pour se racheter.
Quant à Katia, certes amoureuse du souverain, mais aussi ambitieuse, elle accomplit le premier acte de son rêve : épouser le tsar ! Il ne lui reste plus qu’à se faire couronner impératrice.
Mais qui sont réellement la belle Katia et cet homme de 62 ans ? Et comment est-il tombé amoureux de cette jeune princesse désargentée ?
Coup de foudre à l’Institut Smolny
Alexandre II est monté sur le trône des Romanov en 1855. Son père, le tsar Nicolas 1er, ne lui laisse pas un héritage facile : une guerre de Crimée inachevée et qui tourne au désastre pour la Russie et un pays révolté par la poigne de fer de celui qui était surnommé "le gendarme de l’Europe".
Pour ne rien arranger, le traité de Paris, en 1856, met fin à la guerre de Crimée dans des conditions désagréables pour la Russie. Elle se voit privée d’accès aux Détroits et donc d’un accès à la Méditerranée.
Alexandre II se veut un tsar réformateur. Il va mettre six ans à imposer l’abolition du servage en Russie. C’est une idée généreuse et courageuse. Mais elle ne lui vaudra que des ennuis. L’aristocratie proteste, les paysans vont s’endetter pour acheter leurs terres. Beaucoup vont gagner les villes qui s’industrialisent, en particulier Saint-Pétersbourg. Ils constituent un prolétariat misérable qui sera le terreau des idées révolutionnaires. Un mouvement nihiliste est constitué. Et le tsar réformateur qui voulait faire le bonheur de son pays sera victime de huit attentats.
En famille, le tsar a été très heureux avec sa ravissante et intelligente épouse. Elle lui a donné sept enfants, six garçons et une fille. Mais Maria Alexandrovna est de santé fragile. Elle est épuisée par ses maternités successives et sans doute déjà rongée par la phtisie, qui finira par l’emporter. Alexandre II est beau, séduisant, il aime les femmes. Il aura quelques aventures sans suite. C’est au moment où son épouse lui ferme sa chambre, car elle ne peut plus risquer d’être de nouveau enceinte, qu’Alexandre II choisit de s’en détourner complètement et rencontre celle qui sera le véritable amour de sa vie.
Catherine Dolgorouki, Katia pour les intimes, appartient à une famille noble ruinée. Elle est pensionnaire à l’Institut Smolny. C’est une institution fondée par la fille de Pierre le Grand, Elisabeth 1ère, pour l’éducation des jeunes filles de l’aristocratie. L’équivalent russe du Saint-Cyr de Madame de Maintenon.
La tsarine vient souvent visiter Smolny. Elle s’intéresse à ses pensionnaires. Alexandre II l’accompagne parfois et remarque le regard malicieux de la jeune Katia. Un jour de printemps, alors qu’il se promène au Jardin d'été, il la croise, la reconnaît et commence à lui parler. L’académicien Henri Troyat, d’origine russe, nous décrit la scène : "A la fois fière et effrayée d’avoir été distinguée par Sa Majesté, elle n’a qu’une hâte, c’est de s’échapper et disparaître. Alexandre, cependant, la dévore du regard. Elle a des traits fins, un teint d’ivoire, des tresses chatain, souples et soyeuses, des yeux fendus en amande et un sourire enjôleur. Tant de joliesse et de naïveté le transportent".
Tout Saint-Pétersbourg est au courant de cette nouvelle liaison
Elle a 17 ans. Il va la revoir souvent. Ils se promènent dans les parcs impériaux. Alexandre lui déclare son amour. Elle se refuse. Elle mettra deux ans à lui céder. C’est le 13 juillet 1866 que Katia devint la maîtresse du Tsar. Ils se sont retrouvés au belvédère de Babygone, un ravissant pavillon à colonnade dominant la Baltique dans le parc du palais de Peterhof. Il a 29 ans de plus qu’elle mais qu’importe ! C’est une révélation sensuelle réciproque que le temps n’émoussera jamais. Ils échangent une correspondance érotique. C’est le tsar qui s’exprime : "N’oublie pas que toute ma vie est à toi, ange de mon âme, et que le seul but de cette vie est de te voir heureuse, autant qu’on peut être heureux au monde... Je me sens tout imprégné de notre délicieuse soirée d’hier et de nos... (mot censuré) délirants qui nous ont fait jouir à crier. Et à nos ébats..."
