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Antoine Terrel , modifié à
Selon l'ancienne ministre et actuelle présidente de l'Assemblée des femmes, la réforme du gouvernement ne parviendra toutefois pas à améliorer ces inégalités. 
INTERVIEW

Le chiffre est éloquent. Les retraites des femmes sont en moyenne inférieures de 42% à celles des hommes. Face à cette forte inégalité, "il y a urgence à sortir" du système actuel, estime la sénatrice PS Laurence Rossignol, invitée samedi d'Europe 1. Mais selon la présidente de l'Assemblée des femmes, la réforme préparée par le gouvernement ne permettra pas de remédier à cette situation. 

"Les retraites des femmes sont les résultats des carrières des femmes", rappelle l'ancienne ministre de François Hollande, car "beaucoup ont arrêté de travailler pour élever leurs enfants, s’occuper de la maison, ont été des conjointes de professions libérales et n'ont pas été déclarées ou salariées", et sont aussi "cantonnées dans les emplois à temps partiels ou dans les métiers les moins rémunérés". Aussi, déplore-t-elle, "quand on passe 40 ans à être moins payée moins que les hommes et à travailler moins longtemps, au moment de la retraite, tout cela se retrouve". 

"Ce n'est pas la réforme que les femmes attendent"

Pour Laurence Rossignol, "une bonne réforme est une réforme qui prend ça en compte". Or, poursuit la sénatrice, "celle du gouvernement ne va faire que poursuivre l’existence" de ces inégalités pour certaines femmes. "Les femmes vont soit voir leurs retraites amoindries par la réforme, soit il n'y aura pas de changement pour elles", poursuit-elle. Et de conclure : "Ce n'est pas la réforme que les femmes attendent". 

Alors que du côté du gouvernement, la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa assure que les femmes seront les grandes gagnantes de la réforme, Laurence Rossignol assure qu'il n'y "pas un élément factuel qui permet de le prouver". Rappelant que les femmes sont majoritaires parmi les fonctionnaires, la présidente de l'Assemblée des femmes explique que "demain avec la réforme, les retraites vont baisser" dans la fonction publique. "Là ou les femmes sont nombreuses les retraites vont baisser", déplore encore Laurence Rossignol, pour qui la situation sera également pire dans le privé pour les femmes ayant eu "des carrières hachées". "Un euro cotisé pour un euro de retraites, ça ne va pas faire beaucoup de points à l'arrivée quand on a été moins bien payée". "Il y aura bien quelques gagnantes (...) mais elles ne seront pas le plus grand nombre", regrette Laurence Rossignol.