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Antoine Terrel , modifié à
Alors que la décision du Guide Michelin de retirer la 3e étoile du restaurant de Paul Bocuse, "Monsieur Paul", suscite de vives réactions dans le monde de la gastronomie, Alexandre Cammas, co-fondateur du guide Fooding, défend ce choix. "Un guide ne peut pas être une collection de statues", avance-t-il.
INTERVIEW

La décision a suscité de vives réactions dans le monde de la gastronomie. En retirant sa troisième étoile à "Monsieur Paul", restaurant mythique de Paul Bocuse, le Guide Michelin a rétrogradé l'établissement du chef mort en 2018 à 91 ans pour la première fois depuis 1965. Si la famille de ce dernier s'est dite "bouleversée", Alexandre Cammas, co-fondateur du guide Fooding, défend lui la décision du Michelin sur Europe 1. "Un guide ne peut pas être une collection de statues", explique-t-il. 

"Dans un vieux monde, je peux comprendre que ça fasse l'effet d'une bombe", indique-t-il au micro de Nathalie Lévy. Selon lui, si Paul Bocuse était "un grand monsieur, un grand homme" mais "plein de gens du milieu trouvaient que le restaurant de Paul Bocuse était devenu un musée".

Vendredi midi sur Europe 1, Gwendal Poullennec, directeur international du guide Michelin, justifiait la décision de son guide par une baisse de qualité de la cuisine proposée par "Monsieur Paul". Les deux étoiles demeurent "une note d’excellence", "il y a moins de 100 restaurants en France qui atteignent ce niveau", rappelait-il également. 

"Notre métier, c'est de la subjectivité"

"Un guide ne peut pas être une collection de statues et doit être vivant", martèle pour sa part le co-fondateur de Fooding, dont 40% du capital est détenu par Michelin. Et de regretter le traitement médiatique de cette rétrogradation. "Notre métier, c'est de la subjectivité, donc nous demander de nous justifier sur les choix en permanence, c'est à côté de la plaque". 

 "L'actualité pourrait être être l'ouverture d'un musée Paul Bocuse, mais ce n'est plus ce qu'on mange dans son restaurant (...) il est complètement normal qu'on dépoussière", explique encore Alexandre Cammas. Niant toute volonté de coup de pub de la part d'un Guide Michelin en perte de vitesse, il regrette que "la gastronomie se retrouve à la une des médias, pas pour des raisons positives, mais souvent par le prisme de la tristesse, quand un chef se suicide ou quand on retire une étoile".