Elon Musk Tesla 4:18
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Aurélien Fleurot et Hélène Kohl, édité par
Le constructeur automobile Tesla intègre lundi l'indice boursier S&P 500, qui regroupe les 500 plus grandes entreprises de la place new-yorkaise. Après une année faste, le manufacturier 100% électrique dirigé par Elon Musk veut étendre son empire. Mais ses desseins de grandeur sont mis à mal près de Berlin, en Allemagne.
DÉCRYPTAGE

C'est une journée historique pour la marque Tesla : le constructeur américain 100% électrique va intégrer l'indice boursier S&P 500, qui regroupe les 500 plus grandes entreprises de la place new yorkaise, avec une arrivée fracassante dans le top 10. Cette année, le cours de Tesla a flambé. Alors, comment expliquer ce phénomène ? Combien Tesla vend-il réellement de voitures ? Et quels sont les futurs projets d'Elon Musk ? Europe 1 s'est penchée sur l'une des rares entreprises à avoir bénéficié de 2020.

En 2020, Tesla est en effet devenu un phénomène boursier. L'action s'est envolée de 680% cette année pour peser plus de 600 milliards de dollars aujourd'hui. Dans l'automobile, cela représente plus que Volkswagen, Toyota, General Motors, Fiat-Chrysler, Honda et Ford réunis.

Un décalage entre l'engouement et les ventes

Tout le paradoxe réside dans le fait que Tesla ne va vendre "que" 400.000 voitures en 2020. Cela n'a rien à voir avec les constructeurs historiques : le groupe Volkswagen a écoulé 11 millions de voitures en 2019 et Renault, seul, représente près de 4 millions de véhicules, soit dix fois plus que Tesla. Pour expliquer ce décalage, les spécialistes avancent que les marchés achètent une vision et l'image futuriste de l'entreprise. On se souvient de la Tesla envoyée dans l'espace par SpaceX, propriété également d'Elon Musk, en février 2018.

Ce qui rend aujourd'hui Tesla crédible, c'est aussi la technologie et l'avance prise sur l'électrique. Goldman Sachs estime que la part de marché de Tesla dans l'automobile pourrait atteindre 30% en 2035. Pour l'instant, ce nombre ne se situe qu'entre 4 et 5%. Mais les capacités de production sont en train d'augmenter considérablement avec la construction de deux "Gigafactories", des méga-usines en dehors des États-Unis, à Shanghaï et Berlin, avec à chaque fois l'ambition de produire 500.000 voitures par an.

Chantier suspendu à Berlin

En Allemagne, un an à peine après l'annonce du contrat passé avec la région, l'usine Tesla est déjà sortie de terre après un chantier express, "à la Elon Musk", qui tord le bras aux bonnes manières allemandes. Dans ce pays, il fascine autant qu'il agace. Pour la région autour de Berlin, c’est bien simple : avant Tesla et ses quatre milliards d’euros, jamais personne n’avait investi autant d’argent.

Tesla est donc une aubaine et une fierté pour le Brandebourg, région plutôt connue pour ses pannes industrielles et ses finances bancales : normalement, en Allemagne, c’est dans le sud que les entrepreneurs visionnaires cherchent à s’installer. Elon Musk brise tous les codes avec un enthousiasme communicatif. "Deutschland Rocks ! Nous voulons faire ici un endroit super sympa pour travailler. Ça va être super !", avait-il affirmé en septembre dernier. Quand il est en visite, l’entrepreneur dort dans son usine en construction. Il a aussi déjà indiqué qu'il ferait lui-même les entretiens d’embauche, sans se soumettre à la convention collective du secteur allemand de l’automobile.

" Une usine quasiment finie sans autorisation de chantier ? Pour moi, c’est criminel ! "

À terme, l’usine Tesla aura besoin de quatre millions de litres d’eau par jour, motif pour lequel les écologistes de la région ont déposé des recours. Mais sans attendre le feu vert de la justice, Elon Musk a déjà fait raser des dizaines d’hectares de forêt, déclenchant la colère des riverains. "Une usine quasiment finie sans autorisation de chantier ? Où est-ce qu’on voit ça ? Pour moi, c’est criminel !", s'indigne Manuela, une opposante au projet rencontrée par Europe 1.

Elon Musk s’est engagé à remettre le site en état si jamais le projet était refusé. Pourtant, les autorités allemandes attendent toujours qu’il verse ses cautions. Vendredi, la région a donc temporairement suspendu le chantier. Officiellement, l’inauguration de l’usine a lieu dans six mois.

L'enjeu d'une voiture à 25.000 dollars

La particularité technique de cette usine située près de Berlin concerne la fabrication d'une toute nouvelle génération de batterie, avec des cellules de batteries capables d'offrir 30% d'autonomie en plus, sans cobalt. "Cette innovation sur les batteries va vraiment changer l'approche du véhicule électrique", assure Armand Taïeb, le fondateur de Tesla Magazine. "On peut faire des batteries qui vont jusqu'à 1.000 kilomètres, mais elles sont très, très chères. Cette production de batteries en masse permettra d'avoir un véhicule à 25.000 dollars avec une autonomie comparable à une Model 3 d'aujourd'hui."

Une Tesla à prix raisonnable, avec plus de 500 km d'autonomie, voilà ce qui permettra peut-être à l'entreprise d'Elon Musk de retrouver sa place de numéro un en Europe. Tesla l'occupait en 2019 mais, cette année, elle ne figure même plus dans le top 10, qui est dominé par la Zoé de Renault.