Voitures chinoises : pourquoi les Français restent difficiles à convaincre
Selon un rapport du Boston Consulting Group et de NielsenIQ-GfK, seuls 8% des Français se disent prêts à acheter une voiture d’un constructeur chinois. Un taux bien plus faible qu’en Allemagne ou en Espagne, malgré la montée en puissance de marques comme MG ou BYD. Entre méfiance culturelle, fidélité à Renault et Peugeot et doutes sur l’électrique, l’Hexagone résiste encore à la vague venue de Chine.
Selon un rapport publié cette semaine par le Boston Consulting Group avec l'institut NielsenIQ-GfK, seuls 8% des Français se disent prêts à acheter une voiture d'un constructeur chinois. Un chiffre nettement inférieur à celui observé chez certains de nos voisins européens : 16% en Allemagne, 19% en Espagne et même 36% au Brésil.
Les Français font partie des plus réticents et parmi les plus fidèles à une marque historique, comme Renault ou Peugeot. Pour l'instant, la percée des marques chinoises sur le marché français reste timide avec à peine 2% en 2024 et presque 3% des ventes de voitures neuves 2025.
Des avis divisés
La vague annoncée est pour l'instant modeste mais il y aura l'année prochaine, une dizaine de marques chinoises sur le marché français et certains modèles réussissent déjà à séduire comme la MG3 ou encore la Seal de BYD.
Côté automobilistes, il y a les curieux comme Johnny, interrogé au volant de sa Citroën C3, à Paris. "Pourquoi pas, moi ça ne me dérange pas de changer de voiture pour une marque chinoise... Vu l'état extérieur de ce que l'on voit dans les rues, ça a l'air plutôt pas mal", confie-t-il, au micro d'Europe 1.
Mais il y a aussi les réfractaires, à l'image de Christian, en train de faire le plein d’essence de sa Peugeot 3008 : "Non pour moi c'est franchement rédhibitoire, jamais. Plus cher, moins cher, meilleur... C'est non !"
Pourtant, les voitures chinoises n’ont plus de problèmes de qualité et sont leaders mondiaux de l'électrique. Les prix sont plus abordables, malgré les taxes européennes. Le design, souvent décrié, tend à s’améliorer.
Pas de raz-de-marée à venir… Mais les ventes progressent en Europe
Pour autant, il ne faut pas s'attendre à une déferlante qui écrase tout sur son passage rassure Thomas Weber, expert automobile au Boston Consulting Group : "On a vu après les vagues d'entrées des Japonais et des Sud-Coréens que ce n'était pas la fin de l'industrie européenne. En réalité, c'est un nouvel équilibre donc ils vont sans doute prendre une partie du marché, sans être une disruption."
À voir si l'exception française perdurera. Au niveau européen, les progrès sont notables, au mois de septembre dernier, les constructeurs chinois ont représenté 7,5% des ventes.
Chinois ou pas, l’électrique génère toujours des doutes
Parmi les autres enseignements de ce rapport du BCG et NielsenIQ-GfK, la voiture électrique suscite encore des résistances : 29% des conducteurs de véhicules thermiques ou hybrides en France affirment qu’ils ne passeront jamais à l’électrique, contre 24% en moyenne en Europe et seulement 6% en Chine.
Les principaux freins à l’achat d’un véhicule électrique en France sont : une autonomie insuffisante (54% vs 43% en Europe), un coût d’achat élevé (53% vs 44% en Europe), un temps de recharge jugé trop long (48% vs 46% en Europe).
Mais il y a tout de même des automobilistes qui pourraient se laisser tenter, parmi les raisons : les économies générées à long terme (41% en France, vs 47% en Europe), les préoccupations environnementales (36% en France, vs 45% en Europe) ou encore la réduction du bruit et une expérience de conduite fluide (29% en France, vs 38% en Europe).
Enfin, la fidélité aux marques historiques apparaît de plus en plus challengée. En France, comme dans le reste de l’Europe et aux États-Unis, environ 30 à 40% des consommateurs déclarent vouloir racheter la même marque que leur voiture actuelle. À l’inverse, la Chine affiche un taux de fidélité inférieur à 15%, plutôt logique dans un pays où l’âge moyen d’un acheteur est de 35 ans, contre 55 ans en France.