Grèce : une semaine cruciale malgré la réouverture des banques

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B.W. avec AFP
Alors que les banques rouvrent leurs portes lundi, la TVA passe dans le même temps à 23% tandis qu’un vote en forme de "crash test" pour Tsipras est prévu mercredi.

La Grèce retenait son souffle dimanche avant une semaine cruciale pour son rétablissement économique, entre réouverture des banques et choc fiscal, mais aussi pour l'avenir d'Alexis Tsipras.

Les retraits limités à 420 euros hebdomadaires. Le gouvernement, tout juste remanié pour évincer des ministres frondeurs, a publié samedi un décret officialisant une réouverture lundi des banques, fermées depuis le 29 juin. Les restrictions et contrôles de capitaux restent en place, même si Athènes a annoncé quelques assouplissements.

La limitation des retraits d'argent liquide est fixée à 420 euros par semaine, au lieu de 60 euros par jour, afin de permettre aux Grecs de prendre de plus grosses sommes sans refaire chaque jour la queue au distributeur. Des exceptions sont aussi créés pour ceux devant payer des soins médicaux ou des études à l'étranger.

Le retour de la "troïka". Mais la Grèce ne peut relâcher davantage le corset, sous peine de connaître une fuite massive de richesse qui mettrait les banques à terre. La situation du pays reste très précaire. Il va recevoir un prêt d'urgence de 7 milliards d'euros qui seront vite engloutis par un remboursement lundi à la Banque centrale européenne (4,2 milliards d'euros) et par le règlement d'arriérés auprès du Fonds monétaire international (2 milliards).

Pour la première fois depuis des mois, des experts de la BCE, du FMI et de la Commission européenne, une formation auparavant appelée "troïka" et qui a symbolisé pour les Grecs une mise sous tutelle de leur pays, sont attendus à Athènes la semaine prochaine. Ils devront évaluer l'état d'une économie grecque éprouvée par les restrictions financières et qui va subir un nouveau choc, fiscal cette fois.

Une TVA à 23 % à partir de lundi. Le Parlement grec a voté dans la douleur mercredi dernier une série de mesures de rigueur dont des hausses de TVA, conformément aux engagements pris lors d'un sommet européen mouvementé à Bruxelles. En échange, ses partenaires ont promis un nouveau plan d'aide, le troisième depuis 2010. La TVA va passer lundi de 13% à 23% pour une série de biens et services, du sucre aux courses de taxis en passant par les préservatifs, les enterrements, les restaurants.

La chaîne allemande de supermarchés Lidl s'est offert dès dimanche des encarts publicitaires dans les journaux grecs pour annoncer qu'elle ne répercuterait pas la hausse sur les prix. Le gouvernement espère des recettes supplémentaires annuelles de quelque 2,4 milliards d'euros à partir de 2016 et de 795 millions d'euros cette année.

Un nouveau vote en forme de "crash test" pour Tsipras. Mais Alexis Tsipras, dont la mère a assuré à un tabloïd grec qu'il "ne dormait plus" ni ne "mangeait plus", n'est pas au bout de ses peines. L'accord de Bruxelles exige le vote mercredi prochain de nouvelles réformes (justice civile, législation bancaire).  Ce sera un nouveau défi politique pour le Premier ministre, qui avait subi de nombreuses défections au Parlement la semaine dernière sur la TVA, mais bénéficié des voix de l'opposition.

Selon le journal Avgi, proche de Syriza, Alexis Tsipras veut faire de ce nouveau vote un "crash test" et démissionner si les défections augmentent. Mercredi dernier, il avait perdu 39 voix sur les 149 députés que compte son parti de gauche radicale, certains élus estimant qu'il avait trahi le référendum du 5 juillet. Les Grecs avaient alors massivement voté contre une poursuite de l'austérité.

Le spectre du "grexit" plane toujours. Les créanciers doivent de leur côté mettre sur les rails un nouveau plan d'aide à la Grèce, de plus de 80 milliards d'euros sur trois ans, en surmontant leurs divergences. Illustrant les frictions, le ministre français des Finances balaie dans une interview parue dimanche l'idée chère à son homologue allemand Wolfgang Schäuble d'une sortie temporaire de la Grèce de l'euro.

"C'est parler de quelque chose qui ne peut pas exister. Soit on sort de l'euro, soit on y reste", a dit Michel Sapin à l'hebdomadaire grec To Vima. Le journal grec de centre droit Kathimerini a lui révélé dimanche qu'une quinzaine de fonctionnaires de la Commission européenne avaient préparé un plan d'action secret en cas de sortie de la Grèce de l'euro, un risque qui n'est pas encore complètement écarté.