Opération "usine morte" à Ford-Blanquefort vendredi : "Un repreneur, c'est inconcevable"

  • Copié
Stéphane Place avec AFP , modifié à
Un millier de personnes, pour la plupart salariés de l'usine Ford-Blanquefort, ont manifesté à Bordeaux avant une réunion sur l'avenir du site à la préfecture.

Un millier de personnes, pour la plupart salariées de l'usine Ford de Blanquefort, ont manifesté à Bordeaux vendredi avant une réunion sur l'avenir du site à la préfecture. Les syndicats ont décidé d'organiser cette journée "usine morte" après l'annonce il y a dix jours d'un gel des investissements sur ce site FAI (Ford Aquitaine Industries), l'un des employeurs emblématiques de l'agglomération bordelaise, où Ford est présent depuis 1972.

Mais l'usine qui produit des boîtes de transmission, et qui compte quelque 910 salariés, tourne déjà au ralenti, selon les syndicats, depuis l'annonce le 27 février.

"Notre avenir passera par Ford". Présent avec les manifestants, vendredi, Gilles Lambersend, secrétaire CGT du comité entreprise de FAI, exige du constructeur américain qu'il revoit sa position. "Un repreneur, c'est inconcevable. Notre avenir passera par Ford. Ford fait des milliards de profits. Il n'y aucune raison qu'elle reste sur cette position de désengagement", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Ce qui nous conforte, c'est qu'il y a cette réaction des pouvoirs publics qui après avoir donnés autant d'argent se sentent trahis".

Un soutien des élus locaux et de l'Etat. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, recevant le 2 mars à Bercy salariés et élus, avait exprimé "la détermination totale de l'État, des élus locaux, des salariés à maintenir l'activité sur ce beau site de Blanquefort". Auparavant, il avait demandé à Ford d'y "maintenir une charge de travail suffisante (...) jusqu'à fin 2019", pour permettre une recherche optimale de nouvelles activités pour l'usine, "au sein du groupe Ford ou en lien avec des partenaires externes".

Pour autant les syndicats, qui jusqu'alors se sont félicités de la solidarité affichée par les pouvoirs publics, attendent de la réunion de suivi "que la pression commence véritablement à s'exercer pour faire changer Ford d'avis" sur sa décision de désinvestissement, a indiqué Vincent Alauze, délégué CGT.

Une "task force" déjà mandatée. Dans une annonce interne à Blanquefort la semaine dernière, Ford-Europe indiquait avoir déjà mandaté une "task force" pour "soutenir le processus consistant à rechercher des tiers intéressés par le site" et affirmait que "des tiers nous ont déjà approchés". Ford avait déjà cédé le site de Blanquefort en 2009, à l'Allemand HZ holding, avant de le reprendre en 2011 puis, sous pression des syndicats et pouvoirs publics, de s'engager en 2013 au maintien de 1.000 emplois jusqu'en mi-2018, sur cinq ans, garantie conditionnée au versement d'aides publiques.

 

pouton640

Philippe Poutou était sur place vendredi. (Crédit : Stéphane Place)