Flambée du pétrole après une attaque en Arabie : "On n'a pas eu une augmentation aussi forte en une journée depuis 1991"

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Francis Duseux, président de l'Union française des industries pétrolières, analyse sur Europe 1 les conséquences de l'attaque contre un site pétrolier en Arabie Saoudite, qui a vu sa production brutalement divisée par deux. 
INTERVIEW

Faut-il s'attendre à une forte augmentation des prix de l'essence après l'attaque d'un site pétrolier en Arabie Saoudite, qui a vu sa production brutalement divisée par deux, samedi ? Oui, "dans les jours qui viennent", estime Francis Duseux, président de l'Union française des industries pétrolières (UFIP). Interrogé par Emmanuel Duteil, lundi sur Europe 1, il mise sur une hausse des prix à la pompe de 4 à 5 centimes. 

La plus forte augmentation en une journée depuis 1991

"J'ai regardé ce qui se passe sur le pétrole brut, c'est tout à fait considérable", pose Francis Duseux. "On n'a pas eu une augmentation aussi forte en une journée depuis 1991." Pour lui, l'enjeu à court terme réside dans l'ampleur des travaux à réaliser sur les lieux de l'attaque. "Ce qui est très important c'est de savoir ce que vont dire les ingénieurs, combien de temps il leur faut pour réparer les installations. J'ai lu des rapports ce matin qui parlaient plutôt en semaines qu'en jours.... Mais attendons d'avoir les résultats finaux."

En attendant, "les Saoudiens peuvent utiliser leurs stocks, ils ont à peu près un mois de production", pointe le président de l'UFIP. "Ils ont déjà annoncé qu'ils vont mettre cela à disposition des consommateurs, donc ça devrait calmer un peu le jeu." Côté français, des réserves existent également. "La loi nous oblige à avoir trois mois de stock de réserve, on les a déjà utilisés au cours de ces cinq dernières années quand il y a eu des grèves des stations service ou des transporteurs", explique Francis Duseux. À noter que si les cours du pétrole évoluent déjà, l'impact "réel" de l'attaque ne devrait pas se mesurer tout de suite : "Entre le moment où vous chargez un bateau en Arabie Saoudite et où il arrive en Europe, il faut quatre voire cinq ou six semaines."

"La situation dans le Golfe est quand même tendue"

Mais à plus long terme, l'incident pourrait "rappeler aux investisseurs qu'il y a des risques sur le pétrole, que la situation dans le Golfe est quand même tendue", estime le président de l'UFIP. "L'élément le plus important, pour voir s'il y a une suite ou pas dans cette crise, c'est de savoir s'il y aura une réponse militaire de l'Arabie Saoudite. (...) S'il y avait un embrasement militaire dans la région (...) ça pourrait être une crise gravissime."

La gestion d'une augmentation qui s'inscrirait dans le temps pourrait alors, selon Francis Duseux, impliquer l'exécutif français. Au moment de la crise des "gilets jaunes", "le gouvernement avait envisagé une forme de blocage des taxes pour éviter une pénalité majeure à ceux qui ont besoin de leur bagnole tous les jours", rappelle-t-il. "On arrête pas de dire au gouvernement : modérez les taxes, c'est important."