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SAISON 2019 - 2020, modifié à

Il y a tout juste 80 ans, le général de Gaulle lançait un appel à ses compatriotes : "La flamme de la Résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas". Par ce discours prononcé depuis la BBC à Londres il refuse la défaite française. Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire", produit par Europe 1 Studio, Jean des Cars revient sur l'histoire de l'appel du 18 juin 1940.

Le 18 juin 1940, dans un discours prononcé depuis la BBC à Londres, un général français n’accepte pas la défaite. Il va franchir le Rubicon et forcer le destin. Dans ce nouvel épisode de "Au cœur de l'histoire", produit par Europe 1 Studio, Jean des Cars vous raconte l’histoire de l'appel lancé il y a 80 ans à Londres par le général de Gaulle. 

Le 18 juin 1940, peu avant 18 heures, le général de Gaulle pénètre dans le studio 4 B de la BBC. Il s’assied à la table ronde recouverte de tissus sur laquelle est posé le micro. Le présentateur français Maurice Thierry se lève pour l’accueillir. En effet, la BBC diffuse trois fois par jour des nouvelles en français. La stagiaire anglaise, Elizabeth Baker, qui l’a accompagné jusqu’au studio à travers les couloirs du quatrième étage de Broadcasting House, l’immeuble de la BBC, assiste à l’enregistrement. Le général pose son képi renversé à côté de lui ainsi que ses gants blancs. Maurice Thierry lit un court texte de présentation. De Gaulle commence à parler. Elizabeth Barker le décrit ainsi : "Il fixait le micro comme si c’était la France personnifiée et comme s’il voulait l'hypnotiser. Sa voix était claire, ferme et un peu forte, celle d’un homme s’adressant à ses soldats avant la bataille... Il ne paraissait pas nerveux mais extrêmement tendu comme s’il concentrait ses forces en un seul instant."

De Gaulle lui-même dira : "À mesure que s’envolaient les mots irrévocables, je sentais en moi-même se terminer une vie, celle que j’avais menée dans le cadre d’une France solide et d’une indivisible armée. À 49 ans, j’entrais dans l’aventure, comme un homme que le destin jetait hors de toutes les séries". 

C’est un bref discours de quatre minutes dans lequel il reprend, par trois fois, comme un leitmotiv "La France n’est pas seule". Le point fort du discours est celui-ci : "Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu’il arrive, la flamme de la Résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas."

Le discours sera diffusé à 22 heures. 48 heures auparavant, le général avait donné sa démission de Sous-Secrétaire d'Etat à la Guerre. Il venait d’apprendre que le président du Conseil, Paul Reynaud, avait cédé sa place au maréchal Pétain. Le lendemain, 17 juin, il gagnait Londres dans un avion britannique en compagnie de son aide-de-camp Geoffroy de Courcel et du général Spears, l’envoyé spécial de Churchill auprès du gouvernement français. Comment de Gaulle a-t-il obtenu, dès le jour de son arrivée à Londres, l’autorisation de lancer son appel le lendemain même, sur les ondes de la BBC ?

Sa rencontre avec Yvonne

Charles de Gaulle est né à Lille le 22 novembre 1890 au 11, rue Princesse. C’est la maison de ses grands-parents maternels et sa mère y a vécu jusqu’à son mariage. La famille de son père appartenait à une petite noblesse connue depuis le 13ème siècle. Henri de Gaulle, son père, issu d’une lignée de magistrats et d’officiers, avait choisi d’être professeur de français dans un collège de jésuites. C’est un intellectuel qui a légué à son fils la passion des choses de l’esprit et le goût de l’histoire, de la littérature et de la philosophie. 

Dès son enfance, Charles de Gaulle s’est plongé dans les livres : Racine, Corneille mais aussi Eschyle, Tacite, Chateaubriand, Barrès et Péguy. Après de solides études, Charles intègre Saint-Cyr dont il sortira en 1912. Il est alors nommé au 33ème Régiment d’Infanterie commandé par le colonel Pétain qui éprouve une grande amitié pour lui. Combattant durant la Première Guerre mondiale, Charles est fait prisonnier par les Allemands, en 1916, à Douaumont. Il a tenté cinq fois de s’évader mais restera prisonnier jusqu’en 1918.