La réponse de Katia n’est pas moins inouïe puisqu’elle ose écrire : "Je t’aime à la folie, mon cher mari délirant, ma vie, mon tout, et cela déborde de moi. Je n’en reviens pas du bonheur de t’avoir vu hier et avoir tant joui vraiment de ces délices n’a pas de nom. Et certes, rien au monde ne peut y être comparé".
Il faut noter que Katia appelle le tsar "mon cher mari". Lui a-t-il promis quelque chose ? Ou lui suggère-t-elle que cela pourrait arriver un jour ? Le tsar remet à Katia une clé. Ainsi, elle pourra s’introduire, par une petite porte du Palais d’Hiver, jusqu’à ses appartements privés. Ils ont des rendez-vous qu’ils croient discrets mais hélas, rien dans la vie du souverain ne peut-être complètement secret. Tout Saint-Pétersbourg est au courant de cette nouvelle liaison. C’est fâcheux car au même moment, la Monnaie de la capitale russe émet une pièce d’un rouble en or qui célèbre les 25 ans de mariage du couple impérial !
La liaison s'organise
Depuis deux ans, Katia, qui a fini ses études, vit chez son frère et sa belle-sœur, le prince et la princesse Michel Dolgorouki. La princesse est inquiète des rumeurs circulant sur la liaison de Katia. Elle juge qu’il faut protéger la jeune fille. Elle l’emmène avec elle à Naples, dans sa famille. Alexandre II est désespéré. Il lui écrit tous les jours. Elle lui manque terriblement, au point qu’à l’occasion d’une visite d’Etat à Paris, à l’été 1867, il demande à Katia de le rejoindre.
Napoléon III loge ses hôtes officiels à l’Elysée. Katia arrive de Naples et s’installe dans un hôtel du boulevard des Capucines. Elle retrouve son amant le soir à l’Elysée, par une porte secrète. Alexandre II a bien besoin d’être réconforté. Certes, il est ébloui par les fastes de la Fête Impériale pour l’Exposition Universelle. Mais il est sans cesse insulté et agressé par des Polonais en exil. Même les Français s’en mêlent ! Au passage du cortège du tsar, le républicain Charles Floquet lui lance : "Vive la Pologne, Monsieur !" Pire, un Polonais tire sur le tsar devant la grande cascade au Bois de Boulogne, le manquant de peu. Alexandre II est furieux et il faudra tout le charme et la persuasion de l’impératrice Eugénie pour qu’il n’abrège pas son séjour.
A son retour de Paris, la liaison s’organise. Katia réside toujours chez son frère et sa belle-soeur dans un hôtel particulier du quai des Anglais, à Saint-Pétersbourg. Katia a ses propres domestiques et son équipage. Au Palais d’Hiver, le tsar met à sa disposition l’ancien Cabinet de travail de son père Nicolas 1er. Lors des séjours aussi bien Tsarskoïe Selo qu’à Peterhof ou en Crimée, à Livadia, elle dispose d’une villa à proximité de la résidence du tsar.
Pour justifier sa présence à la Cour, Alexandre II la fait nommer demoiselle d’honneur de l’impératrice. Celle-ci avale, résignée, cette nouvelle couleuvre. Mais Katia profite peu de cette fonction. On ne la voit pas dans la voiture officielle de la tsarine. Elle tient, par-dessus tout, aux moments d’intimité qu’elle partage avec le tsar. Lors de ses voyages à l’étranger, elle l’accompagne. A Ems, en Rhénanie, en juin 1870, lors de la rencontre d’ Alexandre II avec le roi de Prusse Guillaume 1er, elle dispose d’une petite villa.
La favorite s'installe au Palais d'Hiver
Le 3 avril 1872, au Palais d’Hiver, Katia accouche de son premier enfant avec Alexandre II, le petit Georges. Pour éviter un scandale, le bébé est placé dans une maison surveillée par la police secrète. Une nourrice russe et une gouvernante française prennent soin de lui. En 1873, c’est la naissance d’une fille, Olga. En 1876, un nouveau fils, Boris, vient au monde mais il meurt très vite. En 1877, le tsar engage une guerre contre l’Empire Ottoman. La campagne est rude mais victorieuse. La paix de San Stefano, en 1878, est très avantageuse pour la Russie. Mais le Congrès de Berlin réduit considérablement ces dispositions. Le tsar est déçu, amer, et comme toujours, c’est auprès de Katia qu’il trouve du réconfort. Il prend alors une décision provocante. : il installe sa seconde famille au deuxième étage du Palais d’Hiver... juste au-dessus de ses propres appartements ! La tsarine, épuisée et malade, subit l’affront. Elle se confie à son amie la comtesse Alexandrine Tolstoï : "Je pardonne les offenses qu’on fait à la souveraine ; je ne peux prendre sur moi de pardonner les tortures qu’on inflige à l’épouse".
