Les chiffres d’immatriculations d’hybrides progressaient, notamment en début d’année, avant même le confinement. Mais l'accélération observée en pleine crise du coronavirus est spectaculaire, selon des données recueillies par le cabinet AAA Data et révélées par Europe 1. Lors des dix premiers jours du mois de juin, le chiffre des immatriculations a presque atteint les 10.000 pour les voitures hybrides, soit une augmentation de 89% par rapport à la même période l’an dernier. Cela représente désormais 15% du marché de l'automobile. Si l’on ajoute les 5% de voitures électriques vendues début juin, un véhicule sur cinq est désormais classé dans la catégorie des véhicules "électrifiés".
Le constructeur japonnais Toyota fait partie des références dans ce secteur depuis 20 ans et domine à ce titre le marché français. Son PDG, Frank Marotte était l'invité ce mercredi d'Europe 1. Il confirme le net regain de ses ventes dans ce secteur et mise beaucoup sur les ventes d'occasions pour accélérer encore plus le phénomène, qu'il voit notamment porté par une future baisse des prix. Entretien.
Toyota reste le pionnier de l’hybride avec la sortie de sa Prius dès le début des années 90. Même chez vous, où vous ne vendez quasiment que de l’hybride, vous continuez à battre des records ?
"En effet, le mois de juin est tout à fait exceptionnel en terme d’activité globale. Beaucoup plus élevé que ce que l’on pouvait imaginer il y a encore quelques semaines durant le confinement. Le changement de mentalité s’opère et c’est une excellente nouvelle. Le gouvernement, dans son plan d’aide, a beaucoup aidé à la transition écologique nécessaire au domaine automobile.
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Du côté des voitures 100% électriques, c’est aussi une hausse des ventes ?
"Oui c’est aussi le cas, puisque les primes, qui peuvent aller jusqu’à 7.000 € pour un véhicule électrique, dopent la demande. Elles réduisent l’écart entre le prix des véhicules thermiques et ceux des véhicules électriques à bas prix ou à hydrogène. Néanmoins, le marché de l’électrique pur reste relativement confidentiel par son niveau de prix et par l’offre disponible sur le marché. Alors que l’hybride est beaucoup plus accessible et concerne donc beaucoup plus de consommateurs potentiels."
Le changement de mentalité semble s’opérer. Mais le jour où les primes seront supprimées, pensez-vous que cela perdurera ?
"C’est ce qu’il faut espérer. Les primes à la conversion permettent de doper le changement. La communication des constructeurs va aussi y contribuer, ainsi que l’effet d’offre. Toyota avait mis à disposition ses brevets pour l’ensemble de ses véhicules hybrides. Donc on ne peut que se féliciter que les autres constructeurs viennent aussi sur ces technologies auxquels nous avons cru il y a 20 ans. L’offre étant en augmentation, les prix vont aussi tendre à la baisse. Après, reste la disponibilité des batteries pour alimenter l’ensemble de ce cercle vertueux. C’est aussi l’objet du plan gouvernemental qui a été renforcé. La France et l’Allemagne et d’autres gouvernements en Europe ont la volonté d’accélérer sur la mise à disposition de volume de batteries en Europe."
Est-ce que l’on peut imaginer que l’autonomie des voitures augmente aussi avec cette demande toujours plus importante ?
"La technologie progresse de génération en génération. L’autonomie est un axe de développement et de recherche. Pour ce qui concerne les hybrides de Toyota, la nouvelle Yaris qui sortira au mois de septembre permettra, en secteur urbain, de rouler à 80% avec son moteur électrique. La précédente montait entre 50 et 60%. Les véhicules 100% électriques, la nouvelle génération de Mirai par exemple, vont avoir une autonomie homologuée jusqu’à 650 kilomètres. Donc tout cela progresse."
Les chiffres des ventes de véhicules d’occasion sont-ils aussi en fortes progressions ?
"Oui et c’est une très bonne chose. La transition écologique passe par les véhicules neufs. Mais on sait très bien que le véhicule d’occasion représente le double en terme de nombre d’acheteurs. Avec nos 20 ans d’histoire dans l’hybride, Toyota est la marque qui a le plus de véhicules hybrides en terme d’occasion sur le marché. Et on voit bien ces dernières semaines que l'appétence pour ce type de véhicules d’occasion et assez forte. Car avec des prix plus bas, cela concerne une assiette plus large de consommateurs potentiels."