La France veut consacrer près de 300 milliards d'euros à sa défense en sept ans

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L'amélioration des conditions de vie et de travail des soldats ainsi que la modernisation des équipements sont les deux axes d'investissement du gouvernement (image d'illustration de l'opération Barkhane au Niger) © LUDOVIC MARIN / AFP
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avec AFP , modifié à
Le projet de Loi de programmation militaire présenté jeudi en Conseil des ministres compte allouer 1,7 milliard d'euros supplémentaires chaque année jusqu'en 2022 pour moderniser les équipements vieillissants de l'armée.

Régénérer les hommes et moderniser les équipements, durement sollicités, tout en préparant l'avenir : c'est l'ambition du nouveau projet de Loi de Programmation militaire (LPM) français, qui prévoit de consacrer 295 milliards d'euros à la défense de 2019 à 2025.

Une hausse de 1,7 milliard par an. Objectif de cet "effort budgétaire inédit", selon les propos du président Emmanuel Macron : porter les dépenses de défense de la France à 2% du PIB en 2025, conformément à ce que réclame l'Otan de la part de ses membres, selon cette LPM présentée jeudi matin en Conseil des ministres.

Le budget des armées, de 34,2 milliards d'euros en 2018, va bénéficier d'une hausse de 1,7 milliard d'euros par an jusqu'en 2022, avant des "marches" de trois milliards par an à partir de 2023. Soit après la prochaine élection présidentielle.

198 milliards d'euros de besoins, de 2019 à 2023. Reste une incertitude quant à la forte hausse des moyens programmée en 2024 et 2025, au-delà du quinquennat Macron. Pour l'heure, ce sont 198 milliards d'euros de besoins, de 2019 à 2023, qui sont "couverts de manière ferme", souligne-t-on au ministère. Les montants des années suivantes seront "précisés" lors d'une actualisation de la LPM en 2021.

Appel à la vigilance de Pierre de Villiers. L'ancien chef d'État-major des armées Pierre de Villiers a appelé à la vigilance mercredi soir sur France 3, en soulignant que la mise en oeuvre de ces projections budgétaires était rarement fidèle aux engagements initiaux. "Nous sommes sur une pente à 1,7 milliard jusqu'en 2022 et ensuite la pente est à trois milliards à partir de 2023. Évidemment, nous avons l'expérience, il faudra être vigilant" sur l'exécution de ces engagements, a lancé le général, qui a démissionné en juillet 2017 après un conflit avec le chef de l'État en raison de coupes budgétaires.

Améliorer le quotidien des soldats. Après quelque 60.000 suppressions d'effectifs entre 2005 et 2015, le ministère des Armées ambitionne de créer quelque 6.000 postes d'ici à 2025, en particulier dans la cyberdéfense (1.500) et le renseignement (1.500). Pour améliorer la condition des quelque 200.000 militaires français et les fidéliser, la LPM augmente nettement les crédits consacrés aux petits équipements (+34% sur 2019-23) - gilets pare-balles, treillis... -, à l'entretien du matériel (+30%) et aux infrastructures (+71%), longtemps négligés.

Modernisation des matériels existants. L'accent est mis sur les capacités de renseignement (avions, drones, satellites...) susceptibles d'accroître l'autonomie stratégique française et européenne. L'armée de Terre va voir le renouvellement accéléré de ses véhicules blindés médians (programme Scorpion), dont 50% des nouveaux modèles seront livrés d'ici à 2025. Les fameux VAB, 40 ans au compteur, seront remplacés par les blindés Griffon, dont 150 exemplaires supplémentaires seront commandés.

La Marine obtient quatre pétroliers ravitailleurs nouvelle génération, dont deux d'ici à 2025, un bâtiment spécialisé dans le recueil de renseignement, et 19 patrouilleurs au lieu des 17 prévus pour surveiller les zones économiques exclusives françaises outre-mer. L'armée de l'Air se voit allouer huit avions légers de surveillance, et le renouvellement accéléré de sa flotte quinquagénaire d'avions ravitailleurs Boeing KC-135 par 15 A330 MRTT, dont 12 auront été livrés en 2023.