Le gendarme du rail tacle la méthode de calcul des retards de la SNCF : "Cinq minutes, c'est cinq minutes !"

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© BERTRAND GUAY / AFP
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Romain David
L'Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières estime que la SNCF rehausse implicitement ses indicateurs de retard, ce qui fausserait ses chiffres de ponctualité.
INTERVIEW

La SNCF jouerait-elle avec les pendules pour minimiser l'ampleur de ses retards ? Dans un rapport publié début décembre, l'Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer) pointe du doigt la méthode utilisée par la compagnie ferroviaire pour comptabiliser les retards de ses trains. Officiellement, la SNCF considère qu'un train a du retard s'il arrive en gare cinq minutes après l'heure prévue. "Lorsque l'on parle d'un taux de retard à cinq minutes, on est tenté de penser qu'à cinq minutes et une seconde on est au-delà de cinq minutes. Mais ça n'est pas forcément le cas aujourd'hui", relève au micro de Matthieu Belliard, sur Europe 1, Nicolas Quinonès, le responsable de l'observatoire des marchés de l'Arafer.

De la cinquième à la sixième minute. En effet, tant que la sixième minute n'est pas complète, le retard est considéré par la SNCF comme inférieur à cinq minutes, et donc comme nul. En clair : un train qui arrive à destination avec 5 minutes et 59 secondes de retard est un train à l'heure du point de vue de la compagnie. "Il y a un vrai sujet à pouvoir dire que lorsqu'il y a un taux de retard à cinq minutes, c'est cinq minutes", s'agace Nicolas Quinonès.

 

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Une ponctualité revue à la hausse. Cette subtilité permettrait notamment à l'entreprise publique de rehausser son taux de ponctualité. Selon la méthode de calcul de l'Arafer, 13% des 11.700 trains ayant circulé en 2017 sont arrivés en retard, contre seulement 11 % si l'on s'en réfère aux donnés de data SNCF. Le régulateur estime en effet que 16% des trains en retard arrivent entre la cinquième et la sixième minute, soit 245 trains supplémentaires par rapport aux chiffres de la compagnie. "Il y a le souci de pouvoir parler de la même bannière sur des chiffres qui touchent tout le monde, et qui sont le ressenti du vécu des clients", poursuit le responsable.

"Le but de cette publication  […] est de fournir une photo de la situation qui soit la plus claire et la plus détaillée possible. Pour pouvoir s'améliorer, il faut d'abord un diagnostic qui soit clair et partagé", souligne encore Nicolas Quinonès.