Producteurs de lait 1:21
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Barthélémy Philippe, édité par Alexandre Dalifard / Crédit photo : MAYLIS ROLLAND / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
Alors que la colère des agriculteurs prend de l'ampleur, notamment avec la montée des tracteurs à Rungis et la région parisienne, les éleveurs laitiers, eux, semblent vivre une situation bien plus compliquée dans leur métier. Aujourd'hui, ils touchent environ 40 centimes par litre de lait.

Les éleveurs laitiers, parents pauvres de l’agriculture française ? Sur les 20 dernières années, le prix moyen du litre de lait demi-écrémé en grande surface a augmenté de près de 50% et se rapproche désormais d’un euro. Le problème est que cette hausse n’a eu qu’un faible impact sur les revenus des éleveurs. 

Les producteurs laitiers touchent aujourd’hui environ 40 centimes par litre. Les marges sont malheureusement plus flatteuses pour l’industrie agroalimentaire et la grande distribution. Ce sont eux qui transforment le lait en produit (beurre, yaourts, fromages…) et c’est là que les prix grimpent.

Pénalisés par Lactalis

De plus, les producteurs laitiers sont pénalisés par la concentration du secteur dans le sillage du numéro un mondial, Lactalis, explique Elyne Etienne, responsable élevage à la Fondation pour la nature et l’homme. "On a sept entreprises extrêmement majoritaires sur la transformation pour fabriquer des produits laitiers donc ça donne un rapport de force très défavorable aux éleveurs. Quand on négocie avec seulement sept entreprises, on n’est pas vraiment maîtres de comment on produit et à qui on vend", déplore-t-elle au micro d'Europe 1.

Mais les éleveurs ont un autre problème. Beurre, yaourts, fromage… La plupart du temps, ils ne savent ni sous quelle forme, ni à quels prix leur matière première est vendue. "Tant qu’on n’a pas cette transparence, c’est vraiment difficile de négocier pour les éleveurs. Parce que finalement, eux savent à combien le litre de lait leur est payé. Mais ensuite, tout ce qui est réalisé avec ce lait et à combien les différents produits sont vendus, ça ils l’ignorent complètement", détaille Elyne Etienne. Le résultat, ce sont des éleveurs qui travaillent 60 heures par semaine, pour un salaire à peine supérieur au SMIC.