La paix revenue, il est chargé de cours à Saint-Cyr en 1921. Cette même année, il épouse Yvonne Vendroux. Elle appartient à la bourgeoisie de vieille souche de Calais. Sa famille est catholique et son patriotisme est au moins aussi poussé que celui des de Gaulle : la mère d’Yvonne a été décorée de la Croix de Guerre pour son comportement héroïque.

C’est un mariage d’amour. Ils se sont rencontrés dans des soirées organisées par leurs familles respectives. Yvonne a alors dit à son frère Jacques : "Ce sera lui ou personne…" Ce sera lui et pour toute sa vie. Ils auront trois enfants, Philippe, né en 1922, Elisabeth en 1924 et la dernière Anne, en 1928. Cette dernière est trisomique. Denis Tillinac le raconte : "Ainsi advient le drame intime qui voilera l’âme du général d’une tristesse inguérissable... Pour Anne, le général mobilisera sans les épuiser les ressources de sa tendresse. Le mot ne colle pas avec le personnage - et pourtant, comment définir autrement le comportement de ce père qui, jour après jour promène sa petite fille, l’assied sur ses genoux, lui raconte des histoires pour lui soutirer un sourire, vient chaque soir dans sa chambre à l’heure de son coucher joindre ses mains en récitant avec elle la prière."

La stature d'un chef

Il sort de l'Ecole de Guerre en 1924 et poursuit sa carrière sous la protection du maréchal Pétain, devenu vice-président du Conseil Supérieur de la Guerre. De Gaulle fera partie de son cabinet de 1925 à 1927. Son caractère solitaire et impérieux, son intelligence, ses ambitions ne le poussent pas à la vie d’un officier ordinaire. Il va ronger son frein en étant en garnison à Trèves, en Allemagne, de 1927 à 1929, puis au Liban de 1929 à 1931. Pétain le rappelle et le nomme secrétaire du Conseil Supérieur de la Défense Nationale.

De Gaulle est un théoricien militaire, passionné par les problèmes de stratégie et aussi par le rôle du chef dans l’Histoire. Il va publier plusieurs livres. Le plus connu est Le fil de l’épée en 1932. Et, en 1938, il publie La France et son armée, ce qui va le brouiller avec Pétain. Le maréchal avait participé à l’élaboration de l’ouvrage mais de Gaulle va l’écrire seul et le signer.

Dans ce volume, il théorise la guerre de mouvement, préconise une armée de métier dont le fer de lance serait constitué par des chars. C’est exactement la théorie mise en pratique par le général Guderian en Allemagne. Hélas, de Gaulle n’est pas entendu par l’état-major.

Il se tourne alors vers les politiques, comme Léon Blum puis Paul Reynaud, pour essayer de se faire entendre. Tous l’approuvent, aucun ne réussira à imposer ses idées. L’offensive allemande de 1940 démontre combien le colonel de Gaulle avait raison : les Allemands ont tout ce qu’il avait préconisé : une armée de métier, des blindés en grand nombre, un soutien aérien sans faille. 

La victoire de Montcornet

Le 15 mai 1940, de Gaulle prend le commandement de la 4ème Division Cuirassée. L’armée allemande a percé la veille le front à Sedan, comme en 1970. Triste et symbolique souvenir. 

De Gaulle s’installe aux environs de Laon, dans l’Aisne, au village de Bruyères. Le 30 mai, il remporte la seule victoire française de cette guerre. C’est même une double victoire. D’abord, une mission de reconnaissance à Montcornet pour barrer aux panzers allemands les route de Laon, Reims et Saint-Quentin le 17 mai. Le 28 mai, il réussit une percée jusqu’à Abbeville pour retarder l’avancée des chars ennemis. Une bande de 14 kms gagnée sur les Allemands. Il en est très fier. 

