Zone euro : quel scénario pour une sortie de la Grèce ?

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avec Anne-Laure Jumet
Après le non au référendum de dimanche, le spectre d'un "Grexit" hante l'Europe.

Après le non des électeurs grecs aux réformes préconisées par les créanciers d'Athènes en échange d'une aide financière, la Grèce va-t-elle sortir de l'euro ? La question hante les capitales européennes, alors qu'un sommet des dirigeants de la zone euro est prévu mardi à Bruxelles. L'hypothèse est d'autant plus délicate qu'elle n'est pas prévue par les traités européens. Les textes comportent une clause de retrait pour un Etat souhaitant quitter l'Union européenne, mais aucune disposition ne concerne un retrait de la seule zone euro.

Le scénario concerté. En France, des voix s'élèvent malgré tout pour que la Grèce quitte la monnaie unique de façon concertée. "Nous devons l'aider à organiser sa sortie, sans drame", estime Alain Juppé. "Il faut mettre la Grèce en congé de l'euro", renchérit Valéry Giscard d'Estaing sur le site de L'Express. Un avis partagé par l'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement, qui a préconisé un "Grexit amical", lundi sur Europe 1.

Comment se déroulerait cette "sortie accompagnée", selon les termes de Jean-Pierre Chevènement ? L'ancien sénateur envisage la création d'un "euro-drachme", une monnaie qui serait introduite en Grèce et dont le cours serait lié à l'euro. L'économie grecque profiterait ainsi d'une monnaie dévaluée. "Cela donnerait à la Grèce une possibilité de voir croître son économie, d'attirer davantage de touristes, de rétablir une balance agricole excédentaire, de développer des services", selon Jean-Pierre Chevènement. Une transition qui serait encadrée par la Banque centrale européenne, qui continuerait à maintenir les banques grecques sous perfusion grâce à des prêts d'urgence.

Le scénario brutal. Le hic, c'est que même après le non au référendum de dimanche, Athènes n'envisage absolument pas de quitter la monnaie unique. Les principaux partis politiques grecs se sont même mis d'accord lundi sur un texte de soutien aux négociations avec les créanciers, preuve de leur volonté de reprendre les discussions.

Les Européens ne l'entendent toutefois pas de cette oreille. Surtout Berlin, où la chancelière Angela Merkel est à bout de patience. Les 18 autres Etats membres de l'euro pourraient être tentés de pousser la Grèce hors de la zone euro. Juridiquement, c'est impossible, mais ils ont les moyens d'exercer une pression financière en ce sens. En réalité, le sort d'Athènes est entre les mains de la BCE. La Grèce doit lui rembourser 3,5 milliards d'euros avant le 20 juillet. Si l'échéance n'est pas respectée, la banque centrale pourrait couper les vivres aux banques grecques.

Le gouvernement d'Alexis Tsipras se retrouverait au pied du mur : comment payer les fonctionnaires et régler les retraites ? Une solution serait d'émettre des reconnaissances de dettes : les "IOU", pour "I Owe You" ("Je te dois" en anglais). Il s'agit de promesses écrites de règlement d'une dette émise par un débiteur qui n'a pas de liquidités. Si la situation reste paralysée, c'est bel et bien le spectre d'un retour au drachme qui se profilerait à terme. Et la Grèce, contrainte d'imprimer sa propre monnaie, se retrouverait de facto à l'écart de la zone euro.

>> Quel scénario après le non grec ? L'avis d'Yves Bertoncini, directeur de l'Institut Jacques Delors :