Les grandes entreprises françaises versent 44,3 milliards d'euros à leurs actionnaires. 1:14
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Nina Droff avec AFP, édité par Laura Laplaud
Les grandes entreprises dans le monde ont continué de verser au cours du deuxième trimestre des dividendes à des niveaux record, redistribuant à leurs actionnaires les colossaux profits de l'année passée. Les grandes entreprises françaises ont versé 44,3 milliards d'euros à leurs actionnaires.

Les grandes entreprises dans le monde, en particulier en France, ont continué de verser au cours du deuxième trimestre des dividendes à des niveaux record, redistribuant à leurs actionnaires les colossaux profits de l'année passée, selon une étude trimestrielle publiée mercredi.

En France, un nouveau record en euros, a même été battu pour un deuxième trimestre, avec 44,3 milliards versés, selon les données collectées par le gérant d'actifs Janus Henderson.

Quatre entreprises françaises dans le top 20 des plus gros verseurs

Dans le pays, "les dividendes ont augmenté de 32,7% au deuxième trimestre", soit un rythme "supérieur à la moyenne européenne" souligne Charles-Henri Herrmann, directeur du développement France et Bénélux de Janus Henderson, cité dans le rapport.

Quatre entreprises françaises figurent dans le top 20 des plus gros verseurs du trimestre, avec BNP Paribas (6e), Sanofi (10e), Axa (12e) et LVMH (14e). Elles avaient cumulé 35 milliards d'euros de bénéfices nets en 2021.

Un chiffre qui paraît effarant au vu de la situation économique actuelle mais qui s’explique principalement par la reprise économique de 2021, qui continue de booster les profits, comme l’explique l’économiste Pascal de Lima : "Il y a une reprise qui a été tout à fait exceptionnelle avec des chiffres en Europe de 6, 7, 8, 9% en fonction des différents pays. Des profits records pour BNP, LVMH, Axa, Sanofi en particulier avec des raisons qui sont liées aussi à la hausse des prix de l'énergie dès 2021, avant la guerre en Ukraine et aussi à la hausse des crédits."

"Sur les distributions prochaines, je pense qu'on ne sera pas du tout à ces niveaux-là", poursuit-il.

Le gouvernement défavorable à une taxe des superprofits

Cette étude est publiée alors que le gouvernement français, contrairement au choix fait par d'autres pays, s'est montré défavorable à une taxe sur les bénéfices exceptionnels des grands groupes, notamment dans le secteur de l'énergie.

En revanche, converti en dollars, le montant des dividendes en France n'atteint pas de record, du fait de la baisse de la monnaie européenne face à la devise américaine. Tous les dividendes sont convertis en dollars dans l'étude pour pouvoir établir des comparaisons.

Avec 544,8 milliards de dollars entre avril et juin versés dans le monde sous forme de dividendes, les 1.200 entreprises étudiées par le gestionnaire d'actifs ont en moyenne distribué 11% d'argent de plus qu'au cours de la même période l'an passée.

Il s'agit d'un nouveau record pour un deuxième trimestre, après un début d'année déjà faste. Sans compter les effets de changes ou les versements extraordinaires, la progression atteint même 19,1%. Sur le plan mondial, 94% des entreprises ont maintenu ou augmenté leurs versements au cours du deuxième trimestre.

Mercedes-Benz et Allianz dans le top 10

Dans le top 10 des plus importants redistributeurs, outre BNP-Paribas (6e) déjà cité, on retrouve le pétrolier brésilien Petrobras (1er), la minière anglo-australienne Rio Tinto (3e), le groupe allemand Mercedes-Benz (5e) mais aussi l'assureur allemand Allianz (8e).

"La plupart des entreprises européennes n'effectuant qu'un seul versement par an, le deuxième trimestre 2022 a marqué pour bon nombre d'entre elles le retour à des versements de dividendes normaux pour la première fois depuis 2019", rappelle le rapport.

Les estimations révisées à la hausse pour 2022

Avec cette dynamique, Janus Henderson a encore révisé à la hausse les estimations pour l'année 2022, avec des dividendes qui devraient atteindre selon eux 1.560 milliards de dollars, une hausse de près de 6% par rapport à 2021. Mais la hausse risque de s'essouffler dans les prochains mois.

"Il est peu probable que le reste de l'année bénéficie d'une croissance aussi forte. La plupart des gains +faciles+ ont désormais été engrangés, le rattrapage post-Covid-19 étant quasiment terminé", estime le responsable de l'équipe actions mondiale de Janus Henderson Ben Lofthouse.