Ce fait d’armes lui vaudra sa promotion au grade de général de brigade à titre temporaire. Puis, Paul Reynaud, devenu président du Conseil, l’appelle le 10 juin 1940 au Sous-Secrétariat d’Etat à la Défense Nationale. S’il est fier de sa victoire, ce général est lucide : il sait bien qu’elle est sans conséquence car pour l’armée française, c’est l’heure de la débâcle. Il écrit alors : "Au spectacle de ce peuple éperdu et de cette déroute militaire, au récit de cette insolence méprisante de l’adversaire, je me sens soulevé d’une fureur sans borne. Ah ! C’est trop bête ! La guerre commence infiniment mal. Il faut donc qu’elle continue. Il y a, pour cela, de l’espace dans le monde. Si je vis, je me battrai, où il faudra, tant qu’il faudra, jusqu’à ce que l’ennemi soit défait et lavée la tâche nationale. Ce que j’ai pu faire, par la suite, c’est ce jour-là que je l’ai résolu."

De Gaulle rencontre Churchill 

Quatre jours après sa nomination au gouvernement, le dimanche 9 juin 1940, le général de Gaulle accompagne Roland de Margerie, chef du Cabinet diplomatique de Paul Reynaud, qui doit rencontrer Churchill, le Premier ministre britannique. Ils partent du Bourget ravagé par les bombardements allemands. Ils gagnent Londres sans incident. Il est à noter que tant pour de Gaulle, que pour Churchill et même pour le roi George VI, lorsqu’ils considéraient qu’il était de leur devoir de prendre un avion pour une rencontre diplomatique importante, ils n’hésitaient jamais à le faire, même au péril de leur vie. 

Ils viennent demander à Churchill l’envoi d’avions de la Royal Air Force en France pour éviter un désastre total. Churchill doit les leur refuser car il va en avoir trop besoin pour ce qu’on appellera la Bataille d’Angleterre, la prochaine étape de la guerre. Entre Churchill et de Gaulle, à ce moment précis, le courant passe. Churchill trouve qu’il "est le seul militaire calme et intelligent qui reste". Quant à de Gaulle, il a été impressionné par Churchill et il n’est pas facile d’impressionner de Gaulle :"L’impression que j’en ressentis m’affermit dans ma conviction que la Grande-Bretagne, conduite par un pareil lutteur, ne fléchirait certainement pas. M. Churchill me parut être de plain-pied avec la tâche la plus rude, pourvu qu’elle fût aussi grandiose... Bref, je le trouvai bien assis à sa place de guide et de chef."

La rencontre de Tours

Les deux hommes vont avoir deux occasions de se revoir avant le 17 juin, les deux fois sur le sol français et les deux fois dans des circonstances calamiteuses pour la France. La première sera lors de la conférence au château du Muguet, à Briare. En effet, devant l’avancée allemande, le gouvernement français à décidé de se replier à Bordeaux. La rencontre entre Churchill et les autorités a lieu lors d’une halte dans le Val-de-Loire. Churchill est accompagné du général Spears et d’Anthony Eden qui sera, plus tard, son ministre des Affaires Etrangères. Rien ne se décide à Briare. Au matin du 13 juin, Paul Reynaud demande à Churchill de se rendre à la Préfecture de Tours. Trois heures plus tard, Churchill est à bord de son Flamingo jaune. C’est la cinquième fois qu’il survole la Manche depuis le 10 mai. C’est aussi la dernière avant de longues années mais il ne sait pas encore...

Cette réunion sera la plus difficile de toutes, puisque Paul Reynaud demande au Premier ministre britannique de délier la France de son engagement signé le 19 mars 1940 de ne jamais conclure une paix séparée. Le général de Gaulle est présent à la Préfecture de Tours le 13 juin. Il n’y avait pas été convié. Margerie l’en a prévenu à la dernière minute.

A la demande de Paul Reynaud, Winston Churchill répond. Il sait très bien ce que la France est en train de subir. Le tour du Royaume-Uni viendra bientôt et il est prêt. La cause de la France lui sera toujours chère mais on ne saurait demander aux Britanniques de renoncer à l’engagement solennel qui lie les deux pays. Churchill termine en disant : "Hitler ne peut pas gagner. Attendons avec patience son effondrement."

Laissons Churchill raconter ce qu’il a dit à de Gaulle l’issue de cette conférence : "Alors que je traversais le couloir plein de monde qui menait à la cour, je vis le général de Gaulle qui se tenait près de l’entrée, immobile et flegmatique. Le saluant, je lui dis à mi-voix, en français : L’homme du destin ! Il resta impassible".

