Total va cesser le raffinage à Grandpuits. 1:29
  • Copié
Olivier Samain avec Pierre Herbulot, édité par Antoine Terrel , modifié à
Total doit annoncer jeudi un projet de reconversion pour son site de Grandpuits, en Seine-et-Marne. Le groupe pétrolier va y cesser les activités de raffinage. 
DÉCRYPTAGE

Le groupe Total va arrêter les activités de raffinage sur le site de la raffinerie de Grandpuits, en Seine-et-Marne, et doit annoncer jeudi un projet de reconversion, a appris mardi l'AFP de source syndicale, confirmant une information du Figaro. L'information doit être officialisée jeudi avec la présentation du projet par la direction devant les élus du CSE de Total. Si la CGT craint des suppressions d'emplois, en interne, on assure que l'objectif est de reconvertir le site, et non de le fermer. 

Une reconversion du site et non une fermeture

Il y a tout d'abord un contexte général : celui d'une baisse prévisible des besoins en produits raffinés avec l'attrait grandissant des Français pour les voitures à moteur hybride ou électrique. L'autre facteur, aggravant, est l'apparition l'année dernière d'une fuite sur l'oléoduc qui achemine le pétrole du terminal du Havre au site de Grandpuits.

Mais si Grandpuits devrait annoncer l'arrêt du site, il ne s'agit pas de le fermer. Grandpuits sera reconverti vers une nouvelle activité, confiait mardi une source proche du dossier à Europe 1, et des investissements seront engagés. Ce nouveau projet devrait être plus vert.

Faut-il s'inquiéter pour l'emploi ? 

L'emploi sera-t-il maintenu pour autant ? La CGT évoque la suppression de 250 postes. Ce que réfute notre source qui rappelle les précédents des raffineries de Carling (près de Metz) et de la Mède (près de Marseille), où la reconversion des sites n'a provoqué aucun licenciement, mais seulement des départs à la retraite et des mobilités internes. "Personne ne perd son emploi chez Total quand il y a des évolutions industrielles", assure-t-elle à Europe 1. 

Mais du côté du syndicat, on craint un plan de départs volontaires et des mutations forcées. Dans le local de la CGT du site, David Picoron a peur que Total utilise l'écologie comme une excuse. "La crainte, c'est que Total veuille juste faire une vitrine sans se préoccuper de la pérennité du site ou de l'emploi. Afficher une belle vitrine parce que c'est à la mode..., explique-t-il. Il faut produire plus vert, vous ne m'entendrez pas dire que c'est négatif, poursuit-il. Le débat est sur la transition. Là, c'est brutal, on est suspendu à ce qu'ils vont nous dire demain". 

Comment réagit la population sur place ?

À Grandpuits, l'annonce est plutôt bien accueillie, à condition que les emplois soient effectivement conservés. Mais l'argument écologique séduit plutôt, alors que la raffinerie est visible depuis tous les jardins. "Par rapport à ce qu'on respire, pourquoi pas !", réagit une habitante. "Mine de rien, ça serait moins dangereux pour nous qui vivons à coté", reconnaît un autre. Et un troisième d'ajouter : "Si c'est un projet bien écologique, évidemment on ne va pas s'en plaindre". 

Jean-Jacques Brichet, le maire de Grandpuits, reste, lui, prudent. Lui-même a d'ailleurs travaillé dans la raffinerie il y a quelques dizaines d'années. "Le résultat, c'est quand même les emplois et derrière les retombées économiques. C'est quand même important pour le territoire."