35 heures : ce qui coince à l'AP-HP

Tous les syndicats de l'APHP appellent à la grève jeudi.
Tous les syndicats de l'APHP appellent à la grève jeudi. © FREDERICK FLORIN/AFP
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avec AFP et Olivier Samain , modifié à
COMPRENDRE - Quelque 6.000 à 8.000 agents des hôpitaux de Paris ont répondu à l'appel à la grève jeudi. En cause : la question des 35 heures.

C'est une quasi-première : tous les syndicats des hôpitaux de Paris avaient appelé à la grève jeudi. Entre 6.000 à 8.000 agents grévistes, vêtus de blouses blanches, ont répondu à l'appel et se sont rassemblés en fin de matinée devant le siège de l'AP-HP. "Cela fait longtemps que l'on n'avait pas vu une telle mobilisation", a commenté Yann Flecher, délégué CGT, à l'AFP.

Le patron de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP), Martin Hirsch, se heurte aux syndicats à propos des 35 heures. L'ancien président d'Emmaüs France aimerait diminuer le nombre de RTT des agents, en baissant leur durée journalière de travail, sans baisser leur charge de travail. Une manière selon lui de "préserver l'emploi" et d'économiser quelque "20 millions d'euros".

Quel est le système actuel ? Actuellement, plus de 60% des agents travaillent 38 heures voire 39 heures par semaine, avec un nombre de RTT allant de 18 à 20 jours par an, auxquels s'ajoutent des journées propres à l'AP-HP. Problème : en raison du manque de personnel, les journées de congés non prises s'accumulent sur les comptes épargne temps, un système permettant au salarié de toucher de l'argent s'il ne prend pas son RTT. Le stock actuellement épargné est évalué à 74,7 millions d'euros fin 2014, selon la direction. Si tous les agents décidaient de percevoir l'argent, cela grèverait un peu plus le budget de l'APHP, contraint par l'Etat d'effectuer trois milliards d'euros d'économie d'ici 2017.

>> Invité jeudi d'Europe 1, Philippe Martinez, patron de la CGT, a d'ailleurs dénoncé l'austérité du gouvernement. "De l'argent, il y en a", assure-t-il :

Qu'est-ce qui pourrait changer ? La direction de l'APHP envisage notamment la réduction des plages horaires journalières à 7h30 par jour, voire 7h00 dans certains services, au lieu de 7h36 à 7h50 en ce moment. L'idée : moins de temps de travail, afin de diminuer les RTT et donc les frais sur les comptes épargne temps. "Faire en 7h ce qui se fait en 7h36, cela se traduirait par une productivité plus intense, moins de repos", et nuirait à la "sécurité des patients", s'indigne pour sa part Rose May Rousseau, secrétaire générale de l'Union syndicale CGT de l'AP-HP. Les syndicats craignent également de voir leur temps de pause déjeuner déduit de leur temps de travail rémunéré. 

La grève se poursuivra-t-elle ? En réaction, après avoir reçu une délégation à la mi-journée jeudi, Martin Hirsch a proposé "une nouvelle méthode de négociation", mettant sur la table "l'amélioration des conditions de travail". "Déprécarisation des personnels", "logement", "garantie des jours posés" ou encore "prévention du burn-out" pourraient ainsi être abordés, au côté de la réorganisation du temps de travail, lors d'une réunion prévue le 26 mai.

L'intersyndicale devrait annoncer les suites du mouvement lors d'un point presse vendredi. Dans son viseur, la réforme des 35 heures qui pourrait toucher dès 2016 quelque 75.000 personnels (hors médecins) dans les 38 établissements de l'AP-HP. RTT, jours de congés exceptionnels octroyés pour la fête des mères ou l'ancienneté : tout est remis à plat, au grand dam des syndicats, qui réclament des garanties et des embauches. "Ce n'est pas la fin des 35 heures, c'est les 35 heures organisées autrement, et ce n'est pas la fin des RTT", a assuré Martin Hirsch, revendiquant la pleine confiance du gouvernement.