En imposant la présence de sa favorite au palais, Alexandre II satisfait, certes, son désir d’intimité avec Katia mais il dresse toute la Cour contre elle. Bien que Katia se montre discrète, elle est en contact avec la domesticité impériale, femmes de chambre, valets, cuisiniers, cochers, intendants et même avec quelques dignitaires.
Certains courtisans s’adressent à elle pour qu’elle use de son influence auprès du tsar en leur faveur. On cherche son appui dans une entreprise commerciale. Mais même ceux qui la sollicitent la condamnent. Le tsar vieillit, il est fatigué, amaigri et voûté. Et pourtant, il est heureux. Katia, le 9 septembre 1878, donne naissance à leur quatrième enfant, une petite Catherine, qui le comble de bonheur. Joie intime d’un côté, désapprobation générale de l’autre : la double vie du tsar est très mal perçue, particulièrement par l’héritier, le tsarévitch, futur Alexandre III.
Un attentat et la fin d'un amour
Cependant, les Nihilistes sont de plus en plus audacieux. En janvier 1878, une terroriste blesse grièvement, par balles, le chef de la police de Saint-Pétersbourg. Non seulement, cette femme est acquittée lors de son procès mais portée en triomphe comme une héroïne. Le 2 avril 1879, un homme tire à cinq reprises sur le tsar place de l’Etat-Major. Alexandre II ne doit son salut qu’à sa fuite en courant ! Il passe ses vacances avec Katia en Crimée. A leur retour à Moscou le 19 novembre, le train impérial échappe de peu à une bombe. Le 5 février 1880, c’est dans le Palais d’Hiver que les terroristes réussissent à faire exploser une bombe. Elle avait été placée dans la salle à manger où devait avoir lieu un dîner d’apparat en l’honneur du grand-duc Alexandre de Hesse et de son fils, Ferdinand de Bulgarie. Le train qui les amenait ayant pris du retard, le tsar et sa suite attendaient dans un salon. A quelques minutes près, ils auraient tous péri. L’attentat fait quand même 11 morts et 56 blessés ! L’explosif, dissimulé dans les soubassements, a détruit tout le corps de garde sous la salle à manger. C’est d’une incroyable violence !
Katia était dans ses appartements au deuxième étage, avec ses enfants. Elle ne pouvait être invitée au dîner officiel. Elle est terrorisée : les ennemis du tsar prennent de plus en plus de risques. Ils veulent le tuer... Au printemps suivant, l’impératrice meurt et moins de deux mois plus tard, le tsar épouse Katia. Elle n’est qu’une épouse morganatique mais c’est quand même la femme du tsar.
La situation de Katia n’est acceptée ni par sa famille ni par la Cour. Elle doit céder le pas à tous les grands-ducs et à toutes les grandes-duchesses. Pour elle, le protocole est une humiliation permanente. Le tsar songe alors à la faire couronner impératrice. Ce serait une première en Russie, la tsarine étant toujours couronnée en même temps que son époux. Ce serait aussi le dernier cadeau du souverain à Katia. Très las, il abdiquerait et irait vivre ensuite avec Katia et leurs trois enfants en France, sur la Côte d’Azur. Il s’est fait communiquer une liste de propriétés à vendre dans la région. Mais le destin en décide autrement...
Le dimanche 1er mars 1881, comme chaque semaine, Alexandre II se rend à une parade au Manège Michel, non loin du Palais d’Hiver. En début d’après-midi, le tsar revient du manège. Il fait froid mais il fait beau. Alors que le cortège longe le canal Catherine, perpendiculaire à la perspective Nevski, quelqu’un jette une bombe qui tue deux cosaques de l’escorte et un jeune pâtissier qui allait livrer des gâteaux. Indemne, le tsar sort de son coupé. Le lanceur de bombe a été interpellé. Quelques secondes plus tard, un complice jette une seconde bombe. Cette-fois ci en direction du tsar debout. C’est un carnage. Son pied gauche a été arraché par l’explosion. Il est atteint au visage et gît dans un bain de sang. On le ramène rapidement au Palais d’ Hiver. Katia se jette sur son corps déchiqueté, le couvre de baisers en criant : "Sacha ! Sacha !"