Les évènements vont alors se précipiter. Le gouvernement arrive à Bordeaux. De Gaulle est accompagné de son aide-de-camp Geoffroy de Courcel, qu’il a choisi parce que ce secrétaire d’ambassade qui avait été en poste à Athènes parle parfaitement anglais. En apprenant que le maréchal Pétain remplace Paul Reynaud, de Gaulle remet sa démission au gouvernement. Il se rend alors à l’hôtel où réside l’ambassadeur britannique Ronald Campbell, bientôt rejoint par le général Spears. Ce dernier et de Gaulle décident de partir pour Londres le lendemain matin. Geoffroy de Courcel demande à les accompagner. Il veut, lui aussi, continuer à se battre. Il sera le premier à rejoindre la France Libre et le premier Compagnon de la Libération.

De Gaulle arrive à Londres 

Le 17 juin, à 9 heures, le général français, son aide-de-camp et le général Spears décollent de l’aérodrome de Bordeaux dans un Flamingo britannique. Ils atteignent Londres à 10 h 30. Ils déjeunent au Royal Automobile Club. Puis, les deux Français déposent leurs bagages dans un appartement situé 6, Seymour Place (aujourd’hui Curzon Street), près de l'hôtel Dorchester. C’est l’ancien directeur de Cabinet de de Gaulle, Jean Laurent, alors directeur général de la Banque d’Indochine, qui l’a choisi et leur en a remis les clés. 

Ils sont attendus à 15 h par Churchill au 10, Downing Street. Que peut penser Churchill ? Il aurait peut-être espéré que Paul Reynaud ait eu le cran de tenter l’aventure. Que peut-il donc penser du seul Français qui a décidé de franchir le Rubicon ? Il en pense du bien ! Churchill aime l’aventure et les héros. L’audace et le courage du général de Gaulle, qui a tout abandonné pour servir l’honneur de la France le séduit.

Spears a été lui aussi conquis par cet homme qu’il appelle "Le Connétable". A la seconde même où de Gaulle demande à s’exprimer à la BBC, Churchill lui donne son accord. Le même jour, ce 17 juin, Pétain, dans une allocution radiophonique, à 12 h 30 annonce qu’il fait "don de sa personne à la France" et une demande d’armistice à l'Allemagne.

Le rôle d'Elisabeth de Miribel

Si de Gaulle a tout abandonné, il souhaite tout de même que sa famille le rejoigne en Angleterre. Il demande aux Britanniques d’assurer leur rapatriement. Yvonne de Gaulle est alors en Bretagne, à Carantec, avec ses trois enfants. Outre le fait de satisfaire la demande du général, les Britanniques s’inquiètent d’une potentielle capture par les Allemands des proches du général. Ils seraient des otages de choix. Toutefois, rien ne va se passer comme prévu. 

Un petit hydravion Walrus décolle de Londres, à 3 heures du matin le 18 juin. Le Walrus s’écrase une heure après son décollage, non loin de Carantec. Les quatre membres de l’équipage sont morts. Mais entre-temps, Yvonne et ses enfants, munis de passeports remis par Roland de Margerie, ont gagné Brest. Ils sont montés dans l’un des deux derniers bateaux partant pour l'Angleterre. L’autre navire sera coulé. La famille débarque le 19 au matin. Et c’est là qu’ils apprennent que de Gaulle a fait un discours, la veille, à la BBC. Philippe, qui a 18 ans, s’engagera. Elisabeth poursuivra ses études à Oxford et Yvonne se chargera de la petite Anne, âgée de 10 ans. S’ils retrouvent le général, pendant quatre ans ils auront peu l’occasion de le voir.

Mais revenons au général de Gaulle. Après avoir rencontré Churchill le 17 juin, il retourne dans son appartement, commence à réfléchir à son discours. Geoffroy de Courcel est chargé de lui trouver une secrétaire capable de dactylographier son texte. Elle s’appelle Elisabeth de Miribel. C’est une amie d’enfance de Geoffroy de Courcel. Elle est alors attachée à la Mission économique française à Londres. Son patron n’est autre que Paul Morand. Celui-ci s’apprête à regagner la France. Il lui propose de partir avec lui. Le choix sera vite fait. Elisabeth de Miribel avait déjà été présentée au général lors de sa visite du 9 juin. Elle espérait l’appel de Geoffroy de Courcel. Elle aussi va entrer dans l’histoire.

