Suppression de l’abattement fiscal : les retraités, grands perdants du budget Bayrou
Dans son budget 2026, qui sera examiné cet automne à l'Assemblée nationale, François Bayrou souhaite la suppression de l'abattement fiscal de 10% sur les pensions de retraite dans le calcul du revenu imposable. Pour le remplacer, le gouvernement veut instaurer une déduction forfaitaire plafonnée à 2.000 euros.
Pensions gelées, suppression de l'abattement fiscal, les retraités sont les grands perdants du budget de François Bayrou. Ce dernier doit être examiné cet automne à l'Assemblée nationale. Dans le détail, la pension des retraités sera gelée, donc non revalorisée sur l'inflation comme c'est habituellement l'usage. Ceux qui paient l'impôt sur le revenu seront pénalisés par le gel du barème qui concerne également les actifs.
Enfin, les retraités doivent tirer un trait sur un avantage dont il bénéficiaient depuis les années 70. Il s'agit de l'abattement fiscal de 10% sur les pensions dans le calcul du revenu imposable. Et pour le remplacer, le gouvernement veut instaurer une déduction forfaitaire plafonnée à 2.000 euros.
Environ 8% des retraités
Même si l'abattement actuel est déjà limité à 4.400 euros par an, l'instauration d'un abattement forfaitaire de 2.000 euros fera beaucoup de perdants, comme l'a calculé Sylvain Duchesne, économiste à l'Institut des politiques publiques. "Toutes les personnes qui ont des pensions de retraite supérieures à 20.000 euros seraient perdantes de cette réforme. Environ 8% des retraités", note-t-il.
Les retraités aisés seront donc les plus pénalisés. Un célibataire qui touche 50.000 euros de pension verra ses impôts augmenter d'environ 1.000 euros. Mais il y aura aussi 1,5 million de gagnants chez les retraités modestes, ceux qui gagnent moins de 20.000 euros par an, car l'abattement ne s'applique pas seulement au calcul de l'impôt sur le revenu. "Lorsqu'on remplit notre déclaration d'impôts, ce sont aussi des montants utilisés pour le calcul de certaines prestations sociales, et en particulier des aides au logement", explique l'économiste.
Sauf changement de règle, un célibataire qui touche 15.000 euros de pension, retranchera 2.000 euros de sa déclaration de revenus, contre 1.500 euros jusqu'ici. En déclarant des revenus plus faibles, il touchera plus de prestations sociales, notamment les aides au logement. Le gouvernement, qui aurait pu économiser 5 milliards d'euros par an en supprimant l'abattement fiscal, verra le rendement de sa mesure limité à 550 millions d'euros.