A 15 h 35, Alexandre II expire, entouré de toute sa famille. Son successeur, Alexandre III, est accompagné du nouvel héritier, le futur Nicolas II est horrifié par la vision de son grand-père martyrisé. Il n’oubliera jamais. Son père non plus : voilà où conduisent les réformes. Les deux prochains tsars refuseront d’en faire. Quant à Katia, son rêve est brisé. Alexandre II l’a financièrement mise à l’abri. Elle part seule, avec ses trois enfants, s’installer à Nice. Elle y mourra en 1922, âgée de 75 ans. A ce moment-là, l’Empire des Romanov n’existe plus et il n’y a plus de tsar en Russie.
"Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio
Auteur et présentation : Jean des Cars
Cheffe de projet : Adèle Ponticelli
Réalisation : Guillaume Vasseau
Diffusion et édition : Clémence Olivier
Graphisme : Europe 1 Studio
Direction Europe 1 Studio : Claire Hazan
Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ?
>> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr et sur Apple Podcasts , SoundCloud , Dailymotion et YouTube , ou vos plateformes habituelles d’écoute.
>> Retrouvez ici le mode d'emploi pour écouter tous les podcasts d'Europe 1
Julien Pichené
"Au Coeur de l'Actu", c'est le podcast de la rédaction d'Europe 1 qui vous éclaire sur les sujets qui font l'actualité. Découvrez nos formats courts "10 minutes pour tout savoir" et nos séries documentaires, enrichis avec les archives de la radio.
Olivier Delacroix
Au cœur de la nuit, les auditeurs se livrent en toute liberté aux oreilles attentives et bienveillantes d'Olivier Delacroix, du lundi au jeudi, et de Valérie Darmon, du vendredi au dimanche. Pas de jugements ni de tabous, une conversation franche mais aussi des réponses aux questions que les auditeurs se posent. Un moment d'échange et de partage propice à la confidence pour repartir le cœur plus léger. Si vous aussi vous souhaitez témoigner, laissez vos coordonnées en appelant Europe 1 au : 01 80 20 39 21 (numéro non surtaxé).
Maël Hassani
Tous les soirs, Maël Hassani vous livre le concentré de l'actualité du jour, tout en gardant un œil sur les événements à venir avec les Unes de la presse du lendemain.
Ombline Roche
Tous les soirs du lundi au vendredi entre 22h15 et 22h30 Ombline Roche vous plonge dans les musiques des années Top 50 sur Europe 1. Et si vous en voulez plus, rendez-vous les samedis et dimanches entre 21h et 22h !
Dimitri Pavlenko
Deux heures de direct à l'écoute de celles et ceux qui font le monde : le raconter, le décrypter et l'analyser pour donner des clés de lecture et de compréhension aux auditeurs.
Europe 1
Qui sont réellement ces icônes qui ont marqué la France et leur époque ?Ce nouveau podcast d'archives vous transporte dans le passé et retrace pour vous les parcours et épreuves hors du commun de ces artistes et grandes personnalités françaises. Comment sont nées ces légendes aux destins extraordinaires ? Des récits uniques, racontés par les grandes voix d'Europe 1 !
Pierre de Vilno
Le tour complet de l'actualité en compagnie de Pierre de Vilno et de la rédaction d'Europe 1 de 19 heures à 21 heures.
Hervé Mathoux
Chaque parcours de vie est constitué de réussites mais aussi… d’échecs. Bien souvent, ceux-ci nous renforcent et nous apprennent autant, si ce n’est plus que les succès. Dans cette nouvelle série d’entretiens, le journaliste Hervé Mathoux évoque avec son invité ses plus beaux "accidents". Première personnalité à se plier à l’exercice : l’acteur Denis Podalydès, sociétaire de la comédie française.
Céline Géraud
Tous les jours de la semaine pendant les fêtes, Céline Géraud fait un point de l'actualité à la mi-journée avec Europe 1 13h. Au programme : des reportages, des invités et la parole des experts et journalistes de la rédaction en studio pour apporter un éclairage supplémentaire.
Pascale de La Tour du Pin
Pendant les vacances de fin d'année, Pascale de La Tour du Pin prend les commandes de la grande tranche d'information des vendredi 27, samedi 28 et dimanche 29 décembre. Entouré des journalistes de la rédaction d'Europe 1 et de ses invités, il analyse, mène les débats et remet en perspective les dernières actualités.