Mobilisation contre la loi Travail : montée en puissance ou essoufflement ?

© DOMINIQUE FAGET / AFP
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INFOGRAPHIE - Les opposants à la loi Travail redescendent dans la rue mardi pour une onzième journée de mobilisation.

Le bras de fer sur la loi Travail se poursuit. Les syndicats opposés au texte de la ministre Myriam El Khomri organisent mardi une nouvelle journée de mobilisation à Paris : les opposants à la loi Travail manifesteront à partir de 14 heures entre Nation et place d’Italie dans l’espoir de faire reculer le gouvernement, resté ferme depuis deux mois. Les rangs de la manifestation devront donc être davantage fournis que la précédente fois pour espérer faire bouger les lignes. Mais au fait, à quel niveau est arrivée la mobilisation après déjà dix journées d’action ? Retour dans le viseur et en infographie.

Montée en puissance ou essoufflement ? Le gouvernement va bien évidemment suivre avec attention la participation mardi : une baisse du nombre de manifestants incitera le gouvernement a privilégié les discours de fermeté. Une remobilisation montrerait au contraire que le mouvement s’inscrit dans la durée et que de nouvelles négociations s’imposent.

Jeudi dernier, plus de 200.000 personnes ont manifesté dans toute la France, selon l’estimation de la CGT. "La mobilisation, la détermination est toujours là", a souligné dans la foulée le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez. De son côté, la préfecture a comptabilisé 70.000 manifestants.

Pour comprendre ce que signifient ces chiffres, il faut les comparer avec ceux des dernières journées d’action. Il en ressort que la mobilisation a atteint jeudi son plus bas niveau depuis le début du bras de fer, à l’exception de la journée du 17 mars, selon les chiffres des organisateurs. Et pour une fois, syndicats et préfectures sont sur la même longueur d’onde : les chiffres fournis par les autorités indiquent également une mobilisation revenue au plus bas depuis début mars.

Reste à expliquer le pic enregistré le 14 juin. Ce jour-là, les syndicats avaient décrété une "mobilisation nationale" et invité les opposants à monter à Paris. La mobilisation fut donc extrêmement forte à Paris, même s’il est difficile de confirmer que les syndicats ont alors battu leur record du 31 mars : jamais l’écart entre les chiffres des autorités et ceux des syndicats n’a été aussi grand. Le Monde, qui s’est penché sur la question, estime même qu’il s’agit du plus important écart entre les organisateurs d’une manifestation et les autorités… depuis 1944.

Une nouvelle manifestation très sécurisée. Au-delà de la participation, autorités et syndicats ont une autre préoccupation en commun : la sécurité. Après les violences qui avaient émaillé le défilé du 14 juin, la préfecture et le gouvernement avaient un temps envisagé d’interdire la manifestation suivante. Elle fut finalement autorisée, mais au prix d’un dispositif de sécurité très renforcé et d’un parcours très raccourci, les manifestants en étant presque réduits à tourner en rond.

Ce dispositif ayant porté ses fruits, il sera reconduit mardi : plus de 2.500 policiers et gendarmes seront mobilisés et "l'ensemble de l'itinéraire fera l'objet de contrôles systématiques à partir de la place de la Bastille", a prévenu la préfecture de police de Paris (PP). Sans oublier les sièges des principaux syndicaux qui sont désormais eux aussi ciblés, qu’ils soient pour ou contre la loi Travail.