Les péripéties d'un discours historique 

Dans la matinée du 18 juin, de Gaulle commence la rédaction de son discours. Elisabeth de Miribel rejoint le général et son aide-de-camp. Elle raconte : "J’étais si émue que j’étais allée m’acheter un grand chapeau de feutre avant de me rendre au rendez-vous. Le 18, je le revois à Seymour Place. Courtois à l’extrême, il m’offre le thé tout en évoquant avec un grand calme le conflit et l’avenir de la France."

Elle n’est pas une dactylo très expérimentée. L’écriture du général est difficile à lire et son texte est très raturé. Qu’importe : elle accomplira sa tâche. A midi tombe une mauvaise nouvelle : le Cabinet de Guerre de Churchill estime que de Gaulle ne doit pas parler à la BBC. Churchill n’était pas présent à cette réunion car il préparait alors son propre discours qu’il devait prononcer dans l’après-midi à la Chambre des Communes.

Les raisons du cabinet de guerre sont multiples : de Gaulle est un inconnu, il n’est plus ministre, c’est un simple officier de l'armée française en rupture de ban. De plus, le Cabinet de Guerre ne veut pas désavouer le gouvernement du maréchal Pétain tant qu’on ne connaît pas les conditions de l’armistice que l'Allemagne va imposer à la France. C’est Chamberlain et Halifax, ennemis jurés de Churchill et partisans de négociations avec l'Allemagne, qui dominent le Cabinet de Guerre en l’absence de Churchill.

Autre mauvaise nouvelle : Churchill, lorsqu’il a reçu la première mouture du texte du général, a demandé quelques modifications. En particulier, il doit se montrer moins dur à l’encontre du gouvernement Pétain. Churchill est très inquiet de l’avenir de la Flotte française : il craint qu’elle ne passe sous le contrôle des nazis. De Gaulle amende son texte mais il n’est toujours pas sûr de pouvoir le prononcer à la BBC.

Pendant ce temps, le général Spears est à la manœuvre : il lui faut convaincre Churchill de demander aux membres du cabinet de Guerre de revoir leur position sur le discours du général français.

A 17 heures, il parvient à convaincre John Colville, secrétaire particulier de Churchill, de réveiller le Premier ministre dans sa sacro-sainte sieste. En effet, cette sieste lui était indispensable car elle lui permettait de travailler jusqu’à 3 ou 4 heures du matin puis de démarrer, en pleine forme, dès 8 heures, sa journée de travail.

Churchill est donc réveillé. Il passe plusieurs coups de fil. Spears rencontre chaque membre du Cabinet. Peu avant 18 h, de Gaulle retrouve le droit de parler à la BBC. Le général a juste le temps d’appeler un taxi pour s’y rendre. Comme je vous l’ai raconté au début, ce discours historique a été enregistré à 18 heures et diffusé à 22 heures. Il est difficile de dire qui a vraiment entendu l’Appel du 18 juin. Par la radio, sans doute pas grand monde. Mais le bouche-à-oreille a largement fonctionné. Le lendemain en France, Le Petit Provençal l’évoque dans ses pages. Peu importe si ce discours n’a pas été immédiatement entendu. De Gaulle, déjà chef militaire, est devenu un chef politique. Au matin, dans les heures qui suivent, les premiers volontaires vont se présenter à Seymour Place. L’épopée de la France Libre commence. 

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"Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio

Auteur et présentation : Jean des Cars 

Cheffe de projet  : Adèle Ponticelli

Réalisation : Laurent Sirguy et Guillaume Vasseau

Diffusion et édition : Clémence Olivier

Graphisme : Europe 1 Studio

Bibliographie : Denis Tillinac Dictionnaire Amoureux du Général (Plon, 2020), François Kersaudy Winston Churchill (Tallandier, 2011), Sous la direction de Patrice Gueniffey et François-Guillaume Lorrain Les grandes décisions de l’histoire de France (Perrin / Le Point, 2018)